Bombe anti-piste
Une bombe anti-piste est une bombe développée spécifiquement dans le but d'augmenter l'efficacité d'un bombardement conventionnel sur une piste.
L'aviation prit au cours de la Seconde Guerre mondiale un rôle vital dans la conduite des opérations, et la conquête de la supériorité aérienne passe aussi par la destruction des installations aériennes ennemies. Avec l'adoption des avions à réaction, les pistes sont devenues plus longues et requièrent généralement un revêtement en dur. Elles sont repérables à l'avance, et font partie des premiers objectifs d'une campagne aérienne à l'ouverture d'un conflit armé.
Bombe pénétrante utilisant une fusée |
La bombe anti-piste Matra Durandal française est conçue pour être larguée à basse altitude au-dessus de l'objectif. Une fois larguée, un parachute se déploie pour stabiliser l'engin dans une position verticale. Une fusée se déclenche qui précipite l'arme à très grande vitesse vers la piste où elle s'enfonce profondément. Ce n'est qu'ensuite qu'elle explose, créant un cratère d'environ 5 mètres de profondeur et 16 de large. Une version antérieure de l'arme fut développée en collaboration avec l'armée de l'air israélienne, et fut utilisée dans les raids aériens menés contre les pistes des aéroports égyptiens au cours de l'Opération Focus (hébreu : מבצע מוקד, Mivtza Moked) en déclenchement de la Guerre des Six Jours. Cette opération démontra l'efficacité du concept et immobilisa totalement l'aviation égyptienne, qui fut ensuite détruite au sol par des bombardements conventionnels.
Une bombe Durandal pèse environ 204 kg pour 2,5 m de long. La tête explosive contient 15 kg d'explosifs. L'armée de l'air française s'équipa de la Durandal en 1977, et l'US Air Force l'adopta au cours des années 1980 sous la désignation BLU-107 Durandal. Les capacités de cette arme en font également un armement possible dans un rôle anti-bunker.
La bombe BAP 100 utilise un principe similaire.
Armement à sous-munitions |
Le JP233 est un système de largage de sous-munitions anti-pistes développé par les britanniques pour équiper leur avions Tornado. Il prend la forme de deux pods fixés sous les ailes et contenant plusieurs centaines de sous-munitions à largage ralenti par parachutes. La partie arrière du pod contient 30 sous-munitions SG-357 de 26 kilos composées d'une charge creuse qui perfore la piste et d'une seconde charge explosive qui crée un large cratère. La partie avant du pod JP233 contient 215 mines antipersonnel HG-876 à explosions retardées ou déclenchées, empêchant toute réparation rapide de la piste.
Utilisé au cours de la première guerre du golfe, le JP 233 se révèle peu pratique et risqué, car exposant trop l'appareil et son équipage. Le recours à des sous-munition entre également en conflit avec la signature par le Royaume-Uni de plusieurs traités relatifs à l'usage des mines antipersonnel et les sous-munitions. Il est retiré du service peu après, au profit d'armement moins spécifique.
Le MW-1(Mehrzweckwaffe 1) est un système polyvalent de largage de sous-munitions équipant les tornados allemands et italiens, au principe similaire à la JP233. Moins spécifique, il est développé pour larguer plusieurs types de sous-munitions, y compris des sous-munitions STABO anti-pistes. Des mélanges de plusieurs types de sous-munitions sont également possibles, le Mix 2 étant spécifiquement préparé contre les pistes. Suite aux discussions internationales sur l'usage des sous-munitions, l'Italie a ordonnée la destruction des MW 1 équipant ses forces aériennes.
La bombe lance grenade BLG 66 Belouga est une bombe à sous-munition anti-piste entrée en service en 1979. La France a retiré du service cette arme, conformément à sa politique vis-à-vis des armes à sous-munitions.
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