Jeanne d'Arc
Pour les articles homonymes, voir Jeanne d'Arc (homonymie) et D'Arc.
Jeanne d'Arc | ||
Seule représentation contemporaine connue de Jeanne d'Arc, esquissée en marge d'un registre par Clément de Fauquembergue, greffier du parlement de Paris, le 10 mai 1429. N'ayant jamais vu la Pucelle, le greffier la dessine par ouï-dire, avec des attributs féminins (robe et cheveux longs dénoués, pourtant délaissés par Jeanne d'Arc) en sus de l'étendard et l'épée, détails plus authentiques[1],[2]. Archives nationales, Registre du Parlement de Paris, 1429. | ||
Surnom | La Pucelle (« la Pucelle d'Orléans » est un surnom posthume et tardif) | |
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Naissance | 1412[3] Domrémy en Lorraine, (Bar, France) | |
Décès | 30 mai 1431 (à 19 ans) Rouen | |
Origine | Duché de Bar | |
Allégeance | Royaume de France | |
Années de service | 1428-1430 | |
Conflits | Guerre de Cent Ans | |
Faits d'armes | Siège d'Orléans Bataille de Jargeau Bataille de Meung-sur-Loire Chevauchée vers Reims | |
Famille | Fille de Jacques d'Arc et d'Isabelle Rommée ; 3 frères et 1 sœur : Jacquemin, Jean, Pierre et Catherine d'Arc | |
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Sainte Jeanne d'Arc | |
Nationalité | française |
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Béatification | 18 avril 1909[4] par le pape Pie X |
Canonisation | 16 mai 1920[5] par le pape Benoît XV |
Vénérée par | l'Église catholique |
Fête | 12 mai |
Attributs | l'Agneau, l'armure, l'épée, l'étendard, les flammes, l'oriflamme[4]. |
Sainte patronne | de la France |
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Jeanne d'Arc, née vers 1412 à Domrémy, village du duché de Bar[n 1] (actuellement dans le département des Vosges en Lorraine), et morte sur le bûcher le 30 mai 1431 à Rouen, capitale du duché de Normandie alors possession du royaume d'Angleterre, est une héroïne de l'histoire de France, chef de guerre et sainte de l'Église catholique, surnommée depuis le XVIe siècle « la Pucelle d'Orléans ».
Au début du XVe siècle, cette jeune fille de dix-sept ans d'origine paysanne affirme avoir reçu de la part des saints Michel, Marguerite d'Antioche et Catherine d'Alexandrie la mission de délivrer la France de l'occupation anglaise. Elle parvient à rencontrer Charles VII, à conduire victorieusement les troupes françaises contre les armées anglaises, à lever le siège d'Orléans et à conduire le roi au sacre à Reims, contribuant ainsi à inverser le cours de la guerre de Cent Ans.
Capturée par les Bourguignons à Compiègne en 1430, elle est vendue aux Anglais par Jean de Luxembourg, comte de Ligny, pour la somme de dix mille livres. Elle est condamnée à être brûlée vive en 1431 après un procès en hérésie conduit par Pierre Cauchon, évêque de Beauvais et ancien recteur de l'université de Paris. Entaché de nombreuses irrégularités, ce procès voit sa révision ordonnée par le pape Calixte III en 1455. Un second procès est instruit qui conclut, en 1456, à l'innocence de Jeanne et la réhabilite entièrement. Grâce à ces deux procès dont les minutes ont été conservées, elle est l'une des personnalités les mieux connues du Moyen Âge.
Béatifiée en 1909 puis canonisée en 1920, Jeanne d'Arc devient une des deux saintes patronnes secondaires de la France en 1922 par la lettre apostolique Beata Maria Virgo in cælum Assumpta in gallicæ. Sa fête nationale est instituée par la loi en 1920 et fixée au 2e dimanche de mai[6].
Elle est dans de nombreux pays une personnalité mythique qui a inspiré une multitude d’œuvres littéraires, historiques, musicales, dramatiques et cinématographiques.
Sommaire
1 Contexte politique du royaume de France (1407-1429)
2 Biographie
2.1 Jeunesse
2.1.1 Contextes politique et géographique de Domrémy
2.1.2 Incertitudes sur la date de naissance
2.1.3 Anthroponymie
2.1.4 Famille
2.1.5 La (ou les) « voix »
2.2 De Domrémy à Chinon : 1428 - février 1429
2.2.1 Départ de Domrémy
2.2.2 Chinon
2.3 Campagnes militaires (avril - décembre 1429)
2.3.1 Orléans
2.3.2 Vallée de la Loire et chevauchée vers Reims
2.3.3 Reims
2.3.4 Paris
2.3.5 Saint-Pierre-le-Moûtier et La Charité-sur-Loire
2.4 Capture par les Bourguignons et vente aux Anglais (1430)
2.5 Le procès et la condamnation (1431)
2.5.1 Le procès
2.5.2 Condamnation et exécution
2.6 Procès en nullité de la condamnation
3 Jeanne d'Arc et son époque : enjeux et problèmes
3.1 Problèmes des sources historiques
3.2 Jeanne d'Arc et ses contemporains
3.3 Son rôle dans la guerre de Cent Ans
3.4 L'enjeu de sa virginité
3.5 Les autres pucelles
3.5.1 Jeanne des Armoises et Jeanne de Sermaises
3.5.2 Les « consœurs »
4 Sa reconnaissance
4.1 Reconnaissance littéraire et politique
4.2 Reconnaissance institutionnelle
4.3 Reconnaissance par l'Église catholique
4.3.1 Canonisation
5 Objets personnels et reliques
5.1 Objets ayant appartenu à Jeanne d'Arc
5.1.1 Les enseignes
5.1.2 L'armure
5.1.3 L'épée
5.1.4 Les anneaux
5.2 Reliques
6 Œuvres inspirées par Jeanne d'Arc
6.1 Œuvres littéraires
6.2 Adaptations à l'écran
6.3 Œuvres musicales
6.4 Sculpture
7 Sources imprimées
8 Bibliographie
8.1 Synthèses et réflexions
8.1.1 Réflexions relatives aux biographies de Jeanne d'Arc
8.2 Colloques et recueils d'articles
8.3 Étapes et événements de la vie de Jeanne d'Arc
8.3.1 Domrémy – la famille de Pucelle
8.3.2 Vie publique
9 Notes et références
9.1 Notes
9.2 Références
10 Voir aussi
10.1 Articles connexes
10.2 Personnalités liées à Jeanne d'Arc
10.3 Liens externes
Contexte politique du royaume de France (1407-1429) |
Depuis une crise initiale en 1392, le roi de France Charles VI, dit « le Fol » est sujet à des troubles psychiques intermittents suivis de phases de rémission. Progressivement, le souverain Valois se voit contraint de délaisser le pouvoir au profit de son Conseil, devenu bientôt le siège de sourdes luttes d'influences entre son frère, le duc Louis d'Orléans, et son oncle, Philippe le Hardi, duc de Bourgogne.
L'affrontement entre les ducs d'Orléans et de Bourgogne s'intensifie lorsque Jean sans Peur, fils de Philippe le Hardi, succède à son père défunt. Le nouveau duc de Bourgogne finit par faire assassiner son rival et cousin Louis d'Orléans en novembre 1407, acte déclencheur d'une guerre civile entre les Bourguignons et les Orléans. Ces derniers sont ultérieurement appelés Armagnacs en raison de l'engagement du comte Bernard VII d'Armagnac en faveur de son beau-fils Charles d'Orléans, fils et successeur du défunt duc Louis.
Profitant de ce conflit, le roi Henri V d'Angleterre relance les hostilités en brisant une longue trêve franco-anglaise. La seconde phase de la guerre de Cent Ans se caractérise donc par une guerre étrangère couplée à une guerre civile. Le monarque Lancastre débarque en Normandie en 1415. La chevalerie française subit un désastre à Azincourt, notamment en raison de la supériorité militaire conférée par les archers gallois[n 2].
À Domrémy, on apprend que le duc Édouard III de Bar, son frère, Jean de Bar, seigneur de Puysaye, et son petit-fils le comte de Marle, sont tombés au combat. Le duché échoit au frère survivant du duc défunt, Louis, évêque de Verdun, lequel est un temps contesté par le duc de Berg, gendre du feu duc.
Au cours de l'entrevue de Montereau, le 10 septembre 1419, le dauphin Charles et Jean sans Peur doivent se réconcilier pour faire face à l'ennemi. Cependant, le duc de Bourgogne est poignardé au cours de cette rencontre, peut-être à l'instigation du dauphin lui-même et de certains de ses conseillers (dont Tanneguy III du Chastel), entre autres motifs par vengeance de l'assassinat du duc Louis d'Orléans[8]. En réaction à cet assassinat, Philippe le Bon, fils de Jean sans Peur et nouveau duc de Bourgogne, se rallie aux Anglais, imité en cela par l'université de Paris.
Dès lors, les Anglais imposent le traité de Troyes, signé le 1er décembre 1420 entre le roi Henri V d'Angleterre et Isabeau de Bavière, reine de France et régente. Selon les termes de ce contrat visant une « paix finale », Henri V devient le régent du royaume de France et l'époux de Catherine de Valois, fille du roi Charles VI « le Fol »[9]. À la mort de celui-ci, la couronne et le royaume de France doivent échoir à son gendre Henri V d'Angleterre, puis perpétuellement aux héritiers successifs du roi anglais. Les historiens dénomment « double monarchie » l'entité politique définie par le traité, à savoir l'union des deux royaumes sous la férule d'un souverain unique[10].
Or le traité de Troyes est contesté par la noblesse française puisqu'il spolie le dauphin Charles — stigmatisé en tant qu'assassin du duc Jean de Bourgogne — de son droit à la succession. En 1422, à la suite des décès successifs des souverains Henri V d'Angleterre et Charles VI de France, la dynastie des Lancastre revendique « l'union des deux couronnes » en la personne d'un enfant âgé de neuf mois : Henri VI, roi de France et d'Angleterre[10]. Dans le cadre de la double monarchie, le duc Jean de Bedford, frère cadet de Henri V, devient le régent du royaume de France durant la minorité de son neveu Henri VI. Pour sa part, le dauphin Charles se proclame également roi de France sous le nom de Charles VII ; résolu à recouvrer l'ensemble du royaume, il poursuit la guerre contre les Anglais.
La situation territoriale devient alors la suivante[11] : le Sud-Ouest du territoire français demeure traditionnellement soumis à la couronne anglaise, détentrice du duché d'Aquitaine depuis trois siècles[12]. Dans le Nord, les Anglais contrôlent le duché de Normandie, personnellement réclamé puis conquis par Henri V en 1419, au terme du siège cruel de la capitale ducale, Rouen. Devenu régent, le duc de Bedford « s'efforce de normaliser les rapports avec les vaincus » normands[13].
« Cœur et chef principal du royaume »[14], Paris a subi les massacres successifs de la guerre civile ; tombée sous la coupe des Bourguignons durant la nuit du 28 au 29 mai 1418, « dépeuplée et affaiblie », la ville passe sous domination anglaise le 8 mai 1420, deux semaines avant que le traité de Troyes soit conclu[15].
Les Anglais se lancent à l'assaut du comté du Maine en 1424 et en achèvent la conquête l'année suivante[16],[17], ce qui leur permet de menacer les frontières du duché d'Anjou. Du reste, Bedford se fait donner le duché d'Anjou et le comté du Maine par un acte daté du 21 juin 1424 et confirmé à Rouen par le jeune Henri VI le 8 septembre 1430[18].
Par ailleurs, le duché de Bretagne tente de préserver sa relative indépendance en oscillant entre les couronnes de France et d'Angleterre, suivant « la voie de la neutralité opportuniste » choisie par le duc Jean V de Bretagne, dont la politique demeure « sensible néanmoins aux événements et soumise à des oscillations conjoncturelles »[19].
Biographie |
Jeunesse |
Contextes politique et géographique de Domrémy |
La naissance de Jeanne d'Arc se situe vraisemblablement dans la ferme familiale du père de Jeanne attenante à l'église de Domrémy, village situé aux marches de la Champagne, du Barrois et de la Lorraine, pendant la guerre de Cent Ans qui opposait le royaume de France au royaume d'Angleterre.
Au début du XVe siècle, Domrémy se trouve imbriquée dans un territoire aux suzerainetés diverses. Sur la rive gauche de la Meuse, elle peut relever du Barrois mouvant, pour lequel le duc de Bar, par ailleurs souverain dans ses États, prête hommage au roi de France depuis 1301. Mais elle semble être plutôt rattachée à la châtellenie de Vaucouleurs, sous l'autorité directe du roi de France qui y nomme un capitaine (le sire de Baudricourt, au temps de Jeanne d'Arc). Enfin, l'église de Domrémy dépend de la paroisse de Greux, au diocèse de Toul dont l'évêque est prince du Saint-Empire germanique.
L'historienne médiéviste Colette Beaune précise que Jeanne est née dans la partie sud de Domrémy, côté Barrois mouvant, dans le bailliage de Chaumont-en-Bassigny et la prévôté d'Andelot[20]. Les juges de 1431 corroborent cette origine, de même que les chroniqueurs Jean Chartier et Perceval de Cagny. Seul Perceval de Boulainvilliers considère pour sa part qu'elle est née dans la partie nord, qui relevait de la châtellenie de Vaucouleurs et donc du royaume de France dès 1291.
Incertitudes sur la date de naissance |
L'âge exact de Jeanne demeure inconnu car aucun registre paroissial n'était alors tenu à Domrémy, comme l'indique le procès en nullité de la condamnation[21]. Le 21 février 1431, lors de son procès de condamnation à Rouen, Jeanne dit être née à Domrémy et, avoir « à ce qu'il lui semble, (…) environ 19 ans[22],[23] », puis ajoute qu'elle ne sait rien de plus à ce sujet, ignorance ordinaire à l'époque et à plus forte raison dans un milieu paysan. Cependant, la Pucelle fournit « un âge précis et non un arrondi », observe Colette Beaune[21].
A contrario de l'imprécision caractérisant tous les autres témoignages, une lettre du conseiller royal Perceval de Boulainvilliers en date du 21 juin 1429[24],[25] constitue l'unique source faisant naître Jeanne la nuit de l'Épiphanie, autrement dit le 6 janvier, sans précision de l'année[n 3]. La date de cette venue au monde — saluée par le chant des coqs, à en croire Boulainvilliers — n'est pas authentifiée par les historiens médiévistes qui soulignent plutôt la valeur symbolique de la nuit des Rois mentionnée dans la missive[26],[27],[28].
Les chroniques médiévales se révèlent en fait souvent imprécises et les appréciations testimoniales sur les dates des naissances d'autant plus approximatives lorsque celles-ci ne sont pas illustres. Pour Jeanne d'Arc, les dates de naissance données par les chroniqueurs s'échelonnent entre 1399 et 1417 mais « la Pucelle », lors de son premier interrogatoire le 21 février 1431 dit « qu'elle croit avoir environ 19 ans » et lorsqu'elle retrace sa vie, elle reste relativement cohérente. De plus, lors de son procès en nullité, les témoins, à l'exception de son amie d'enfance Hauviette et de Jean d'Aulon, concordent pour lui donner comme âge en 1431, 18, 19 ou 20 ans, ce qui la ferait naître vers 1412[29].
Anthroponymie |
Selon la transcription latine figurant dans les manuscrits de son procès de condamnation, la Pucelle répond à ses juges que son « nom » est Jeanne (Jeannette[32],[33] « dans son pays ») et son « surnom » (autrement dit : son nom de famille) « d'Arc[n 4]. » En latin, de Arco signifie « de l'arche » ou « du pont » (équivalent des noms courants « Dupont ou Dupond »), ce qui se rapporte peut-être à un microtoponyme disparu ou à un village[41] mais aucun document n'atteste une localité en particulier, non plus que l'hypothèse d'une origine patronymique champenoise se rattachant au village d'Arc-en-Barrois[41].
Jeanne mentionne également son matronyme « Rommée » (avec deux « m »), suivant l'usage de Domrémy où les femmes portent le nom de leur mère[38],[39],[40].
Le patronyme de la Pucelle et de ses frères s'orthographie diversement en français dans les documents du XVe siècle, aucune règle n'étant alors fixée à ce sujet. On trouve le plus souvent « d'Arc » mais également « Tarc », voire « Daly », ou « Day » d'après la transcription phonétique du patronyme prononcé avec l'accent local, « Da-i [n 5],[43]. » Du reste, l'usage typographique de l'apostrophe débute uniquement à partir du XVIe siècle[44],[n 6]. Par conséquent, l'historien médiéviste Olivier Bouzy souligne qu'il est absurde de privilégier la graphie « Darc » afin de souligner la roture d'une « fille du peuple » ou, inversement, de revendiquer à tort la particule « d'Arc » comme une marque de noblesse, suivant les termes d'une querelle idéologique française disputée durant le XIXe siècle autour de l'orthographe du nom de Jeanne[46].
Famille |
Fille de Jacques d'Arc et d'Isabelle Rommée, Jeanne appartient à une famille de cinq enfants : Jeanne, Jacquemin, Catherine, Jean et Pierre.
Le père de Jeanne, Jacques, est désigné comme « pauvre laboureur » par des témoins du procès de réhabilitation de la Pucelle dans les années 1450. Cependant, Olivier Bouzy note qu'un laboureur n'est pas pauvre puisque ce type de paysan aisé possède des terres et des bêtes. L'état des biens de Jacques d'Arc n'est pas connu avec précision. Bien que construite en pierre, sa maison comporte uniquement trois pièces pour toute sa famille. Bénéficiant vraisemblablement d'une certaine notoriété à Domrémy, le père de Jeanne représente à plusieurs reprises la communauté des villageois[47].
Jeanne fut décrite par tous les témoins comme très pieuse ; elle aimait notamment se rendre en groupe, chaque dimanche, en pèlerinage à la chapelle de Bermont tenue par des ermites garde-chapelle, près de Greux, pour y prier. Les témoignages de ses voisins lors de ses futurs procès rapportent qu'à cette époque, elle fait les travaux de la maison (ménage, cuisine), du filage de la laine et du chanvre, aide aux moissons ou garde occasionnellement des animaux quand c'est le tour de son père, activité loin du mythe de la bergère qui utilise le registre poétique de la pastourelle et le registre spirituel du Bon berger de la Bible[48]. Cette légende de la bergère résulte probablement de la volonté des Armagnacs de transmettre cette image (plus symbolique qu'une simple fille de paysan) à des fins de propagande politico-religieuse pour montrer qu'une « simple d'esprit » pouvait aider le chef de la chrétienté du royaume de France et guider son armée, illuminée par la foi[49].
[réf. souhaitée]Les réponses qu'elle a faites à ses juges, conservées dans les minutes de son procès, révèlent une jeune femme courageuse, dont le franc-parler et l'esprit de répartie se tempèrent d'une grande sensibilité face à la souffrance et aux horreurs de la guerre, comme devant les mystères de la religion.
Une plaque apposée en 1930 sur le parvis de la cathédrale de Toul indique qu'elle comparut ici lors d'un procès matrimonial intenté par son fiancé en 1428[50].
La (ou les) « voix » |
Parmi les sources évoquant « la voix » (au singulier) entendue par Jeanne d'Arc, on compte initialement la lettre du conseiller royal Perceval de Boulainvilliers, datée du 21 juin 1429, ainsi qu'une lettre d'Alain Chartier en août de la même année[51]. Cependant, c'est l’instrumentum du procès de condamnation qui fournit ensuite davantage de précisions. Ainsi, le 22 février 1431, Jeanne d'Arc soutient devant ses juges qu'à treize ans, alors qu'elle se trouvait dans le jardin de son père, elle reçut pour la première fois une « révélation de Notre Seigneur par une voix qui l'enseigna à soi gouverner ». La Pucelle en demeure initialement effrayée[52]. Ultérieurement, Jeanne identifie les voix célestes des saintes Catherine et Marguerite et de l'archange saint Michel lui demandant d'être pieuse, de libérer le royaume de France de l'envahisseur et de conduire le dauphin sur le trône. Dès lors, elle s'isole et s'éloigne des jeunes du village qui n'hésitent pas à se moquer de sa trop grande ferveur religieuse, allant jusqu'à rompre ses fiançailles (probablement devant l'official de l'évêché de Toul)[53].
De nombreuses hypothèses psychopathologiques ou de troubles de la personnalité ont été proposées depuis le milieu du XIXe siècle pour expliquer ses hallucinations auditives, hypothèses qu'il est possible de réfuter en grande partie[54] : délire théomaniaque, dépression mythomaniaque, hystérie, névrose œdipienne, pathologie d'origine sexuelle d'origine endocrinienne[54] (d'où les artistes qui ont manipulé dès le début de l'iconographie johannique, l'apparence de cette femme pour suggérer son travestissement[55], et les hypothèses d'hermaphrodisme, de travestisme ou de lesbianisme dans les années 1970[56]), épilepsie temporale (tuberculose bovine[n 7] disséminée avec atteinte cérébrale secondaire, aura extatique précédant la crise, épilepsie latérale temporale idiopathique partielle d’origine génétique)[57], schizophrénie paranoïde[58], trouble bipolaire de l'adolescence, trouble du comportement alimentaire de type anorexie mentale ; trouble de conversion, crise d'adolescence[59].
De Domrémy à Chinon : 1428 - février 1429 |
Départ de Domrémy |
Par suite de l'incendie de Domrémy commis par des bandes armées en 1428, Jeanne se réfugie avec ses proches et tous les habitants de son village à Neufchâteau durant quelques jours. À l'occasion de ce séjour forcé, elle aide l'hôtesse de sa famille, une femme nommée La Rousse[n 8]. La jeune fille et ses parents regagnent ensuite Domrémy, une fois la soldatesque partie[62],[63],[64],[65].
Lorsque les nouvelles du siège d'Orléans parviennent à Jeanne d'Arc en décembre 1428 ou en janvier 1429, ses « voix » se montrent vraisemblablement plus insistantes. Elle demande alors à son père l'autorisation d'aller à Burey, village sis près de Domrémy, sous prétexte d'aider aux relevailles d'une cousine germaine également prénommée Jeanne. Jeanne d'Arc parvient à convaincre Durand Laxart, l'époux de sa cousine, de l'emmener — sans permission parentale — rencontrer Robert de Baudricourt, capitaine de Vaucouleurs, forteresse voisine de Domrémy. Demandant à s'enrôler dans les troupes du Dauphin pour se conformer à une prophétie locale qui évoquait une pucelle des marches de Lorraine salvatrice de la France, elle demande audience à Robert de Baudricourt en vue d'obtenir de lui la lettre de crédit qui lui ouvrirait les portes de la Cour. Le seigneur local la prend pour une affabulatrice ou une illuminée et conseille à Laxart de ramener sa cousine chez ses parents après lui avoir administré une bonne gifle[66],[67].
Jeanne tenace revient s'installer à Vaucouleurs en 1429 pendant trois semaines. Elle loge chez Henri et Catherine Le Royer, famille bourgeoise, et la population — avide en ces temps troublés de prophéties encourageantes — l'adopte et la soutient.
Dotée d'un grand charisme, la jeune paysanne illettrée acquiert une certaine notoriété de guérisseuse lorsque le duc malade Charles II de Lorraine lui donne un sauf-conduit pour lui rendre visite à Nancy : elle ose promettre au souverain de prier pour sa guérison en échange de l'abandon par le duc de sa maîtresse la belle Alison Du May et d'une escorte menée par René d'Anjou, gendre du duc et beau-frère du Dauphin Charles, pour libérer la France[68].
Elle finit par être prise au sérieux par Baudricourt, après qu'elle lui a annoncé par avance la journée des Harengs et l'arrivée concomitante de Bertrand de Poulengy, jeune seigneur proche de la maison d'Anjou et de Jean de Novellompont, dit de Metz. Il lui donne une escorte de six hommes : les deux écuyers Jean de Metz et Bertrand de Poulengy qui resteront fidèles à Jeanne tout au long de son aventure, ainsi qu'un courrier, le messager royal Colet de Vienne, chacun accompagné de son serviteur (Julien et Jean de Honnecourt ainsi que Richard L'Archer). Ce sont les premiers compagnons d'armes de Jeanne d'Arc. Avant son départ pour le royaume de France, Jeanne se recueille dans l'ancienne église de Saint-Nicolas-de-Port, dédiée au saint patron du duché de Lorraine[53].
Chinon |
Portant des habits masculins et arborant la coupe « en écuelle » ou en « sébile » à la mode masculine de l'époque, autrement dit la chevelure taillée en rond au-dessus des oreilles, avec la nuque et les tempes rasées[n 10],[72] — ce qu'elle fera jusqu'à sa mort, excepté pour sa dernière fête de Pâques — elle traverse incognito les terres bourguignonnes et se rend à Chinon où elle est finalement autorisée à voir le Dauphin Charles, après réception d'une lettre de Baudricourt.
La légende raconte qu'elle fut capable de reconnaître Charles, vêtu simplement au milieu de ses courtisans[73].
En réalité, arrivée à Chinon le mercredi 23 février 1429[74], elle n'est reçue par Charles VII que deux jours plus tard, non dans la grande salle de la forteresse, mais dans ses appartements privés, lors d'une entrevue au cours de laquelle elle parle de sa mission au roi.
Considérant que seul le sacre à Reims confère la dignité royale, la Pucelle s'adresse à Charles VII en usant du titre de « dauphin[75] ». La grande réception devant la Cour à l'origine de la légende n'aura lieu qu'un mois plus tard[76]. Jeanne est logée dans la tour du Coudray[77]. Jeanne annonce clairement quatre événements :
la libération d'Orléans, le sacre du roi à Reims, la libération de Paris et la libération du duc d'Orléans.
Après l'avoir fait interroger par les autorités ecclésiastiques à Poitiers, où des docteurs en théologie réalisent son examen de conscience et où des matrones, supervisées par la duchesse douairière d'Anjou, belle-mère du roi, constatent sa virginité (exigence pour une « envoyée de Dieu » ? Vérification qu'elle n'est pas un homme ?
Pour ne pas donner prise à ses ennemis qui la qualifient de « putain des Armagnac »[78],[n 11],[80]), et après avoir fait une enquête à Domrémy, Charles donne son accord pour envoyer Jeanne à Orléans assiégée par les Anglais[81].
Campagnes militaires (avril - décembre 1429) |
Orléans |
En avril 1429, Jeanne d'Arc est envoyée par le roi à Orléans, non pas à la tête d'une armée, mais avec un convoi de ravitaillement. Ses frères la rejoignent. On l'équipe d'une armure et d'une bannière blanche frappée de la fleur de lys, elle y inscrit Jesus Maria, qui est aussi la devise des ordres mendiants (les dominicains et les franciscains).
En partance de Blois pour Orléans, Jeanne expulse ou marie les prostituées de l'armée de secours et fait précéder ses troupes d'ecclésiastiques.
Arrivée à Orléans le 29 avril, elle apporte le ravitaillement et y rencontre Jean d'Orléans, dit « le Bâtard d'Orléans », futur comte de Dunois. Elle est accueillie avec enthousiasme par la population, mais les capitaines de guerre sont réservés. Avec sa foi, sa confiance et son enthousiasme, elle parvient à insuffler aux soldats français désespérés une énergie nouvelle et à contraindre les Anglais à lever le siège de la ville dans la nuit du 7 au 8 mai 1429.
En raison de cette victoire (encore célébrée à Orléans au cours des « Fêtes johanniques », chaque année du 29 avril au 8 mai), on la surnomme la « Pucelle d'Orléans », expression apparaissant pour la première fois en 1555 dans l'ouvrage Le Fort inexpugnable de l'honneur du sexe féminin de François de Billon[82].
Vallée de la Loire et chevauchée vers Reims |
Après le nettoyage de la vallée de la Loire grâce à la victoire de Patay (où Jeanne d'Arc ne prit pas part aux combats), le 18 juin 1429, remportée face aux Anglais, Jeanne se rend à Loches et persuade le Dauphin d'aller à Reims se faire sacrer roi de France.
Pour arriver à Reims, l'équipée doit traverser des villes sous domination bourguignonne, qui n'ont pas de raison d'ouvrir leurs portes, et que personne n'a les moyens de contraindre militairement.
Selon Dunois, le coup de bluff aux portes de Troyes entraîne la soumission de la ville mais aussi de Châlons-en-Champagne et de Reims. Dès lors, la traversée est possible.
Reims |
Le 17 juillet 1429, dans la cathédrale de Reims, en présence de Jeanne d'Arc, Charles VII est sacré par l'archevêque Regnault de Chartres. Le duc de Bourgogne, Philippe le Bon, en tant que pair du Royaume, est absent ; Jeanne lui envoie une lettre le jour même du sacre, pour lui demander la paix.
L'effet politique et psychologique de ce sacre est majeur. Reims étant au cœur du territoire contrôlé par les Bourguignons et hautement symbolique, il est interprété par beaucoup à l'époque comme le résultat d'une volonté divine. Il légitime Charles VII, qui était déshérité par le traité de Troyes.
Cette partie de la vie de Jeanne d'Arc constitue communément son épopée : ces événements qui fourmillent d'anecdotes où les contemporains voient régulièrement des petits miracles, le tout conforté par leurs références explicites dans les procès, ont grandement contribué à forger la légende et l'histoire officielle de Jeanne d'Arc. La découverte miraculeuse de l'épée dite de « Charles Martel » sous l'autel de Sainte-Catherine-de-Fierbois en mars 1429, en est un exemple.
Le mythe de la chef de guerre commandant les armées de Charles VII est un autre exemple de légende. C'est le duc de Bedford, régent du royaume de France pour les Anglais, qui lui attribue le rôle de chef de guerre de l'ost du roi envoyé par le diable, pour minimiser la portée de la délivrance d'Orléans et des défaites ultérieures.
Les conseillers du roi se méfiant de son inexpérience et de son prestige, la font tenir à l'écart des décisions militaires essentielles, tandis que le commandement est successivement confié à Dunois, au duc d'Alençon, à Charles d'Albret ou au maréchal de Boussac[83].
Les historiens contemporains la considèrent soit comme un porte-étendard qui redonne du cœur aux combattants et aux populations, soit comme un chef de guerre démontrant de réelles compétences tactiques[84],[85],[86].
Paris |
Dans la foulée du sacre, Jeanne d'Arc tente de convaincre le roi de reprendre Paris aux Bourguignons et aux Anglais, mais il hésite. Jeanne mène une attaque sur Paris le 8 septembre 1429, mais elle est blessée par un carreau d'arbalète lors de l'attaque de la porte Saint-Honoré. L'attaque est rapidement abandonnée et Jeanne est ramenée au village de la Chapelle.
Jeanne d'Arc à la porte Saint-Honoré lors du siège de Paris de 1429, miniature extraite des Vigiles de Charles VII de Martial d'Auvergne, Paris, BnF, département des Manuscrits, Ms. Français 5054 , fo 66vo , fin du XVe siècle.
La rue Saint-Honoré au niveau des no 161-163.
Plaque commémorative rappelant que Jeanne d'Arc fut blessée près de la porte Saint-Honoré lors du siège de Paris.
Le roi finit par interdire tout nouvel assaut : l'argent et les vivres manquent et la discorde règne au sein de son conseil. C'est une retraite forcée vers la Loire, l'armée est dissoute. Jeanne repart néanmoins en campagne : désormais elle conduit sa propre troupe et se considère comme une chef de guerre indépendante, elle ne représente plus le roi. Entraîneuse d'hommes, qu'elle galvanise par son charisme et son courage (elle est plusieurs fois blessée), elle dispose d'une maison militaire avec une écurie de coursiers, un écuyer et un héraut[85]. Ses troupes luttent contre des capitaines locaux, mais sans beaucoup de succès.
Saint-Pierre-le-Moûtier et La Charité-sur-Loire |
En octobre, Jeanne participe au siège de Saint-Pierre-le-Moûtier avec l'armée royale. Le 4 novembre 1429, « la Pucelle » et Charles d'Albret s'emparent de Saint-Pierre-le-Moûtier. Le 23 novembre, ils mettent le siège devant La Charité-sur-Loire pour en chasser Perrinet Gressart. Après un mois, le siège est abandonné. Pour Noël, Jeanne a regagné Jargeau à la suite de l'échec du siège[87].
Capture par les Bourguignons et vente aux Anglais (1430) |
Début 1430, Jeanne est conviée à rester dans le château de La Trémoille à Sully-sur-Loire. Elle quitte le roi début mai, sans prendre congé, à la tête d'une compagnie de volontaires, et se rend à Compiègne, assiégée par les Bourguignons. Finalement, elle est capturée par les Bourguignons lors d'une sortie aux portes de Compiègne le 23 mai 1430.
Elle essaie de s'échapper par deux fois, mais échoue. Elle se blesse même sérieusement en sautant vaillamment par une fenêtre au château de Beaurevoir.
Elle est vendue aux Anglais le 21 novembre 1430, pour dix mille livres tournois, payées par les Rouennais[88], et confiée à Pierre Cauchon, évêque de Beauvais et allié des Anglais. Les Anglais l'emmènent à Rouen, où se situe leur quartier-général.
Le procès et la condamnation (1431) |
Le procès |
Lors de son procès dans le château de Rouen (dans la chapelle royale, la salle dite de parement qui faisait partie des appartements royaux et dans la tour-prison lors de séances en comité restreint)[89] qui dure du 21 février au 23 mai 1431[90], Jeanne d'Arc est accusée d'hérésie. Elle est emprisonnée dans une tour du château de Philippe Auguste à Rouen, dite plus tard « tour de la Pucelle » ; seul le donjon de la construction est parvenu jusqu'à nous. Il est appelé à tort « tour Jeanne-d'Arc », cependant les soubassements de la tour de la Pucelle ont été dégagés au début du XXe siècle et sont visibles dans la cour d'une maison sise rue Jeanne-d'Arc. Jugée par l'Église, Jeanne d'Arc reste néanmoins emprisonnée dans cette prison civile, au mépris du droit canonique.
L'enquête préliminaire commence en janvier 1431 et Jeanne d'Arc est interrogée sans ménagement à Rouen. Si ses conditions d'emprisonnement sont particulièrement difficiles, Jeanne n'a néanmoins pas été soumise à la question, bien qu'elle en ait été menacée.
Le procès débute le 21 février 1431. Environ cent vingt personnes y participent, dont vingt-deux chanoines, soixante docteurs, dix abbés normands, dix délégués de l'université de Paris. Leurs membres sont sélectionnés avec soin. Lors du procès de réhabilitation, plusieurs témoignèrent de leur peur. Ainsi, Richard de Grouchet déclare que « c'est sous la menace et en pleine terreur que nous dûmes prendre part au procès ; nous avions l'intention de déguerpir. » Pour Jean Massieu, « il n'y avait personne au tribunal qui ne tremblât de peur. » Pour Jean Lemaître, « Je vois que si l'on n'agit pas selon la volonté des Anglais, c'est la mort qui menace. »
Une dizaine de personnes sont actives lors du procès, tels Jean d'Estivet, Nicolas Midy et Nicolas Loyseleur. Mais les enquêteurs, conduits par l'évêque de Beauvais Pierre Cauchon, ne parviennent pas à établir un chef d'accusation valable : Jeanne semble être une bonne chrétienne, convaincue de sa mission, différente des hérétiques qui pullulent dans un climat de défiance vis-à-vis de l'Église en ces temps troublés.
Le tribunal lui reproche par défaut de porter des habits d'homme, d'avoir quitté ses parents sans qu'ils lui aient donné congé, et surtout de s'en remettre systématiquement au jugement de Dieu plutôt qu'à celui de « l'Église militante », c'est-à-dire l'autorité ecclésiastique terrestre. Les juges estiment également que ses « voix », auxquelles elle se réfère constamment, sont en fait inspirées par le démon. Soixante-dix chefs d'accusation sont finalement trouvés, le principal étant Revelationum et apparitionum divinorum mendosa confictrix (imaginant mensongèrement des révélations et apparitions divines)[91]. L’université de Paris (Sorbonne), alors à la solde des Bourguignons, rend son avis : Jeanne est coupable d'être schismatique, apostate, menteuse, devineresse, suspecte d'hérésie, errante en la foi, blasphématrice de Dieu et des saints.
Jeanne en appelle au Pape, ce qui sera ignoré par les juges.
« Sur l'amour ou la haine que Dieu porte aux Anglais, je n'en sais rien, mais je suis convaincue qu'ils seront boutés hors de France, exceptés ceux qui mourront sur cette terre. »
— Jeanne d'Arc à son procès (le 15 mars 1431)
Condamnation et exécution |
Le tribunal la déclare « relapse » (retombée dans ses erreurs passées), la condamne au bûcher et la livre au « bras séculier ». Le 30 mai 1431, après s'être confessée et avoir communié, Jeanne en tunique de toile soufrée est conduite vers neuf heures, sous escorte anglaise, dans la charrette du bourreau Geoffroy Thérage, place du Vieux-Marché à Rouen où l'on a dressé trois estrades : la première, pour le cardinal de Winchester et ses invités, la seconde pour les membres du tribunal civil représenté par le bailli de Rouen Raoul le Bouteiller ; la troisième, pour Jeanne et le prédicateur Nicolas Midi, docteur en théologie. Après le prêche et la lecture de sa sentence, les soldats la conduisent au bûcher dressé en hauteur[92] sur une estrade plâtrée pour qu'elle soit bien vue[93].
Le supplice de Jeanne suscite de nombreux témoignages de mythographes (comme celui du chevalier Perceval de Caigny) qui prétendent que sur le bûcher, un écriteau décrivant ses péchés masquait Jeanne, ou que Jeanne était coiffée de la mitre d'infamie qui dissimulait son visage. Ces témoignages donnent naissance quelques années plus tard[94] à la légende survivantiste selon laquelle Jeanne aurait survécu au bûcher grâce à la substitution d'une autre condamnée[95].
Le cardinal de Winchester a insisté pour qu'il ne reste rien de son corps. Il désire éviter tout culte posthume de la « pucelle ». Il a donc ordonné trois crémations successives. La première voit mourir Jeanne d'Arc par intoxication par les gaz toxiques issus de la combustion, dont notamment le monoxyde de carbone. Le bourreau écarte les fagots, à la demande des Anglais qui craignent qu’on ne dise qu’elle s’est évadée, pour que le public puisse voir que le cadavre déshabillé par les flammes est bien celui de Jeanne. La seconde dure plusieurs heures et fait exploser la boîte crânienne et la cavité abdominale dont des morceaux sont projetés sur le public en contrebas[96], laissant au centre du bûcher les organes calcinés à l'exception des entrailles et du cœur (organes plus humides brûlant moins vite) restés intacts. Pour la troisième, le bourreau ajoute de l'huile et de la poix et il ne reste que des cendres et des débris osseux qui sont dispersés, à quinze heures, par Geoffroy Thérage[97] dans la Seine[98] (non pas à l'emplacement de l'actuel pont Jeanne-d'Arc, mais du pont Mathilde, jadis situé près de l'emplacement de l'actuel pont Boieldieu) afin qu'on ne puisse pas en faire de reliques ou des actes de sorcellerie[99].
Procès en nullité de la condamnation |
Peu après avoir repris Rouen, Charles VII publie, le 15 février 1450, une ordonnance disant que « les ennemis de Jeanne l'ayant fait mourir contre raison et très cruellement », il veut savoir la vérité sur cette affaire[101]. Mais il faut attendre que Calixte III succède à Nicolas V pour qu'un rescrit papal ordonne enfin, en 1455 et sur la demande de la mère de Jeanne, la révision du procès.
Le pape a ordonné à Thomas Basin, évêque de Lisieux et conseiller de Charles VII, d'étudier en profondeur les actes du procès de Jeanne d'Arc. Son mémoire est la condition juridique du procès en réhabilitation. Celui-ci aboutit à casser le premier jugement pour « corruption, dol, calomnie, fraude et malice » grâce au travail de Jean Bréhal, qui enregistre les dépositions de nombreux contemporains de Jeanne, dont les notaires du premier procès et certains juges.
Le jugement, prononcé le 7 juillet 1456, déclare le premier procès et ses conclusions « nuls, non avenus, sans valeur ni effet » et réhabilite entièrement Jeanne et sa famille[102]. Il ordonne également l'« apposition [d'une] croix honnête pour la perpétuelle mémoire de la défunte » au lieu même où Jeanne est morte[102]. La plupart des juges du premier procès, dont l'évêque Cauchon, sont morts entre-temps.
Aubert d'Ourches, ancien compagnon d'armes de Jeanne d'Arc, comparaît à Toul[103] comme vingt-huitième témoin, voici sa déposition du 14 février 1456 lors de la neuvième séance : « La Pucelle me parut être imbue des meilleures mœurs. Je voudrais bien avoir une fille aussi bonne… Elle parlait moult bien »[104].
Jeanne d'Arc et son époque : enjeux et problèmes |
Problèmes des sources historiques |
Les deux sources principales sur l'histoire de Jeanne d'Arc sont le procès de la condamnation de 1431, et le procès en nullité de la condamnation de 1455-1456. Le procès-verbal, l’instrumentum publicum[106], est rédigé quelques années plus tard sous le contrôle du principal greffier Guillaume Manchon par Thomas de Courcelles[107]. Étant des actes juridiques, elles ont l'immense avantage d'être les retranscriptions les plus fidèles des dépositions. Mais elles ne sont pas les seules : des notices, des chroniques ont également été rédigées de son vivant, telle que la Geste des nobles François, la Chronique de la Pucelle, la Chronique de Perceval de Cagny, la Chronique de Monstrelet ou encore le Journal du siège d'Orléans et du voyage de Reims, le Ditié de Jeanne d'Arc de Christine de Pizan, le traité de Jean de Gerson. Il faut ajouter également les rapports des diplomates et autres informateurs (écrits de Jacques Gélu à Charles VII, registres du greffier du Parlement de Paris Clément de Fauquembergue).
C'est Jules Quicherat qui rassemblera de manière quasi exhaustive, en cinq volumes, l'historiographie johannique entre 1841 et 1849. Entre le XVe siècle et le XIXe siècle, une foule d'écrivains, de politiciens, de religieux se sont approprié Jeanne d'Arc, et leurs écrits sont nombreux. Il faut donc être prudent dans la manipulation des sources : peu lui sont contemporaines et elles réinterprètent souvent les sources originelles dans le contexte de leur interprète.
Les procès sont des actes juridiques. Les deux procès ont la particularité d'avoir subi une influence politique évidente, et la méthode inquisitoire suppose bien souvent que l'accusée et les témoins ne répondent qu'aux questions posées. De plus le procès de 1431 fut retranscrit en latin (vraisemblablement à l'insu de Jeanne), alors que les interrogatoires étaient en français.
Philippe Contamine, au cours de ses recherches, a constaté une abondance d'écrits dès 1429, et le « formidable retentissement au niveau international » dont cette abondance témoigne. Il remarque également que Jeanne d'Arc fut d'emblée mise en controverse et suscita le débat parmi ses contemporains. Enfin, dès le début « des légendes coururent à son sujet, concernant son enfance, ses prophéties, sa mission, les miracles ou les prodiges dont elle était l'auteur. Au commencement était le mythe. »
Il apparaît donc qu'aucun document contemporain de l'époque — hormis les minutes des procès — n'est à l'abri de déformations issues de l'imaginaire collectif. Au cours du procès de réhabilitation, les témoins racontent d'après des souvenirs vieux de 26 ans.
Aucune source ne permet de déterminer exactement les origines de Jeanne d'Arc, ni ses dates et lieu de naissance : les témoignages d'époque sont imprécis, Domrémy ne possédait pas[108] de registre paroissial, et les discussions restent nombreuses sur ces points, néanmoins sa biographie peut s'établir à partir des réponses de Jeanne d'Arc aux questions des juges à son premier procès de condamnation sur son éducation religieuse et ses occupations ainsi que les souvenirs des habitants de Domrémy qui veulent convaincre les juges du procès en réhabilitation de sa piété et sa bonne renommée[53].
L'anoblissement accordé à Jeanne d'Arc par le roi Charles VII[109] pose un autre problème. Il ne reste en effet aucune charte originale pour l'attester, mais uniquement des documents attestant de cet anoblissement rédigés postérieurement. Ces documents dont nous ne savons s'ils sont faux ou déforment une partie de la vérité historique font apparaître que Jeanne d'Arc avait été anoblie par Charles VII et avec elle ses parents, comme il était d'usage pour asseoir la filiation nobiliaire sans contestation, et par conséquent la filiation présente et à venir de ses frères et sœur.
En 1614, sous Louis XIII, la descendance fort nombreuse de la famille d'Arc montra qu'elle s'établissait uniquement vers la roture, et le roi leur retira leur titre de noblesse.[réf. nécessaire] Par ailleurs, le trésor y gagna de nombreuses pensions, car chaque membre de la lignée pouvait prétendre à indemnisation de la part du trésor pour le sacrifice de Jeanne d'Arc.
Une des copies de la charte d'anoblissement qui nous est parvenue dit que le roi Charles VII la fit 'Jeanne, dame du Lys', sans lui concéder un pouce de terre, ni à elle ni à ses frères et sœur, ce qui était contraire à l'usage de l'anoblissement, car le titre visait à asseoir la propriété de façon héréditaire. En d'autres termes, la faisant dame du Lys, le roi Charles VII la liait au royaume et à la nation, mais puisqu'elle s'était vouée à la chasteté et à la pauvreté, il ne lui allouait aucun bénéfice terrestre, injustice qui privait du même coup sa parentèle de la possibilité d'user convenablement de cet anoblissement, puisqu'elle demeurait sans possibilité de s'élever dans la société nobiliaire. Les d'Arc restèrent des roturiers par la force des choses.
Lettres d'anoblissement accordées à Jehanne la Pucelle et à sa famille (sur Wikisource)
Jeanne d'Arc et ses contemporains |
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Jeanne d'Arc est très populaire de son vivant, la chevauchée vers Reims la fait connaître également à l'étranger. Le caractère exceptionnel de son épopée nourrit d'innombrables rumeurs en France, et même au-delà[110]. Elle commence à recevoir des courriers sur des questionnements théologiques venant de nombreuses contrées. On lui demandera son avis sur lequel des papes, alors en concurrence, est le vrai. Jeanne se rapproche des ordres mendiants. Elle était une des nombreux prédicateurs en cette époque se disant directement envoyés de Dieu. Même si l'objet principal de sa mission est la restauration du trône de France, la Pucelle prend parti de fait sur le plan théologique et fait débat. Les conflits d'intérêts autour d'elle dépassent la rivalité politique entre les Anglais et les partisans du dauphin.
Ainsi l'université de Paris, « remplie des créatures du roi d'Angleterre », ne la voit pas d'un bon œil, à l'opposé des théologiens de Poitiers, composée d'universitaires parisiens exilés par les Anglais, et également à l'inverse de l'archevêque d'Embrun, des évêques de Poitiers et de Maguelonne, Jean de Gerson (auparavant chancelier de l'université de Paris), l'Inquisiteur général de Toulouse, ou encore l'Inquisiteur Jean Dupuy qui ne voyait que comme enjeux « à savoir la restitution du roi à son royaume et l'expulsion ou l'écrasement très juste d'ennemis très obstinés ». Ces gens d'Église, et autres, soutiennent la Pucelle.
Pour l'éminente autorité religieuse qu'est alors la Sorbonne, le comportement religieux de Jeanne dépasse l'enjeu de reconquête du Royaume, et les docteurs en théologie de cette institution la considèrent comme une menace contre leur autorité, notamment à cause du soutien des rivaux de l'université à Jeanne, et pour ce qu'elle représente dans les luttes d'influence à l'intérieur de l'Église.
Jeanne n'a pas eu non plus que des amis à la Cour du Dauphin. Au Conseil du Dauphin, le parti du favori La Trémouille, dont était Gilles de Rais, s'oppose régulièrement à ses initiatives. Cependant, de nombreux clercs du roi, notamment son confesseur Jean Girard, soutiennent la jeune fille, notamment après la prise d'Orléans, jusqu'à commander à l'archevêque d'Embrun, Jacques Gélu, une défense argumentée de Jeanne d'Arc[111].
Son rôle dans la guerre de Cent Ans |
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Jeanne d'Arc, à elle seule, n'a pas influé sur la phase finale de la guerre, qui s'est achevée en 1453. Elle n'a pas été non plus inexistante dans le rôle tactique et stratégique de sa campagne : Dunois parle d'une personne douée d'un bon sens indéniable et tout à fait capable de placer aux points clés les pièces d'artillerie de l'époque. Les faits d'armes sont donc à porter à son crédit. Elle fut en outre un chef indéniablement charismatique.
Sur le plan géopolitique, le royaume de France, privé de tout ce qui était situé au nord de la Loire et à l'ouest de l'Anjou-Auvergne, bénéficiait de ressources humaines et matérielles à peu près identiques à celles de l'Angleterre, proprement dite, qui était moins peuplée. Mais l'Angleterre tirait de ses possessions (selon les Anglais) de ses conquêtes (selon les Français) du Nord et de l'Ouest du royaume de France, des ressources (en hommes et en impôts) largement supérieures à celle du roi de Bourges, Charles VII. De plus, l'Angleterre était à l'aise pour mobiliser ses ressources continentales, car les Anglais connaissaient parfaitement tout le Grand Ouest de la France, lequel était leur domaine avant confiscation par Philippe Auguste un siècle plus tôt. Les Anglais n'ont jamais eu de difficulté pour lever des troupes et des fonds. La tactique de Charles V et de Du Guesclin, qui misaient sur le temps, en évitant les combats frontaux, et en assiégeant une par une les places fortes, tactique que Charles VII a adoptée faute de moyens, a parfaitement montré son efficacité. Cette tactique avait déjà montré les limites de l'invasion anglaise sous Charles V. Charles VII, avec l'appui de Jeanne, puis, après, des frères Gaspard et Jean Bureau, en a confirmé l'efficacité.
Cependant, avant l'intervention de Jeanne d'Arc, les Anglais bénéficiaient d'un avantage psychologique extrêmement important lié à plusieurs raisons :
- la réputation d'invincibilité de leurs troupes ;
- le traité de Troyes qui déshéritait le dauphin Charles et mettait en doute sa filiation à l'égard du roi Charles VI ;
- un état d'abattement et de résignation de la population ;
- l'alliance avec la Bourgogne.
L'avantage numérique du royaume de France pesait peu. Cette situation faisait qu'en 1429 la dynamique était anglaise.
Jeanne a eu indéniablement le mérite d'inverser l'ascendant psychologique en faveur de la France, en remontant le moral des armées et des populations, en légitimant et sacrant le roi, et en montrant que la réputation d'invincibilité des Anglais était fausse. Charles VII a eu, lui, l'initiative de se raccommoder avec les Bourguignons, étape indispensable pour la reconquête de Paris. Jeanne d'Arc visiblement ne portait pas les Bourguignons dans son cœur à cause de leur proximité avec son village de Domrémy et des heurts qu'il avait pu y avoir.
Le pape Pie II évoqua Jeanne d'Arc en ces termes :
« … Ainsi mourut Jeanne, l'admirable, la stupéfiante Vierge. C'est elle qui releva le royaume des Français abattu et presque désespéré, elle qui infligea aux Anglais tant et de si grandes défaites. À la tête des guerriers, elle garda au milieu des armées une pureté sans tache, sans que le moindre soupçon ait jamais effleuré sa vertu. Était-ce œuvre divine ? était-ce stratagème humain ? Il me serait difficile de l'affirmer. Quelques-uns pensent, que durant les prospérités des Anglais, les grands de France étant divisés entre eux, sans vouloir accepter la conduite de l'un des leurs, l'un d'eux mieux avisé aura imaginé cet artifice, de produire une Vierge divinement envoyée, et à ce titre réclamant la conduite des affaires ; il n'est pas un homme qui n'accepte d'avoir Dieu pour chef ; c'est ainsi que la direction de la guerre et le commandement militaire ont été remis à la Pucelle. Ce qui est de toute notoriété, c'est que, sous le commandement de la Pucelle, le siège d'Orléans a été levé ; c'est que par ses armes a été soumis tout le pays entre Bourges et Paris ; c'est que, par son conseil, les habitants de Reims sont revenus à l'obéissance et le couronnement s'est effectué parmi eux ; c'est que, par l'impétuosité de son attaque, Talbot a été mis en fuite et son armée taillée en pièces ; par son audace le feu a été mis à une porte de Paris ; par sa pénétration et son habileté les affaires des Français ont été solidement reconstituées. Événements dignes de mémoire, encore que, dans la postérité, ils doivent exciter plus d'admiration qu'ils ne trouveront de créance. »
(Mémoires du pape Pie II, citées en latin par Quicherat en 1847, traduites en français par le père Ayroles en 1898).
L'enjeu de sa virginité |
Si « pucelle » signifiait à l'époque simplement « fille » et pas particulièrement « vierge[112] », Jeanne mettait aussi en avant sa virginité pour prouver, selon les mœurs de son temps, qu'elle était envoyée de Dieu et non une sorcière et affirmer clairement sa pureté, aussi bien physiquement que dans ses intentions religieuses et politiques.
L'opinion de cette époque était en effet formée à ces miracles où la Vierge et les saints venaient délivrer les prisonniers ou sauver des royaumes, comme le prophétisaient Merlin[113], Brigitte de Suède ou la recluse d'Avignon[114]. Dès lors vérifier sa virginité devient un enjeu important, étant donné l'importance politique des projets de Jeanne : restaurer la légitimité du roi Charles VII et l'amener au sacre.
Par deux fois, la virginité de Jeanne fut constatée par des matrones, à Poitiers en mars 1429, mais aussi à Rouen, le 13 janvier 1431. Pierre Cauchon (celui-là même qui la fit brûler) avait ordonné ce deuxième examen pour trouver un chef d'accusation contre elle, en vain.[réf. souhaitée]
Il est en revanche difficile de savoir ce qui s'est passé entre le jugement et le constat de « relapse », période où Jeanne a été durement maltraitée, défigurée, par ses geôliers. Selon Martin Ladvenu, un lord anglais aurait essayé de la forcer dans sa prison, en vain.
Les autres pucelles |
Jeanne des Armoises et Jeanne de Sermaises |
Plusieurs femmes se présentèrent comme étant Jeanne d'Arc affirmant avoir échappé aux flammes. Pour la plupart, leur imposture fut rapidement décelée, mais deux d'entre elles parvinrent à convaincre leurs contemporains qu'elles étaient réellement Jeanne d'Arc : il s'agit de Jeanne des Armoises et de Jeanne de Sermaises.
D'après une source tardive (trouvée en 1645 à Metz par un prêtre de l'oratoire, le père Jérôme Viguier, et publiée en 1683 par son frère Benjamin Viguier), La Chronique du doyen de Saint-Thiébaud, Claude, dite Jeanne des Armoises, apparut pour la première fois le 20 mai 1436 à Metz où elle rencontra les deux frères de Jeanne d'Arc, qui la reconnurent pour leur sœur.
Il semble impossible d'affirmer s'ils crurent vraiment qu'elle fut leur sœur ou non. La belle-sœur de son mari Alarde de Chamblay devenue veuve, s'était remariée en 1425 avec Robert de Baudricourt, le capitaine de Vaucouleurs. Claude-Jeanne guerroya avec les frères d'Arc et Dunois dans le Sud-Ouest de la France et en Espagne. En juillet 1439, elle passa par Orléans, les comptes de la ville mentionnent pour le 1er août : « À Jehanne d'Armoise pour don à elle fait, par délibération faite avec le conseil de ville et pour le bien qu'elle a fait à ladite ville pendant le siège IICX lp », soit 210 livres parisis. Elle mourut vers 1446 sans descendance.
En 1456, après la réhabilitation de la Pucelle, Jeanne de Sermaises apparut en Anjou. Elle fut accusée de s'être fait appeler la Pucelle d'Orléans, d'avoir porté des vêtements d'homme. Elle fut emprisonnée jusqu'en février 1458, et libérée à la condition qu'elle s'habillerait « honnêtement ». Elle disparaît des sources après cette date.
Les « consœurs » |
Jeanne d'Arc n'est pas un cas unique, bien qu'on fasse à l'époque plus confiance à des enfants ayant des visions qu'à des hommes ou à des femmes prophètes (les prophétesses sont des mulierculae, « petites bonnes femmes », dans le traité De probatione spirituum de 1415 de Jean de Gerson, théologien qui déconsidère notamment Brigitte de Suède et Catherine de Sienne et qui met au point des procédures d'authentification des vraies prophétesses, car désormais seule l'Église a le jugement d'autorité en matière de visions, d'apparitions et de prophéties)[116].
En 1391, le collège de Sorbonne et en 1413 l'université de Paris publient une affiche appelant tous ceux qui ont des visions et se croyant appelés à sauver la France à leur communiquer leurs prophéties, les vrais prophètes selon les critères de l'époque devant être humbles, discrets, patients, charitables et avoir l'amour de Dieu[117]. Le Journal d'un bourgeois de Paris rapporte un sermon entendu le 4 juillet 1431 faisant référence à trois autres femmes :
« Encore dist il en son sermon qu'ilz estoient IIII, dont les III avoit esté prinses, c'est assavoir ceste Pucelle, et Perronne et sa compaigne, et une qui est avec les Arminalx (Armagnacs), nommée Katherine de La Rochelle ; … et disoit que toutes ces quatre pouvres femme frère Richart le cordelier (…) les avoit toute ainsi gouvernées ; (…) et que le jour de Noel, en la ville de Jarguiau (Jargeau), il bailla à ceste dame Jehanne la Pucelle trois foys le corps de Nostre Seigneur (…) ; et l'avoit baillé à Peronne, celui jour, deux fois (…) »
De ces trois autres femmes, le même Bourgeois de Paris relate l'exécution de Piéronne, qui « estoit de Bretaigne bretonnant » et fut brûlée sur le parvis de Notre-Dame le 3 septembre 1430. Et s'il ne la nomme pas, le Formicarium du frère Johannes Nider semble décrire la même exécution.
Interrogée au sujet de Katherine de La Rochelle lors de son procès, Jeanne d'Arc déclara l'avoir rencontrée et lui avoir répondu « qu'elle retournât à son mari, faire son ménage et nourrir ses enfants ». Elle ajouta : « Et pour en savoir la certitude, j'en parlai à sainte Marguerite ou sainte Catherine, qui me dirent que du fait de cette Catherine n'était que folie, et que c'était tout néant. J'écrivis à mon Roi que je lui dirais ce qu'il en devait faire ; et quand je vins à lui, je lui dis que c'était folie et tout néant du fait de Catherine. Toutefois frère Richard voulait qu'on la mît en œuvre. Et ont été très mal contents de moi frère Richard et ladite Catherine. »
Avec l'essor de l'astronomie et de la futurologie à la fin du Moyen Âge, les cours à cette époque aimaient s'entourer de ces prophètes, parfois pour les instrumentaliser à des fins politiques. Ainsi, une bataille autour des prophètes eut lieu notamment entre les Anglais et les Français, chaque camp fabriquant de fausses prophéties[116].
Sa reconnaissance |
Reconnaissance littéraire et politique |
Le culte de son vivant ayant rapidement décliné, les siècles suivants ne lui portent qu'un intérêt inconstant. C'est principalement à partir du XIXe siècle que la figure historique de Jeanne d'Arc a été reprise par de nombreux auteurs pour illustrer ou cristalliser des messages religieux, philosophiques ou politiques.
Christine de Pizan est un des rares auteurs contemporains à avoir fait l'éloge de Jeanne d'Arc, la nouvelle Judith. Villon mentionne en deux vers, parmi les Dames du temps jadis, « Jeanne la bonne Lorraine / Qu'Anglois brûlèrent à Rouen ».
Avant le XIXe siècle, l'image de Jeanne d'Arc est défigurée par la littérature. Seule la notice d'Edmond Richer, surtout prolifique sur le plan théologique, apporte un volet historique cependant entaché d'inexactitudes. Chapelain, poète officiel de Louis XIV, lui consacre une épopée malheureusement très médiocre sur le plan littéraire. Voltaire ne consacre qu'un vers et demi à la gloire de Jeanne d'Arc dans son Henriade, chant VII «… Et vous, brave amazone, La honte des Anglais, et le soutien du trône. » et en consacra plus de vingt mille à la déshonorer[118]. La figure de Jeanne d'Arc connaît son âge d'or sous la restauration des Bourbon[119].
Depuis le XIXe siècle, les exploits de Jeanne d'Arc sont usurpés pour servir certains desseins politiques au mépris de l'histoire. Les arcanes de cette exploitation d'une héroïne qui symbolise la France de façon mythique, voire mystique, sont innombrables. On retint surtout les thèses évoquées lors de son procès[120] : la mandragore[121] suggérée par Cauchon, l’instrument politique destiné à jeter la terreur dans les troupes anglaises, et la si romanesque main de Dieu (qu’on y voit de l’hérésie ou des desseins monarchiques).
Jeanne d'Arc a été réhabilitée en 1817, dans le livre de Philippe-Alexandre Le Brun de Charmettes : Histoire de Jeanne d'Arc, surnommée la Pucelle d'Orléans, tirée de ses propres déclarations, de cent quarante-quatre dépositions de témoins oculaires, et des manuscrits de la bibliothèque du roi de la tour de Londres[122]. Le travail scrupuleux de cet historien, fondé sur des enquêtes rigoureuses, et l'étude de documents originaux, a souvent été réutilisé comme base de travail par des écrivains français et étrangers, tels Jules Quicherat ou Joseph Fabre, qui ont contribué à redonner ses titres de noblesse à la Pucelle d'Orléans[123].
Les enjeux politiques et religieux du XIXe siècle expliquent l'émergence de thèses révisionnistes : la théorie « surviviste » ou « survivaliste » se développe avec l'ouvrage en 1889 La Fin d'une légende, vie de Jeanne d'Arc (de 1409 à 1440) d'Ernest Lesigne (en) alléguant que Jeanne fut sauvée du bûcher (par substitution avec une autre femme) et devenue Jeanne des Armoises. Cette théorie est reprise par des auteurs laïcs comme Gaston Save qui cherchent à minimiser le rôle de Jeanne d'Arc et enrayer son processus de canonisation. La théorie « bâtardisante » apparaît sur le plan littéraire pour la première fois en 1805 naît avec Pierre Caze qui écrit la pièce de théâtre La Mort de Jeanne d'Arc : la Pucelle y serait une bâtarde royale mise en scène à dessein, et dont la mère aurait été Isabeau de Bavière et le père Louis d'Orléans. Dans son livre La vérité sur Jeanne d'Arc en 1819, Caze développe cette théorie, qui est généralement relayée par des monarchistes comme Jean Jacoby (Le secret de Jeanne, pucelle d'Orléans en 1932) pour qui le peuple ne serait pas en mesure de donner naissance à des héros. La théorie « survivo-bâtardisante » fusionne les deux précédentes en faisant de Jeanne une princesse royale qui a échappé au bûcher et survécu sous le nom de Jeanne des Armoises. Lancée par Jean Grimod (Jeanne d'Arc a-t-elle été brûlée ?, 1952), elle est reprise par des auteurs comme Maurice David-Darnac, Étienne Weill-Raynal, Robert Ambelain, André Cherpillod (Les deux mystères de Jeanne "d'Arc": sa naissance, sa mort, 1992) ou Marcel Gay et Roger Senzig (L'affaire Jeanne d'Arc, 2007)[124],[125]. Parallèlement à ces thèses, se développe la figure symbolique d'une Jeanne d'Arc incarnation de la résistance à l'étranger, faisait l'unanimité au sein des différents partis politiques français. Symbole républicain et figure unificatrice utile dans le cadre de la construction de la nation après la guerre franco-allemande de 1870, elle fait l'objet depuis la fin du XIXe siècle de récupération par différents partis politiques tant de la gauche (voyant en elle une fille du peuple brûlée par l'Église et abandonnée par le roi) que de la droite (voyant en elle une héroïne nationale, sainte), avant d'être accaparée par la droite nationaliste et catholique. Les partis opèrent ainsi depuis le XIXe siècle une captation d'héritage illégitime plus basée sur son mythe composé d'images déformées par son histoire façonnée par les calculs politiques et les jeux de propagande. Ce qui explique que cette figure fortement politisée a longtemps suscité la méfiance des universitaires contemporains, la première biographie johannique rédigée par une historienne universitaire étant celle de Colette Beaune en 2004[126].
Selon l'historien Yann Rigolet, la « savante confiscation » à la fin du XXe siècle de sa figure par les mythologues du Front national, ne rencontrant visiblement que peu d’oppositions, a engendré une certaine déréliction du mythe Jeanne d’Arc. Si elle connaît une « certaine désaffection du public », elle reste cependant une figure de proue de la mémoire collective, pouvant être « perpétuellement revisitée et réinvestie » grâce à son « formidable pouvoir de régénération[127]. »
Reconnaissance institutionnelle |
Jeanne d'Arc est le septième personnage le plus célébré au fronton des 67 000 établissements scolaires français (recensement en 2015) :
pas moins de 423 écoles, collèges et lycées (dont 397 dans le secteur privé) lui ont donné son nom, derrière Joseph (880), Jules Ferry (642), Jacques Prévert (472), Jean Moulin (434), Jean Jaurès (429), mais devant Antoine de Saint-Exupéry (418), Victor Hugo (365), Louis Pasteur (361), Marie Curie (360), Pierre Curie (357), Jean de la Fontaine (335)[128].
Une loi française du 10 juillet 1920 institue « la Fête Jeanne d’Arc, fête du patriotisme », le deuxième dimanche de mai, « jour anniversaire de la délivrance d’Orléans »[129]. La célébration est toujours en vigueur et fait partie des douze journées nationales organisées chaque année par la République française.
Reconnaissance par l'Église catholique |
Canonisation |
Jeanne d'Arc est béatifiée le 18 avril 1909[130] et canonisée le 16 mai 1920[131]. Sa fête religieuse est fixée au 30 mai, jour anniversaire de son martyre. Pie XI la proclame sainte patronne secondaire de la France en 1922[132].
Objets personnels et reliques |
Objets ayant appartenu à Jeanne d'Arc |
Les enseignes |
Envoyée à Tours par le roi pour y prendre livraison de son armure avant de se diriger vers Orléans, Jehanne d'Arc réside dans la ville du 5 au 21 avril 1429 et se fait faire deux enseignes : une petite qui fut brûlée accidentellement au moment de l’entrée à Orléans et une grande qu'elle tenait toujours au moment de sa capture par les Bourguignons à Compiègne. Cette dernière n'était plus disponible lors de son procès et Pierre Cauchon ne l'avait pas vue, puisqu'il en demande à Jehanne une description détaillée. On a conservé, au 13e compte de Hémon Raguier, trésorier des guerres du roi Charles VII, la mention de la dépense: « Et a Hauves Poulnoir, paintre demorant a Tours, pour avoir paint et baillé estoffes pour ung grant estendart et ung petit pour la Pucelle, 25 livres tournois ».
- L'étendard : les voix conduisirent Jeanne d'Arc à substituer à l'oriflamme de Reims un étendard de couleur blanche avec sur le premier tiers de la hampe une représentation de l'Apocalypse par Hauves Poulnoir « l'image de notre Sauveur assis en jugement dans les nuées du ciel et un ange tenant une fleur de lys » avec inscrit « Jhésus Maria » (description de Jean Pasquerel) ; selon les déclarations de Jeanne d'Arc, lors du procès, le champ était blanc semé de fleurs de lys, sur lequel se trouvait « le monde figuré et deux anges sur les côtés, et il était de couleur blanche, de toile blanche ou boucassin, et étaient là ces devises : Jhésus Maria, ainsi qu’il lui semble, et les franges étaient de soie »[133]. Selon la représentation courante des apocalypses à cette époque, l'ange de droite tenant un lys est celui de la miséricorde et le second ange, placé à gauche tenant une épée, est celui de la justice. L'inscription « Jhesus Maria » mentionnée par la déposition de Jeanne d'Arc est confirmée par le Journal du siège… Selon la manière dont ces bannières se faisaient, le verso représentait les mêmes motifs et les mêmes inscriptions à l'envers mais, selon Perceval de Cagny qui la décrit lors de la bataille de Jargeau, la mandorle du Christ était remplacée par un écu d'azur semé de fleurs de lys d'or : « La Pucelle prit son étendard auquel était peint Dieu en majesté […] (manque) et de l'autre côté un écu de France tenu par des anges ».
- Le pennon (fanion de forme triangulaire) : sur ce pennon, on pouvait voir « Notre-Dame ayant devant elle un ange lui présentant un lys ». Selon le témoignage du greffier de La Rochelle en 1431, ce pennon portait aussi un cri de guerre : « Par le Roi du Ciel »[134].
En 1894, un étendard fut réalisé pour la cathédrale Notre-Dame de Paris, en suivant le mieux possible les indications de Jeanne d'Arc et des autres témoins du temps.
En 1909, le conservateur du musée Jeanne-d'Arc d'Orléans fit fabriquer une nouvelle restitution s'inspirant de l'étendard de Notre-Dame et de la représentation de la bannière de Jehanne d'Arc se trouvant sur la tapisserie d'Azeglio découverte et achetée en 1858 à Lucerne par le Marquis d'Azeglio, ministre plénipotentiaire de Sardaigne en Angleterre[135], et sur deux autres miniatures découvertes ensuite près de Strasbourg. L’actuel étendard des fêtes de Jeanne d’Arc date de 1936 et reprend la disposition de l’étendard réalisé en 1909.
Une copie du drapeau de Jehanne d'Arc a été remise par Lord Tyrrell, ambassadeur d'Angleterre, à M. Paul Doumer le 1er janvier 1932[136]. Cet exemplaire de très grande taille, destiné à la cathédrale de Reims, est placé dans une chapelle absidiale derrière la statue de Jeanne sculptée par Prosper d'Épinay en 1901[137].
D'autres essais de reconstitutions ont été faits, par Henri de Barenton en 1909, pour les fêtes de la canonisation, etc. Une étude approfondie et critique de toutes les sources avec leurs variantes a été faite par le colonel Ferdinand de Liocourt en 1974[138].
L'armure |
Charles VII paya à Jeanne une armure coûtant 100 écus, soit 2 500 sols ou 125 livres tournois. Cette somme n'est pas extraordinaire, il suffit de la rapprocher de l'inventaire établi par Jeanne lors de son procès : « Elle dit ensuite que ses frères ont ses biens, ses chevaux, épées, à ce qu'elle croit, et autres qui valent plus de 12.000 écus. Elle répondit qu'elle avait dix ou douze mille écus qu'elle a vaillant… » Le comte de Laval par témoignage nous apprend qu'il s'agissait d'un « harnois blanc », c'est-à-dire de pièces d'armure d'un seul tenant, et non d'une brigandine. Par comparaison, cette armure valait deux fois le prix de l'équipement le moins coûteux, et huit fois moins que le plus cher. Cette armure fut offerte à Saint-Denis en ex-voto après l'échec de l'assaut sur Paris. À partir de ce moment, elle porta une armure prise sur un Bourguignon, sans qu'on connaisse la valeur de ce nouvel équipement. L'armure de Saint-Denis ne fut certainement pas détruite mais a peut-être subi le sort de l'épée qui fut déposée à Sainte-Catherine de Fierbois par un soldat et empruntée par Jeanne[139],[140].
Sur la tapisserie d'Azeglio, Jeanne d'Arc qui fait son entrée à Chinon est montée sur un cheval blond clair, et armée de toutes pièces ; elle porte une huque vermeille, frangée de jaune, et un chaperon de même couleur avec aigrette, par-dessus lequel est posé une chapeline de fer ; ses cheveux sont entièrement enveloppés et cachés ; à la main droite elle tient son étendard.
L'épée |
L'épée qui accompagna Jeanne d'Arc pendant toutes ses batailles fut découverte sur son indication sous les dalles de l'église de Sainte-Catherine-de-Fierbois (Indre-et-Loire), parmi d'autres épées enterrées par des soldats de passage. Cette épée fort ancienne était décorée de cinq croix. La rouille qui la recouvrait aurait disparu aussitôt que Jeanne d'Arc eut l'épée en main.
Jean Chartier, dans Journal du siège et Chronique de la Pucelle, mentionne l'épée et les circonstances de son acquisition par la Pucelle : le roi voulut lui donner une épée, elle demanda celle de Sainte-Catherine de Fierbois, « on lui demanda si elle l'avoit oncques veue, et elle dit que non. » Un forgeron fut envoyé depuis Tours et découvrit l'épée parmi plusieurs ex-voto déposés là, apparemment dans un coffre derrière l'autel. Jeanne brisa cette épée sur le dos d'une prostituée, à Saint-Denis, selon le duc d'Alençon, vraisemblablement après la tentative manquée contre Paris. Il semble qu'elle ait pris l'habitude de frapper avec cette épée sur le dos des filles de joie qu'elle rencontrait, de tels incidents étant précédemment mentionnés à Auxerre par le chroniqueur Jean Chartier et par son page, Louis de Coutes, pour l'étape Château-Thierry. Charles VII se montra très mécontent du bris de l'épée. Celle-ci avait en effet pris des allures d'arme magique parmi les compagnons de Jeanne, et sa destruction passa pour un mauvais présage. On n'a aucun indice sur ce que sont devenus les morceaux[141].
Suivant une légende locale, Lyonnel de Wandonne récupéra l'épée de Jeanne d'Arc qu'il emmura dans l'église de Wandonne[142].
Il ne faut pas confondre l'épée réelle et l'épée « virtuelle » qui se trouve décrite et dessinée dans les armoiries de la famille d'Arc. Dans le blason de Jeanne, l'épée est représentée avec cinq fleurs de lys alors que les textes concernant l'épée de Fierbois ne mentionnent que cinq croix.
Les anneaux |
Le 1er mars 1431, lors du procès de condamnation, les juges de Jeanne d'Arc l'interrogent au sujet de ses anneaux. S'adressant à Pierre Cauchon, la Pucelle rétorque que l'évêque en détient un qui lui appartient ; elle demande que cet objet — cadeau de son frère — lui soit rendu, avant de charger son juge d'en faire don à l'Église. En outre, la prisonnière déclare qu'un autre de ses anneaux a été gardé par les Bourguignons[n 12]. Elle décrit alors ce second bien, cadeau de son père ou sa mère. Enfin, elle affirme n'avoir jamais utilisé ses anneaux pour guérir quelqu'un[n 13],[145].
L'après-midi du samedi 17 mars 1431, les juges s'intéressent derechef à l'anneau gardé par les Bourguignons, questionnant Jeanne d'Arc au sujet de sa matière. La Pucelle répond de manière imprécise, ne sachant pas si l'objet est en or (« pas d'or fin » dans ce cas, précise-t-elle) ou en laiton. Outre les noms « Jésus Marie », elle précise que l'anneau porte également trois croix et pas d'autre signe[n 14].
Le mardi 27 mars 1431, le promoteur (autrement dit le procureur) Jean d'Estivet expose à Jeanne d'Arc les soixante-dix articles composant le réquisitoire à son encontre[147]. Le vingtième chef d'accusation affirme que la Pucelle a ensorcelé son anneau ainsi que son étendard et « l'épée de Sainte-Catherine »[148],[149].
En février 2016, un anneau présenté comme une relique de Jeanne d’Arc est remporté lors d'une vente aux enchères londonienne par le parc d'attractions le Puy du Fou[150]. Toutefois, les historiens médiévistes Colette Beaune, Olivier Bouzy et Philippe Contamine doutent de l'authenticité de l'objet eu égard aux incertitudes relatives à son origine et au suivi de sa transmission depuis le XVe siècle[n 15],[152],[153],[154].
Reliques |
De prétendues reliques de Jeanne d'Arc sont conservées au musée d'art et d'histoire de Chinon. Propriété de l'archevêché de Tours, elles ont été mises en dépôt dans ce musée en 1963. Le bocal de verre qui les contient a été découvert à Paris, en 1867, dans le grenier d'une pharmacie[157], située rue du Temple, par un étudiant en pharmacie, M. Noblet[158]. Le parchemin qui fermait l'ouverture du bocal portait la mention : « Restes trouvés sous le bûcher de Jeanne d'Arc, pucelle d'Orléans ».
Le bocal contient une côte humaine de dix centimètres de long recouverte d'une couche noirâtre, un morceau de tissu de lin d'une quinzaine de centimètres de longueur, un fémur de chat et des fragments de charbons de bois.
Le médecin-légiste français Philippe Charlier, spécialiste de pathographie, qui a analysé les restes, à partir de février 2006, avec son équipe de l'hôpital Raymond-Poincaré à Garches (Hauts-de-Seine), conclut qu'il s'agit de restes de momies, momie humaine et momie animale d'origine égyptienne, datés de la Basse époque, qui auraient pu faire partie soit de la collection d'un cabinet d'amateur, soit de la pharmacopée d'un apothicaire, avant d'être employés à la confection de ces pseudo-reliques[159].
Une analyse microscopique et chimique du fragment de côte montre qu'il n'a pas été brûlé, mais imprégné d'un produit végétal et minéral de couleur noire. Sa composition s'apparente plus à celle du bitume ou de la poix qu'à celle de résidus organiques d'origine humaine ou animale réduits à l'état de charbon par crémation.
Les « nez » de grands parfumeurs (Guerlain et Jean Patou) ont notamment décelé sur le morceau de côte une odeur de vanille. Or ce parfum peut être produit par « la décomposition d'un corps », comme dans le cas d'une momification, mais pas par sa crémation.
Le tissu de lin, quant à lui, n'a pas été brûlé, mais teint, il a les caractéristiques de celui qu'utilisaient les Égyptiens pour envelopper les momies.
D'autre part, concernant le pollen, il a été noté une grande richesse de pollens de pin, vraisemblablement en rapport avec l'usage de résine en Égypte au cours de l'embaumement.
Enfin, une étude au carbone 14 a daté les restes entre le VIe et le IIIe siècle av. J.-C., et un examen spectrométrique du revêtement à la surface des os a montré qu'il correspondait à ceux de momies égyptiennes de cette période tardive.
Œuvres inspirées par Jeanne d'Arc |
Les œuvres inspirées par la Pucelle sont innombrables dans tous les domaines des arts et des médias[160] : architecture, bande dessinée, chansons, cinéma, radio et télévision, jeux vidéo, littérature (poésie, roman, théâtre), musique (notamment opéras et oratorios), peinture, sculpture, tapisserie, vitrail, etc.
Œuvres littéraires |
Le personnage, dans son ambivalence et sa grande complexité, a fasciné les écrivains et les dramaturges à travers les époques.
Charles Péguy en fait la figure centrale de son œuvre écrite. Jeanne d'Arc, bataillant à la réalisation sur terre de la cité harmonieuse, et incarnant en plus du salut, l'âme paysanne et pieuse de la France. Plusieurs volumes sont consacrés à des périodes distinctes de son existence. D'abord un drame, en trois actes, puis une épopée en trois parties distinctes publiée dans les cahiers de la Quinzaine. Enfin, la fresque des trois mystères, débutée par le Mystère de la Charité de Jeanne d'Arc.
Les pièces les plus connues qui offrent une large diversité d'interprétation sur sa vie, ont été écrites par Shakespeare (Henri VI), Voltaire (La Pucelle d'Orléans), Schiller (La Pucelle d'Orléans), George Bernard Shaw (Sainte Jeanne), Jean Anouilh (L'Alouette) et Bertolt Brecht (Sainte Jeanne des abattoirs). En 1894, Thérèse de Lisieux écrit une pièce de théâtre inspirée par la Pucelle d'Orléans, dont elle interprète aussi le rôle.
Samuel Clemens a publié une biographie de fiction sous le nom de plume de Sieur Louis de Conte, sans utiliser son pseudonyme de Mark Twain. Thomas de Quincey, qui est l'un des seuls Anglais à prendre la défense de Jeanne d'Arc, a écrit une Jeanne d'Arc[161] en 1847. Louis-Maurice Boutet de Monvel en fait un livre d'illustration pour enfants, en 1896, qui connait un grand succès.
Adaptations à l'écran |
Jeanne d'Arc a inspiré près d'une centaine de films et téléfilms[162] :
Cinéma muet
1898 : Jeanne d'Arc, court métrage muet de Georges Hatot.
1899 : Domrémy, court métrage des Frères Lumière.
1899 : Jeanne d'Arc, court métrage muet de Georges Méliès, avec Bleuette Bernon.
1909 : La Vie de Jeanne d'Arc, court métrage muet de Mario Caserini.
1913, Italie : Giovanna d'Arco d'Ubaldo Maria Del Colle et Nino Oxilia, tourné à Turin.
1916, États-Unis : Jeanne d'Arc (Joan the Woman) de Cecil B. De Mille, avec Geraldine Farrar – ce film fut conçu pour convaincre les Américains du bien-fondé de leur intervention aux côtés des Alliés dans la Grande Guerre.
1927 : Saint Joan, court métrage muet de Widgey R. Newman.
1928 : La Passion de Jeanne d'Arc, de Carl Theodor Dreyer, avec Renée Falconetti – inspiré du roman Jeanne d'Arc de Joseph Delteil.
1929 : La Merveilleuse Vie de Jeanne d'Arc, fille de Lorraine, de Marco de Gastyne, avec Simone Genevois.
Cinéma parlant
1935, Allemagne : Das Mädchen Johanna, de Gustav Ucicky, avec Angela Salloker (en).
1948, États-Unis : Jeanne d'Arc (Joan of Arc), de Victor Fleming, avec Ingrid Bergman.
1953 : Destinées, film à sketches – séquence réalisée par Jean Delannoy, avec Michèle Morgan.
1954, Italie : Jeanne au bûcher (Giovanna d'Arco al rogo), de Roberto Rossellini, avec Ingrid Bergman (reprenant donc son rôle tenu en 1948) – version filmée de l'oratorio de Claudel et Honegger.
1957, États-Unis : Sainte Jeanne (Saint Joan), d'Otto Preminger, avec Jean Seberg, d'après la pièce Sainte Jeanne de George Bernard Shaw (1924).
1962 : Procès de Jeanne d'Arc, de Robert Bresson, avec Florence Delay. Les mots de Jeanne sont scrupuleusement tirés des minutes du procès.
1970, Russie : Le Début de Gleb Panfilov avec Inna Tchourikova.
1989 : Jeanne d'Arc, le pouvoir et l'innocence, téléfilm en 3 parties de Pierre Badel d'après le livre de Pierre Moinot, avec Cécile Magnet.
1994 : Jeanne la Pucelle, de Jacques Rivette, avec Sandrine Bonnaire – film divisé en deux époques : les Batailles et les Prisons sur plus de 5 heures et demie.
1999 : Jeanne d'Arc, de Luc Besson, avec Milla Jovovich.
1999 : Jeanne d'Arc, téléfilm de Christian Duguay, avec Leelee Sobieski.
2011 : Jeanne captive, de Philippe Ramos avec Clémence Poésy.
2017 : Jeannette, l'enfance de Jeanne d'Arc, comédie musicale pop de Bruno Dumont, avec Lise Leplat Prudhomme (Jeannette) et Jeanne Voisin (Jeanne), d'après Jeanne d'Arc (1897) et Le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc de Charles Péguy.
Œuvres musicales |
1692 : La Pucelle, sonate de François Couperin.
1821 : Jeanne d'Arc à Orléans, opéra de Michele Carafa.
1832 : Giovanna d'Arco, cantata de Gioachino Rossini.
1834 : Ouverture La Pucelle d'Orléans op. 91, Ignaz Moscheles.
1845 : Giovanna d'Arco, opéra de Giuseppe Verdi.
1873 : Jeanne d'Arc, opéra en 5 actes de Charles Gounod, sur un livret de Jules Barbier.
1878 : La Pucelle d'Orléans (Орлеанская дева ou Orleanskaya deva), opéra de Piotr Ilitch Tchaïkovski.
1811-1886 : Jeanne d'Arc au bucher S. 293, Franz Liszt.
1899 : À l'étendard, cantique composé par l’abbé Marcel Laurent sur des paroles du chanoine Victor-Augustin Vié.
1939 : Jeanne d'Arc au bûcher, oratorio dramatique d'Arthur Honegger, sur un livret de Paul Claudel.
1981 : Joan of Arc, chanson de Orchestral Manoeuvres in the Dark.
2011 : Jeanne, chanson de Laurent Voulzy dans son album Lys & Love.
2013 : Joan of Arc, chanson de Arcade Fire dans leur album Reflektor.
Sculpture |
1820, Jeanne d'Arc, buste, musée des beaux-arts de Blois, par Jean-François Legendre-Héral.
Sources imprimées |
Jules Quicherat ( éd.), Procès de condamnation et de réhabilitation de Jeanne d'Arc, dite la Pucelle : publiés pour la première fois d'après les manuscrits de la Bibliothèque royale, suivis de tous les documents historiques qu'on a pu réunir et accompagnés de notes et d'éclaircissements, t. 1 : Procès de condamnation, Paris, Jules Renouard et Cie, 1841, 506 p., in-8 (lire en ligne).
Jules Quicherat ( éd.), Procès de condamnation et de réhabilitation de Jeanne d'Arc, dite la Pucelle : publiés pour la première fois d'après les manuscrits de la Bibliothèque royale, suivis de tous les documents historiques qu'on a pu réunir et accompagnés de notes et d'éclaircissements, t. 2 : Procès de réhabilitation. Préliminaires de la réhabilitation non insérés au procès, Paris, Jules Renouard et Cie, 1844, 472 p., in-8 (lire en ligne).
Jules Quicherat ( éd.), Procès de condamnation et de réhabilitation de Jeanne d'Arc, dite la Pucelle : publiés pour la première fois d'après les manuscrits de la Bibliothèque royale, suivis de tous les documents historiques qu'on a pu réunir et accompagnés de notes et d'éclaircissements, t. 3 : Procès de réhabilitation. Rédaction primitive du procès de réhabilitation d'après le manuscrit de d'Urfé. Opinions et mémoires extrajudiciaires publiés du vivant de Jeanne d'Arc, Paris, Jules Renouard et Cie, 1845, 473 p., in-8 (lire en ligne).
Jules Quicherat ( éd.), Procès de condamnation et de réhabilitation de Jeanne d'Arc, dite la Pucelle : publiés pour la première fois d'après les manuscrits de la Bibliothèque royale, suivis de tous les documents historiques qu'on a pu réunir et accompagnés de notes et d'éclaircissements, t. 4 : Témoignages des chroniqueurs et historiens du XVe siècle, Paris, Jules Renouard et Cie, 1847, 540 p., in-8 (lire en ligne).
Jules Quicherat ( éd.), Procès de condamnation et de réhabilitation de Jeanne d'Arc, dite la Pucelle : publiés pour la première fois d'après les manuscrits de la Bibliothèque royale, suivis de tous les documents historiques qu'on a pu réunir et accompagnés de notes et d'éclaircissements, t. 5 : Témoignages des poètes du XVe siècle. Lettres, actes et autres pièces détachées. Témoignages extraits des livres de comptes. Documents relatifs à l'Institution et aux premières célébrations de la fête du 8 mai, jour anniversaire de la délivrance d'Orléans. Documents sur la fausse Jeanne d'Arc qui parut de 1436 à 1440. Supplément aux pièces et extraits concernant la Pucelle. Itinéraire de la Pucelle. Notice littéraire du procès du condamnation. Notice des pièces de la réhabilitation. Table analytique, Paris, Jules Renouard et Cie, 1849, 575 p., in-8 (lire en ligne).
Georges Duby et Andrée Duby, Les Procès de Jeanne d'Arc, Paris, Gallimard, coll. « Archives » (no 50), 1974, 250 p. (ISBN 2-07-028894-3, présentation en ligne)Réédition : Georges Duby et Andrée Duby, Les Procès de Jeanne d'Arc, Paris, Folio, coll. « Folio. Histoire », 1995, 313 p. (ISBN 2-07-032894-5).
Pierre Tisset ( éd.) et Yvonne Lanhers ( éd.), Procès de condamnation de Jeanne d'Arc, t. I : Texte, Paris, C. Klincksieck (Société de l'histoire de France), 1960, XXXII-446 p. (présentation en ligne), [présentation en ligne], [présentation en ligne].
Pierre Tisset ( éd.) et Yvonne Lanhers ( éd.), Procès de condamnation de Jeanne d'Arc, t. II : Traduction et notes, Paris, C. Klincksieck (Société de l'histoire de France), 1970, XXIV-435 p..
Pierre Tisset ( éd.) et Yvonne Lanhers ( éd.), Procès de condamnation de Jeanne d'Arc, t. III : Introduction. Index des matières, des noms de personne et de lieu, Paris, C. Klincksieck (Société de l'histoire de France), 1971, IV-349 p..
Pierre Duparc ( éd.), Procès en nullité de la condamnation de Jeanne d'Arc, t. I : Texte, Paris, C. Klincksieck (Société de l'histoire de France), 1977, XXIII-525 p. (ISBN 2-252-02014-8).
Pierre Duparc ( éd.), Procès en nullité de la condamnation de Jeanne d'Arc, t. II : Texte, Paris, C. Klincksieck (Société de l'histoire de France), 1979, 612 p. (ISBN 2-252-02152-7).
Pierre Duparc ( éd.), Procès en nullité de la condamnation de Jeanne d'Arc, t. III : Traduction, Paris, C. Klincksieck (Société de l'histoire de France), 1983, X-302 p. (ISBN 2-252-02418-6).
Pierre Duparc ( éd.), Procès en nullité de la condamnation de Jeanne d'Arc, t. IV : Traduction, Paris, C. Klincksieck (Société de l'histoire de France), 1986, 238 p. (ISBN 2-252-02508-5).
Pierre Duparc ( éd.), Procès en nullité de la condamnation de Jeanne d'Arc, t. V : Étude juridique des procès, contribution à la biographie de Jeanne d'Arc, Paris, C. Klincksieck (Société de l'histoire de France), 1988, XX-310 p. (ISBN 2-252-02508-5).
Bibliographie |
Bibliographie partielle des articles, biographies, études et essais.
Synthèses et réflexions |
Colette Beaune, Jeanne d'Arc, Paris, Perrin, 2004, 475 p. (ISBN 2-262-01705-0, présentation en ligne).
Colette Beaune, Jeanne d'Arc. Vérités et légendes, Paris, Perrin, 2008, 234 p. (ISBN 2-262-02951-2, présentation en ligne).
Olivier Bouzy, Jeanne d'Arc : mythes et réalités, La Ferté-Saint-Aubin, l'Atelier de l'Archer, 1999, 191 p. (ISBN 2-84548-021-0).
Olivier Bouzy, Jeanne d'Arc, l'histoire à l'endroit !, Tours, CLD éditions, 2008, 284 p. (ISBN 978-2-85443-531-3, présentation en ligne).
Olivier Bouzy, Jeanne d'Arc en son siècle, Paris, Fayard, 2013, 317 p. (ISBN 978-2-213-67205-2, présentation en ligne).
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Gerd Krumeich, « Problèmes d'une biographie de Jeanne d'Arc », Francia, Sigmaringen, Jan Thorbecke, nos 34/1, 2007, p. 215-222 (ISBN 978-3-7995-8123-3, lire en ligne).
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Colloques et recueils d'articles |
Jean-Patrice Boudet (dir.) et Xavier Hélary (dir.), Jeanne d'Arc : histoire et mythes, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », 2014, 292 p. (ISBN 978-2-7535-3389-9, présentation en ligne).- Mémorial du Ve centenaire de la réhabilitation de Jeanne d'Arc, 1456-1956, Paris, J. Foret, 1952, XXII-317 p.
Collectif, Jeanne d'Arc. Une époque, un rayonnement : colloque d'histoire médiévale, Orléans, octobre 1979, Paris, Éditions du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), 1982, 301-[4] p. (ISBN 2-222-03048-X, présentation en ligne).
Philippe Contamine, De Jeanne d'Arc aux guerres d'Italie : figures, images et problèmes du XVe siècle, Orléans, Paradigme, coll. « Varia » (no 16), 1994, 288 p. (ISBN 2-86878-109-8, présentation en ligne).
Dominique Goy-Blanquet (dir.), Jeanne d'Arc en garde à vue : essais rassemblés et présentés par Dominique Goy-Blanquet, Bruxelles, Le Cri, 1999, 177 p. (ISBN 2-87106-240-4).
Catherine Guyon (dir.) et Magali Delavenne (dir.), De Domrémy… à Tokyo : Jeanne d'Arc et la Lorraine : actes du colloque universitaire international, Domrémy et Vaucouleurs, 24-26 mai 2012, Nancy, Presses universitaires de Nancy, coll. « Archéologie, espaces, patrimoines », 2013, 408 p. (ISBN 978-2-8143-0154-2, présentation en ligne).
Jean Maurice (dir.) et Daniel Couty (dir.), Images de Jeanne d'Arc : actes du colloque de Rouen, 25-26-27 mai 1999, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Études médiévales » (no 1), 2000, VIII-281 p. (ISBN 2-13-049952-X).
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Étapes et événements de la vie de Jeanne d'Arc |
Domrémy – la famille de Pucelle |
Rémi Boucher de Molandon, « La famille de Jeanne d'Arc. Son séjour dans l'Orléanais. D'après des titres authentiques récemment découverts », Mémoires de la Société archéologique et historique de l'Orléanais, Paris / Orléans, Société bibliographique / Herluison, t. 17, 1880, p. 1-166 (lire en ligne).
Rémi Boucher de Molandon, « Jacques d'Arc, père de la Pucelle. Sa notabilité personnelle. D'après les textes déjà connus et des documents récemment découverts », Mémoires de la Société archéologique et historique de l'Orléanais, Paris / Orléans, Société bibliographique / Herluison, t. 20, 1885, p. 301-326 (lire en ligne).
Rémi Boucher de Molandon, « Un oncle de Jeanne d'Arc depuis quatre siècles oubliés : Mangin (de Vouthon). Frère d'Isabelle, mère de la Pucelle », Mémoires de la Société archéologique et historique de l'Orléanais, Orléans, Herluison, t. 23, 1892, p. 241-257 (présentation en ligne, lire en ligne).
Ernest de Bouteiller ( éd.) et Gabriel de Braux ( éd.), La famille de Jeanne d'Arc : documents inédits, généalogie, lettres de J. Hordal et de Cl. du Lys à Ch. du Lys / publiées pour la première fois, par E. de Bouteiller et G. de Braux, Paris / Orléans, A. Claudin / Herluison, 1878, IV-293 p. (lire en ligne).
Olivier Bouzy, « La famille de Jeanne d'Arc, ascension sociale d'un lignage roturier du XIVe au XVIe siècle », dans Catherine Guyon et Magali Delavenne (dir.), De Domrémy… à Tokyo. Jeanne d'Arc et la Lorraine : actes du colloque universitaire international, Domrémy et Vaucouleurs, 24-26 mai 2012, Nancy, Presses Universitaires de Nancy - Éditions universitaires de Lorraine, coll. « Archéologie, espaces, patrimoines », 2013, 408 p. (ISBN 978-2-8143-0154-2, présentation en ligne), p. 33-44.
Jules Doinel, « Mémoire sur la maison de la famille de Pierre d'Arc, frère de la Pucelle, à Orléans », Mémoires de la Société archéologique et historique de l'Orléanais, Paris / Orléans, Société bibliographique / Herluison, t. 15, 1876, p. 501-528 (lire en ligne).
Jules Doinel, « Nouveaux documents sur Jean du Lys, neveu de Jeanne d'Arc », Mémoires de la Société archéologique et historique de l'Orléanais, Paris / Orléans, Société bibliographique / Herluison, t. 17, 1880, p. 188-214 (lire en ligne).
Vie publique |
Rémi Boucher de Molandon, « Note de Guillaume Giraut, notaire à Orléans en 1429, sur la levée du siège », Mémoires de la Société archéologique et historique de l'Orléanais, Orléans / Paris, Blanchard / Derache, t. 4, 1858, p. 382-389 (lire en ligne).
Rémi Boucher de Molandon, « Première expédition de Jeanne d'Arc : le ravitaillement d'Orléans. Nouveaux documents, plan du siège et de l'expédition », Mémoires de la Société archéologique et historique de l'Orléanais, Paris / Orléans, Société bibliographique / Herluison, t. 15, 1876, I-XX, 1-112 (lire en ligne).
Rémi Boucher de Molandon, « La délivrance d'Orléans et l'institution de la fête du 8 mai : Chronique anonyme du XVe siècle récemment retrouvée au Vatican et à Saint-Pétersbourg », Mémoires de la Société archéologique et historique de l'Orléanais, Paris / Orléans, Société bibliographique / Herluison, t. 18, 1884, p. 241-345 (lire en ligne).
Rémi Boucher de Molandon et Adalbert de Beaucorps, « L'armée anglaise vaincue par Jeanne d'Arc sous les murs d'Orléans : documents inédits », Mémoires de la Société archéologique et historique de l'Orléanais, Orléans, Herluison, t. 23, 1892, p. 673-989 (présentation en ligne, lire en ligne).
Olivier Bouzy, « Jeanne d'Arc, les signes au roi et les entrevues de Chinon », dans Jacques Paviot et Jacques Verger (dir.), Guerre, pouvoir et noblesse au Moyen Âge : mélanges en l'honneur de Philippe Contamine, Paris, Presses de l'Université de Paris-Sorbonne, coll. « Cultures et civilisations médiévales » (no XII), 2000, 691 p. (ISBN 2-84050-179-1), p. 131-138.
Olivier Bouzy, « Le siège d'Orléans a bien eu lieu ou le Dasein de Jeanne d'Arc dans la guerre de Cent Ans », Connaissance de Jeanne d'Arc, Chinon, no 31, janvier 2002, p. 49-62 (lire en ligne).
Philippe Contamine, « Observations sur le siège d'Orléans (1428-1429) », dans Gilles Blieck, Philippe Contamine, Nicolas Faucherre et Jean Mesqui (dir.), Les enceintes urbaines (XIIIe-XVIe siècle), Paris, Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques (CTHS), 1999(lire en ligne), p. 331-343.Article repris dans : Philippe Contamine, Pages d'histoire militaire médiévale (XIVe-XVe siècle), Paris, Institut de France, « Mémoires de l'Académie des inscriptions et belles-lettres », no 32, 2005, p. 197-212.
Philippe Contamine, « Jeanne d'Arc à cheval : légendes, faits, images », dans Le cheval dans la culture médiévale : textes réunis par Bernard Andenmatten, Agostino Paravicini Bagliani et Eva Pibiri, Florence, SISMEL - Edizioni del Galluzzo, coll. « Micrologus' Library » (no 69), 2015, XII-386 p. (ISBN 978-88-8450-655-9, présentation en ligne), p. 221-242.
Jacques Debal, « La topographie de l'enceinte fortifiée d'Orléans au temps de Jeanne d'Arc », dans Jeanne d'Arc. Une époque, un rayonnement : colloque d'histoire médiévale. Orléans, octobre 1979, Paris, Éditions du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), 1982, p. 23-41.
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Claude Desama, « La première entrevue de Jeanne d'Arc et de Charles VII à Chinon (mars 1429) », Analecta Bollandiana, t. 84, 1966, p. 113-127.
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Léon Dumuys, « Documents relatifs au siège d'Orléans et la délivrance de Beaugency et de Jargeau (1428-1429) », Bulletin de la Société archéologique et historique de l'Orléanais, Orléans, t. 9, no 132, 1er trimestre 1887, p. 32-37 (lire en ligne).
Pierre Duparc, « La délivrance d'Orléans et la mission de Jeanne d'Arc », dans Jeanne d'Arc. Une époque, un rayonnement : colloque d'histoire médiévale. Orléans, octobre 1979, Paris, Éditions du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), 1982, p. 153-158.
Amicie de Foulques de Villaret, « Campagnes des Anglais dans l'Orléanais, la Beauce chartraine et le Gâtinais (1421-1428). L'armée sous Warwick et Suffolk au siège de Montargis. Campagnes de Jeanne d'Arc sur la Loire postérieures au siège d'Orléans », Mémoires de la Société archéologique et historique de l'Orléanais, Orléans, Herluison, t. 23, 1893(présentation en ligne, lire en ligne).
Louis Jarry, « Deux chansons normandes sur le siège d'Orléans et la mort de Salisbury », Bulletin de la Société archéologique et historique de l'Orléanais, Orléans, t. 10, no 151, 1er et 2e trimestres 1893, p. 359-370 (lire en ligne).
Louis Jarry, « Le compte de l'armée anglaise au siège d'Orléans, 1429 », Mémoires de la Société archéologique et historique de l'Orléanais, Orléans, Herluison, t. 23, 1892, p. 433-672 (lire en ligne).
Germain Lefèvre-Pontalis, « La panique anglaise en mai 1429 », Le Moyen Âge. Bulletin mensuel d'histoire et de philologie, Paris, Librairie Émile Bouillon Éditeur, avril 1894, p. 81-96 (lire en ligne).
Paul Meyer, « Ballade contre les Anglais (1429) », Romania. Recueil trimestriel consacré à l'étude des langues et des littératures romanes, Paris, Émile Bouillon, libraire-éditeur, t. XXI, 1892, p. 50-52 (lire en ligne).
Françoise Michaud-Fréjaville, « Sainte Catherine, Jeanne d’Arc et le « saut de Beaurevoir » », Cahiers de recherches médiévales et humanistes, no 8 « La protection spirituelle au Moyen Âge », 2001, p. 73-86 (ISSN 2115-6360, DOI 10.4000/crm.386, lire en ligne).
Frédéric Mireur, « Procession d'actions de grâces à Brignoles (Var) en l'honneur de la délivrance d'Orléans par Jeanne d'Arc (1429) », Bulletin historique et philologique du Comité des travaux historiques et scientifiques, Paris, Ernest Leroux, no 2, 1893, p. 175-178 (lire en ligne).
Régine Pernoud, La libération d'Orléans : 8 mai 1429, Paris, Gallimard, coll. « Trente journées qui ont fait la France » (no 9), 1969, 345 p. (présentation en ligne)Réédition : Régine Pernoud (postface Jacques Le Goff), La libération d'Orléans : 8 mai 1429, Paris, Gallimard, coll. « Les journées qui ont fait la France », 2006, 304 p. (ISBN 2-07-078184-4, présentation en ligne).
Georges Peyronnet, « L'équipée de Jeanne d'Arc de Sully-sur-Loire à Lagny-sur-Marne, mars-avril 1430 : secrets et surprises », Connaissance de Jeanne d'Arc, Chinon, no 35, 2006, p. 31-68 (lire en ligne).
Jules Quicherat, Histoire du siège d'Orléans, et des honneurs rendus à la Pucelle, Paris, Librairie de Louis Hachette et Cie, 1854, 64 p., in-16 (présentation en ligne, lire en ligne).
Vladimir Raytes, « La première entrevue de Jeanne d'Arc et de Charles VII à Chinon : essai de reconstitution d'un fait historique », Bulletin de l'association des amis du Centre Jeanne d'Arc, no 13, 1989, p. 7-18.
Notes et références |
Notes |
Une partie du duché de Bar, le Barrois mouvant, relevait du royaume de France pour le temporel et de l'évêché de Toul pour le spirituel.
Les Anglais disposent du corps des Long Bow, Gallois ayant une maîtrise meurtrière de l'arc long (longbow). Toujours bien abrités des charges de cavalerie par des pieux disposés à l'avance, ces archers déciment sous une pluie de flèches la chevalerie française, dont les chevaux ne sont pas encore protégés. Ils vont ainsi devenir maîtres des batailles à terrain découvert malgré leur nette infériorité numérique. Mais après Orléans, Jeanne ayant obtenu des chefs militaires français — sur « sa grande insistance » — de poursuivre les troupes anglaises, le Corps des Long Bow est surpris faisant une pause à Patay et, inorganisés, quasiment tous ses archers sont massacrés par des charges de cavalerie[7][réf. insuffisante]. Le Corps ne sera pas reconstitué et sera totalement éliminé une décennie plus tard par l'apparition de l'artillerie nouvelle des frères Gaspard et Jean Bureau — notamment l'artillerie de campagne — aux batailles de Formigny et Castillon, avantages combinés qui mettront fin au conflit.
Plusieurs biographies modernes soutiennent souvent comme date de naissance le 6 janvier en se basant sur la source unique qui donne une date exacte correspondant opportunément à l'Épiphanie : la lettre mythographique du diplomate du royaume de France Perceval de Boulainvilliers au duc de Milan écrite le 21 juin 1429 : « Elle est venue à la lumière de notre vie mortelle dans la nuit de l'Épiphanie du Seigneur ». En fait, comme ses contemporains, elle ne pouvait qu'estimer son âge. Plusieurs témoins (notamment ses parrains et ses marraines) à son procès en hérésie et son second procès en réhabilitation ont donné son âge, environ dix-neuf ans, ce qui a permis par recoupement de donner comme année de naissance 1412. La pratique de noter les naissances dans les registres paroissiaux pour les gens d'origine non aristocratique n'a commencé que plusieurs générations plus tard si bien que l'acte de baptême de Jeanne d'Arc n'a pas été enregistré.
Le mercredi 21 février 1431 lors du procès tenu à Rouen, les juges procèdent au premier interrogatoire de Jeanne d'Arc après sa prestation de « serment de dire la vérité sur les points qui toucheraient à sa foi. » Ils lui demandent « ses nom et surnom[34],[35]. »
Or, au XVe siècle, le terme « surnom » (cognomen) peut désigner de manière ambiguë le surnom ou le nom de famille. Le terme « nom » lui-même signifie alternativement « nom de baptême » (autrement dit le prénom) ou nom de famille[36].
Ces équivoques suscitent probablement l'incompréhension de Jeanne puisqu'elle affirme initialement ignorer son « surnom. » Au demeurant, le médiéviste Olivier Bouzy interprète sa réponse comme une marque de prudence consistant à éluder les questions relatives au surnom de « Pucelle. » En raison des « arrière-plans symboliques » éventuellement établis avec la Vierge Marie dans l'esprit des juges, le sobriquet de la prisonnière risquerait d'entraîner des accusations d'orgueil, voire de blasphème[37].
Quoi qu'il en soit, Jeanne d'Arc mentionne comme surnoms ses patronyme (d'Arc) et matronyme (Rommée) lors d'un interrogatoire ultérieur, le samedi 24 mars 1431[38],[39],[40],[36].
Les prononciations « Daly » et « Day » correspondent à l'accent lorrain. À Orléans, Jean et Pierre, les frères de Jeanne, se font appeler ultérieurement « Duly » ou « du Lys » ; de fait, les armoiries conférées à Jeanne en mai 1429, à la suite de la levée du siège d'Orléans, comportent des fleurs de lys. Il s'agit probablement là d'un jeu de mots d'ordre héraldique reflétant la prononciation particulière du patronyme[42].
Le nom « d'Arc » en français apparaît notamment dans un sonnet anonyme, imprimé en 1576 à Orléans, qui célèbre la noblesse conférée par Charles VII à la Pucelle et déclenche la redécouverte littéraire de ce personnage[45].
Hypothèse folklorique, selon Colette Beaune, d'une maladie qu'elle aurait contractée, en gardant le troupeau de vaches de son père.
Lors du procès de Rouen, le réquisitoire du promoteur Jean d'Estivet dénature l'épisode de Neufchâteau auprès de La Rousse afin d'assimiler la Pucelle à une « fille d'auberge » aux mœurs légères[60],[61].
Selon la tradition picturale, les modèles vestimentaires et capillaires anachroniques dépeignent la mode courante à l'époque de la composition des miniatures et ne reflètent aucunement les années 1420-1430[69].
Selon l'historienne Françoise Michaud-Fréjaville, « le terme utilisé par le Procès de condamnation est étonnant : [Jeanne d'Arc] avait tonsis capellis in rotundum ad modum mangonum, c'est-à-dire rasés en rond comme un coquet, un jeune à la mode. Le mot mangone ne désigne pas un page comme on le traduit d'habitude, mais un personnage qui améliore une apparence pour la présenter à son avantage (« relooker », si j'ose dire)[71]. »
La médiéviste ajoute que les juges ou les greffiers du procès de Rouen emploient à dessein le mot latin mango, usité initialement pour désigner le fardage d'une marchandise, afin d'évoquer l'apparence censément « contre nature » de la Pucelle. Du reste, mango finira par donner le terme péjoratif « muguet » qui qualifie un jeune élégant.
Les compagnons d'armes de Jeanne, les capitaines de ses compagnies, Jean Poton de Xaintrailles, La Hire, Thibault d'Armagnac, sont en effet choisis parmi les gascons du parti des Armagnacs parce que, disait-elle, « ils estaient tous soldats fols et adventureux qui ne voulaient pas rester rasibus des murailles pour esviter les traicts, mais allaient jouer de l'espée en pleins champs », ce qui lui valut d'être surnommée « l'Armagnacaise » et affublée d'un qualificatif injurieux par les Anglais lors du siège d'Orléans[79].
L'historien médiéviste Philippe Contamine suggère que les Bourguignons détenaient peut-être cet anneau depuis la capture de Jeanne d'Arc à Compiègne le 23 mai 1431[143].
« Interrogée si les têtes susdites [des saints Gabriel et Michel ainsi que des saintes Catherine et Marguerite] avec les couronnes portaient des anneaux aux oreilles ou ailleurs :
Elle répondit « Je n'en sais rien ».
Interrogée si elle-même avait quelques anneaux :
Elle répondit, en parlant à nous, évêque susdit : « Vous en avez un à moi ; rendez-le moi ». Item elle dit que les Bourguignons ont un autre anneau. Et elle nous demanda que, si nous avions l'anneau susdit, nous le lui montrions.
Interrogée qui lui a donné l'anneau qu'ont les Bourguignons :
Elle répondit que c'était son père ou sa mère et il lui semble qu'y étaient ces noms JÉSUS MARIE ; elle ne sait qui les fit écrire et il n'y avait pas de pierre, à ce qu'il lui semble. Et cet anneau lui fut donné à Domremy. Item elle dit que son frère lui donna l'autre anneau que nous avions et qu'elle nous chargeait de le donner à l'église. Item elle dit que jamais elle ne guérit qui que ce fût, par l'un de ses anneaux[144]. »
« Interrogée de quelle matière était l'un de ses anneaux sur lequel était écrit ces noms JÉSUS MARIE ?
Elle répondit qu'elle ne le sait proprement pas, et s'il était d'or, il n'était pas d'or fin ; et elle ne sait si était d'or ou de laiton ; et elle pense qu'il y avait sur lui trois croix et pas d'autre signe qu'elle sache, excepté ces noms JÉSUS MARIE.
Interrogée : pourquoi regardait-elle volontiers ledit anneau quand elle allait à quelque fait de guerre ?
Elle répondit que c'était par plaisance et pour l'honneur de ses père et mère ; et elle, ayant l'anneau à sa main et à son doigt, toucha sainte Catherine lui apparaissant sous forme visible[146]. »
« Un collègue scientifique m'a d'ailleurs fait remarquer que le motif floral présent sur l'anneau daterait plutôt de la toute première Renaissance, c'est-à-dire aux alentours des années 1492, 1500 », témoigne Olivier Bouzy. L'historien conclue que « l'anneau est probablement un authentique du XVe siècle. Mais il s'agit d'un objet de piété. On ne peut pas imaginer qu'il a été fait sur mesure pour Jeanne d'Arc. Ce sont sans doute des bijoux qui ont été faits en grande quantité à l'époque. Je ne dis pas que l'anneau n'a pas appartenu à Jeanne d'Arc, mais pour l'instant, les informations que l'on a ne sont pas convaincantes[151]. »
Références |
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Boris Bove, Le temps de la guerre de Cent ans : 1328-1453, Paris, Belin, coll. « Histoire de France », 2009, 669 p. (ISBN 978-2-7011-3361-4, présentation en ligne), p. 544-545.
Le jour et le mois ne sont pas connus exactement : lorsqu'on lui demande son âge durant son procès, elle répond « 19 ans, environ, je pense. » – Source : Le procès de Jeanne d'Arc.
https://www.herodote.net/18_avril_1909-evenement-19090418.php.
http://www.eure.gouv.fr/content/download/11719/72644/file/123%20les%20saints%20et%20leurs%20attributs.pdf.
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Jean Favier, Pierre Cauchon : comment on devient le juge de Jeanne d'Arc, Paris, Fayard, 2010, 748 p. (ISBN 978-2-213-64261-1, présentation en ligne), p. 242.
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(en) Anne Curry, « Two Kingdoms, One King : The Treaty of Troyes (1420) and the Creation of a Double Monarchy of England and France », dans Glenn Richardson (dir.), The Contending Kingdoms' : France and England 1420–1700, Aldershot, Ashgate Publishing, 2008, X-191 p. (ISBN 978-0-7546-5789-7, présentation en ligne), p. 23.
Auguste Longnon, « Les limites de la France et l'étendue de la domination anglaise à l'époque de la mission de Jeanne d'Arc », Revue des questions historiques, Paris, Librairie de Victor Palmé, t. XVIII, juillet 1875, p. 444-546 (lire en ligne).
Philippe Contamine, Charles VII : une vie, une politique, Paris, Perrin, 2017, 560 p. (ISBN 978-2262-03975-2), p. 302.
Philippe Contamine, « Normandie », dans Contamine, Bouzy et Hélary 2012, p. 880-881.
Philippe Contamine, Charles VII : une vie, une politique, Paris, Perrin, 2017, 560 p. (ISBN 978-2262-03975-2), p. 195.
Olivier Bouzy, « Paris (Île-de-France) », dans Contamine, Bouzy et Hélary 2012, p. 902.
André Joubert, « Documents inédits pour servir à l'histoire de la guerre de Cent-Ans dans le Maine de 1424 à 1444, d'après les Archives du British Museum et du Lambeth Palace de Londres », Revue historique et archéologique du Maine, Mamers / Le Mans, G. Gleury & A. Dangin / Pellechat, t. 26, 1889, p. 244 (lire en ligne).
René Planchenault, « La conquête du Maine par les Anglais. La campagne de 1424-1425 », Revue historique et archéologique du Maine, Le Mans, imprimerie Monnoyer, t. LXXXI, 1925, p. 3-31 (lire en ligne).
Philippe Contamine, « Yolande d'Aragon et Jeanne d'Arc : l'improbable rencontre de deux parcours politiques », dans Éric Bousmar, Jonathan Dumont, Alain Marchandisse et Bertrand Schnerb (dir.), Femmes de pouvoir, femmes politiques durant les derniers siècles du Moyen Âge et au cours de la première Renaissance, Bruxelles, De Boeck, coll. « Bibliothèque du Moyen Âge », 2012, 656 p. (ISBN 978-2-8041-6553-6), p. 17-18.
Jean-Pierre Leguay et Hervé Martin, Fastes et malheurs de la Bretagne ducale, 1213-1532, Rennes, Éditions Ouest-France, coll. « Université », 1982, 435 p. (ISBN 2-85882-309-X, présentation en ligne), p. 194.
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« In nocte Epiphaniarum Domini (…) » (« Dans la nuit de l'Épiphanie du Seigneur »), lettre de Perceval de Boulainvilliers au duc de Milan, Philippe Marie Visconti (21 juin 1429), dans Quicherat 1849, p. 116, [lire en ligne].
Symphorien Bougenot apporte des corrections au texte établi par Jules Quicherat (Symphorien Bougenot, « Notices et extraits de manuscrits intéressant l'Histoire de France conservés à la bibliothèque impériale de Vienne (XIIIe-XVIe siècles) », Bulletin du Comité des travaux historiques et scientifiques. Section d'histoire et de philologie, no 1, 1892, p. 58 (lire en ligne)).
Lettre de Perceval de Boulainvilliers au duc de Milan du 21 juin 1429, [lire en ligne].
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Gerd Krumeich, « La date de la naissance de Jeanne d'Arc », dans Guyon et Delavenne 2013, p. 21-31.
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Olivier Bouzy, « La famille de Jeanne d'Arc, ascension sociale d'un lignage roturier du XIVe au XVIe siècle », dans Guyon et Delavenne 2013, p. 36, fig. 1 ; p. 38, fig. 3.
Bernard Mugnier, La basilique Sainte-Jeanne-d'Arc de Domrémy-la-Pucelle : monument national de la reconnaissance française à Jeanne d'Arc, Langres, Dominique Guéniot éditeur, 2001, 483 p. (ISBN 2-87825-216-0, présentation en ligne), p. 87.
Françoise Michaud-Fréjaville, « Dans son pays on l'appelait Jeannette… Essai sur le discours et l'usage anthroponymique dans les Procès de Jeanne d'Arc », dans Michaud-Fréjaville 2005, p. 144, [lire en ligne].
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« En l’an de grâce 1428 Jeanne d'Arc, diocésaine de Toul, comparut ici devant l'officialité de l'évêque Henri de Ville présidée par Frédéric de Maldemaire doyen de Saint Genoult dans un procès matrimonial que lui fit un jeune homme de Domremy. Ses juges l'ayant déclarée libre de tout lien, Jeanne d'Arc put entreprendre sa merveilleuse chevauchée et sauver la France ».
Contamine, Bouzy et Hélary 2012, p. 72.
Contamine, Bouzy et Hélary 2012, p. 73.
« De Jeannette de Domrémy à Jeanne d’Arc », documentaire de Perrine Kervran et Veronique Samouiloff avec Olivier Bouzy, Magali Delavenne, Jean Luc Demandre, Catherine Guyon, La Fabrique de l'histoire, 31 janvier 2012.
Olivier Bouzy, « Le dossier médical de Jeanne d’Arc », L'Histoire, no 210 « Jeanne d'Arc une passion française », mai 1997, p. 58-59.
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Pierre Duparc, « Deuxième partie. Une Jeanne historique », dans Duparc 1988, p. 176.
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Témoignage au procès en nullité (tenu en 1456) de Jean Morel, parrain de Jeanne d'Arc et laboureur à Greux, village sis près de Domrémy, dans Duparc 1983, p. 241.
Témoignage au procès en nullité (tenu en 1456) de Béatrice, veuve d'Estelin et marraine de Jeanne d'Arc, dans Duparc 1983, p. 246-247.
Témoignage au procès en nullité (tenu en 1456) de Gérard Guillemette, laboureur à Greux, dans Duparc 1983, p. 262.
Olivier Bouzy, « De Jeannette à Jeanne la Pucelle : la vie cachée et les voix », dans Contamine, Bouzy et Hélary 2012, p. 60.
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Olivier Bouzy, « De Vaucouleurs à Blois : l'entrée en scène de Jeanne d'Arc », dans Contamine, Bouzy et Hélary 2012, p. 103-104.
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Adrien Harmand, Jeanne d'Arc : ses costumes, son armure : essai de reconstitution, Paris, imprimerie Aulard, librairie Ernest Leroux, 1929, 403 p., p. 22-23.
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Adrien Harmand, Jeanne d'Arc. Ses costumes. Son armure. Essai de reconstitution, Paris, imprimerie Aulard, librairie Ernest Leroux, 1929, 403 p., p. 35.
Ce mythe de la reconnaissance est une invention de chroniqueur médiéval, cette anecdote n'étant mentionnée que dans la Chronique de la Pucelle de Guillaume Cousinot de Montreuil rédigée en 1467 ([lire en ligne]).
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Colette Beaune, Jeanne d'Arc : Vérités et légendes, Paris, Perrin, 2008, 234 p. (ISBN 2-262-02951-2, notice BnF no FRBNF41345061, lire en ligne).
Contamine, Bouzy et Hélary 2012, p. 120.
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Philippe Contamine, Jeanne D’Arc, femme providentielle, dans « L'ombre d'un doute », 4 décembre 2011.
Françoise Michaud-Fréjaville, « Jeanne d’Arc, dux, chef de guerre. Les points de vue des traités en faveur de la Pucelle », dans Michaud-Fréjaville 2005, p. 189-197, [lire en ligne].
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Philippe Contamine, « Le procès de Jeanne d’Arc », émission La Marche de l'histoire sur France Inter, février 2012.
Le bourreau Thérage invoquera plus tard le prétexte de cette hauteur pour expliquer qu'il ne l'avait pas étranglée, pratique fréquente sur les femmes condamnées consistant pour le bourreau, masqué par la fumée, à asphyxier la victime avec une discrète cordelette nouée préalablement autour de son cou, ce qui abrégeait ses souffrances.
Bouzy 2008, p. 146.
Le Journal d'un bourgeois de Paris relaye cette rumeur en 1440, époque où se manifeste l'impostrice Jeanne des Armoises.
Beaune 2008, p. 121.
Bouzy 2013, p. 275.
Il aurait déclaré à Isambard de la Pierre et Martin Ladvenu qu'il craignait pour son âme car il avait brûlé une sainte (Régine Pernoud. Vie et mort de Jeanne d'Arc - Les témoignages du procès de réhabilitation 1450-1456).
« Le service de Médecine légale de l'UVSQ enquête sur l'authenticité des reliques attribuées à Jeanne d'Arc », UVSQ Mag, Le Journal de l'université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, no 12, avril 2006.
Philippe Charlier, Médecin des morts. Récits de paléopathologie, Fayard, 2006, p. 307.
Régine Pernoud, Jeanne d'Arc, Paris, Seuil, 1981, 126 p. (ISBN 2-02-005975-4), p. 86-87.
Jeanne d'Arc devant ses juges, Place des éditeurs, 2013, 162 p. (lire en ligne).
Voir sur Wikisource la Sentence de réhabilitation de Jehanne la Pucelle (7 juillet 1456).
http://www.stejeannedarc.net/rehabilitation/dep_albert_d_ourches.php.
Déposition d'Aubert d'Ourches.
Danièle Bohler, Écritures de l'Histoire : XIVe siècle-XVIe siècle, Librairie Droz, 2005, p. 403-404.
Copié en six exemplaires, deux existent encore à la Bibliothèque nationale de France et un à l'Assemblée Nationale.
Pierre Marot, « La minute française du procès de Jeanne d'Arc », Revue d'histoire de l'Église de France, vol. 39, no 133, 1953, p. 225-237 (lire en ligne).
Comme nous l'apprend le procès en nullité, cf. Colette Beaune, op. cit., p. 27.
Voir sur Wikisource les Lettres d'anoblissement accordées à Jehanne la Pucelle et à sa famille.
Olivier Hanne, « Légende et rumeur publique du vivant de Jeanne d'Arc », Jeanne d'Arc et la guerre de Cent Ans, vol. 3, 2013, p. 68-75 [lire en ligne].
Olivier Hanne, « De la venue de Jeanne, de Jacques Gélu », Jeanne d'Arc et la guerre de Cent Ans, vol. 1, 2012, p. 2-5 [lire en ligne].
Cf. Henri Guillemin, Jeanne dite Jeanne D'Arc, Gallimard, p. 64 : « Une pucelle (du latin puella, la jeune fille), dans l'usage courant, c'est une servante. ».
Jeanne d’Arc et les Prophéties de Merlin.
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Gerd Krumeich, Histoire de Jeanne d'Arc, La Fabrique de l'histoire, 30 janvier 2012.
La Pucelle d'Orléans de Voltaire (1762).
Pierre Marot, « De la réhabilitation à la glorification de Jeanne d’Arc. Essai sur l’historiographie et le culte de l’héroïne en France pendant cinq siècles », dans Mémorial du Ve centenaire de Jeanne d’Arc, 1436-1956, Paris, 1958.
Journal général de la littérature de France, p. 13, 49 et 79.
Histoire de Jeanne d'Arc, tome 3, p. 357.
Histoire de Jeanne d'Arc, surnommée la Pucelle d'Orléans, tirée de ses propres déclarations, de cent quarante-quatre dépositions de témoins oculaires, et des manuscrits de la bibliothèque du roi de la tour de Londres, en quatre volumes, édition Arthus Bertrand, Paris (en ligne, Tome1, Tome2, Tome3, Tome4).
On trouve sur le site de la Bibliothèque nationale de France en ligne les critiques littéraires de 1818 sur la sortie de cet ouvrage charnière : Journal général de la littérature de France ou Répertoire méthodique 1818, pages 13, 49 et 79.
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Bouzy 2008, p. 19.
Olivier Bouzy, Jeanne d'Arc : l'histoire à l'endroit !, éditions CLD, 2008, p. 219.
Yann Rigolet, « Entre procès d’intention et générations successives : historiographie du mythe Jeanne d’Arc de la Libération à nos jours », dans François Neveux (dir.), De l'hérétique à la sainte. Les procès de Jeanne d'Arc revisités : actes du colloque international de Cerisy, 1er-4 octobre 2009, Caen, Presses universitaires de Caen, coll. « Symposia », 2012, 343 p. (ISBN 978-2-84133-421-6, présentation en ligne, lire en ligne), p. 249-272.
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- Le 27 février 1430 (traduction du latin) : « Interrogée si, lorsqu’elle vint à Orléans, elle avait une enseigne, en français estandard ou bannière, et de quelle couleur il était, elle répond qu’elle avait une enseigne dont le champ était semé de lys, et il y avait là le monde figuré et deux anges sur les côtés, et il était de couleur blanche, de toile blanche ou boucassin, et étaient là ces devises : Jhésus Maria, ainsi qu’il lui semble, et les franges étaient de soie ».- Le 17 mars, dans l’après-midi (minute en français) : « Interroguee se ses deux angelz qui estoyent painctz en son estandard representoyent sainct Michiel et sainct Gabriel : respond qu’ils n’y estoient fors seulement pour l’onneur de Nostre Seigneur, qui estoit figuré tenant le monde. Interroguee se ces deux angles, qui estoient figurés en l’estaindart estoient les deux angles qui gardent le monde, et pourquoy il n’y en avoit plus, veu qu’il luy estoit commandé par Nostre Seigneur qu’elle painst cel estaindard : respond tout l’estaindard estoit commandé par Nostre Seigneur, par les voix de sainctes Katherine et Marguerite qui luy dirent : pren l’estaindart de par le roy du Ciel, et pour ce qu’ilz luy dirent : pren l’estaindard de par le roy du Ciel elle y f ist faire celle figure de nostre Seigneur et de deux angles et de couleur et tout le f ist par leur commandement ».
« et fit faire au dit lieu de Poitiers son estandart auquel y avoit un escu d’azur et un coulon blanc dedans icelluy estoit, lequel tenoit un role en son bec ou avoit escrit « de par le roy du ciel » ».
Photographie de la tapisserie Azeglio représentant Jeanne d'Arc à cheval arrivant au château de Chinon et tenant son étendard blanc où se voient l'image de Dieu assis entre deux anges, les mots IHESVS MARIA et trois fleurs de lys…. Le Marquis d'Azeglio accepta de céder ce trésor à la ville d'Orléans pour la somme proposée de 600 francs, en y mettant comme condition que cette somme soit distribuée pour le soulagement des familles pauvres d'Orléans, à l'occasion du prochain mariage de la princesse Clotilde de Savoie.
Remise de la copie du drapeau de Jeanne d'Arc par lord Tyrrell ambassadeur d'Angleterre à Monsieur Doumer.
Daniel Couty, Jean Maurice, Images de Jeanne D'Arc, Presses Universitaires de France, 2000, p. 114.
Ferdinand de Liocourt, La mission de Jeanne d'Arc, Paris, Nouvelles Éditions latines, 1974 et 1981, 2 volumes.
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Ernest Tourlet, « Le Bocal de Chinon. Restes trouvés sous le bûcher de Jeanne d'Arc, pucelle d'Orléans (relation écrite vers 1895) », Bulletin de la Société des Amis du Vieux Chinon, VII, 6, 1972, p. 526-533. L'immeuble dans lequel se trouvait cette pharmacie avait été exproprié et c'est lors du déménagement que fut découvert un droguier, boîte portative destinée à contenir des drogues ou des médicaments, dans un réduit dépendant des greniers. Le pharmacien, qui ignorait l'existence de ce droguier et qui n'y attachait aucun intérêt, permit à M. Noblet de le conserver. Ce dernier montra sa trouvaille à M. Tourlet qui, après examen, découvrit le bocal aux « reliques » parmi d'autres flacons d'aspect identique. M. Noblet conserva le bocal jusqu'en 1876, date à laquelle il le confia à M. Ernest Tourlet qui l'emporta avec lui à Chinon.
Entretien donné par Philippe Charlier sur Europe 1, confirmée quelques jours plus tard par un article dans la revue Nature.
Julie Deramond, Jeanne d'Arc en procès, au théâtre et en musique, Les procès de Jeanne d'Arc, (François Neveux dir.), Caen, Presses universitaires de Caen, 2012.
Thomas de Quincey, Jeanne d'Arc, Stalker Éditeur, Paris, 2007 (traduction française).
Hervé Dumont, Jeanne d'Arc, de l'histoire à l'écran : cinéma & télévision, Paris / Lausanne, Favre / Cinémathèque suisse, 2012, 173 p. (ISBN 978-2-8289-1270-3, présentation en ligne).
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Le blason et la devise de Jeanne d'Arc.
Stejeannedarc.net.
Minutes du procès de Jeanne d'Arc, trad. R. P. Dom H. Leclercq, 1906.
Entretien de Laurent Ridel, historien sur les derniers mois de Jeanne d'Arc à Rouen.
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