Chutes du Niagara
Pour les articles homonymes, voir Niagara.
Autres noms | Chutes Niagara |
---|---|
Identifiant WWD | 106 |
Adresse | État de New York Canada États-Unis |
---|---|
Localisation | Niagara Falls (Ontario) Niagara Falls (New York) |
Coordonnées | 43° 05′ 00″ N, 79° 04′ 14″ O |
Sauts | 3 |
---|---|
Plus grand saut | 51 m |
Largeur | 945 m |
Débit | 2 800 m3/s |
---|---|
Cours d'eau | Niagara |
Bassin versant | Saint-Laurent |
Les chutes du Niagara ou chutes Niagara (en anglais : Niagara Falls) sont un ensemble de trois chutes d’eau situées sur la rivière Niagara qui relie le lac Érié au lac Ontario, dans l’est de l’Amérique du Nord, à la frontière entre le Canada et les États-Unis :
- le « Fer à Cheval » (Horseshoe Falls) ou chutes canadiennes ;
- les « chutes américaines » (American Falls) ;
- le « voile de la mariée » (Bridal Veil Falls), d’une taille moindre.
Bien qu’elles ne soient pas particulièrement hautes, les chutes du Niagara sont très larges. Avec un débit[1] de plus de 2 800 m3/s, elles sont les chutes les plus puissantes d’Amérique du Nord[N 1] et parmi les plus connues[2] à travers le monde.
Renommées pour leur beauté, les chutes du Niagara sont aussi une source immense d’énergie hydroélectrique et leur préservation est un défi écologique. Cette merveille naturelle, haut-lieu du tourisme depuis plus d’un siècle, est partagée par les villes jumelles de Niagara Falls (New York) aux États-Unis et Niagara Falls (Ontario) au Canada.
Sommaire
1 Formation
2 Histoire
3 Impact sur l'industrie et le commerce
4 Efforts de préservation
5 Exploits
6 Dans la culture
6.1 Beaux-Arts
6.2 Cinéma et télévision
6.3 Littérature
6.4 Culture populaire
7 Tourisme
8 Notes et références
8.1 Notes
8.2 Références
9 Bibliographie
10 Voir aussi
10.1 Articles connexes
10.2 Liens externes
Formation |
Les chutes du Niagara, ainsi que la rivière Niagara et les Grands Lacs nord-américains, sont apparues lors de la déglaciation qui a suivi la période glaciaire du
Wisconsin, il y a environ 30 000 à 50 000 ans. Durant cette période,cette région était couverte par un énorme glacier continental (inlandsis laurentidien) qui en fluant vers le sud depuis le territoire canadien oriental a broyé et transporté roches et sols sur son parcours. Il a surcreusé des vallées, emplacements des futurs lacs, et en a barré d’autres par des moraines.
Pendant et après la fonte de l'inlandsis, les cours d’eau ont dû se frayer un chemin vers le nord-ouest, dans une topographie bouleversée, en incisant de nouveaux lits. La localisation actuelle du canal Welland correspondrait à une ancienne vallée. Les flots provenant des Grands Lacs en amont formèrent l’actuelle rivière Niagara. Celle-ci ne pouvant plus suivre son ancienne vallée remblayée emprunta alors un nouvel exutoire passant par un escarpement de regard nord qu'il éroda en gorges. Cet escarpement est un front de cuesta dû à un pendage monoclinal vers le sud[3] et à la résistance de la formation géologique du Lockport[4] (-415 millions d’années, Silurien), résistante à l'érosion, entre le lac Érié et le lac Ontario. La partie inférieure de l'escarpement, composée de roches marines largement antérieures à la dernière glaciation, a ainsi été soumise à l'érosion de la rivière Niagara. Trois principales formations géologiques sont à l'affleurement dans les gorges du Niagara.
La rivière nouvellement établie rencontra d'abord la résistante formation du Lockport, dont l’érosion se fit beaucoup plus lentement que celle des roches plus tendres situées en dessous. La photo aérienne montre clairement le chapeau rocheux composé de la roche dure de la formation de Lockport (Silurien moyen), en amont des rapides. Son dénivelé représente environ le tiers supérieur de la hauteur des chutes. Cette formation est composée d’une couche très dense et très dure de calcaire et de dolomite.
Les deux tiers inférieurs de l'escarpement laissent apparaître la formation de Rochester (Bas Silurien), une couche beaucoup plus tendre et friable, avec un pendage plus fort. Elle est principalement composée de marne, bien qu’entrecoupée de fines couches de pierre calcaire, et contient de nombreux fossiles. Cette couche s'érodant plus rapidement, la rivière a contourné de part et d'autre l'éminence rocheuse dure et a creusé les chutes.
Submergée sous la rivière, dans la vallée inférieure, à l’abri des regards, se situe la formation de Queenston (Ordovicien supérieur), composée de schistes et de grès fins. Les trois formations proviennent d’une ancienne mer, et leurs différents faciès sont issus d’un changement de conditions de cette mer.
À l’origine, les chutes du Niagara étaient proches du site actuel de Lewiston dans l'État de New York et de Queenston en Ontario, mais l’érosion de ces crêtes a causé le recul des chutes d’eau de quelques kilomètres. Juste en amont de l’endroit actuel des chutes, Goat Island divisa le courant de la rivière Niagara, ce qui eut pour conséquence de séparer le « Fer à Cheval » à l’ouest des chutes américaines et Bridal Veil à l’est. Bien que l’érosion et la récession des chutes aient été ralenties dernièrement grâce aux nouvelles technologies, les chutes vont sans doute reculer assez loin pour drainer la plupart du lac Érié, dont le fond est plus profond que la hauteur des chutes. Les ingénieurs s’efforcent aujourd’hui de réduire le taux d’érosion pour retarder cet événement aussi longtemps que possible.
Les chutes tombent d’une hauteur de 52 mètres (170 pieds), bien qu'en ce qui concerne les chutes américaines l’on ne puisse voir clairement qu'une hauteur de 21 mètres (70 pieds) avant que l'eau n’atteigne un amas de roches brisées provenant d’un énorme rocher tombé en 1954. Les chutes canadiennes, les plus larges, ont une longueur d’environ 792 mètres (2 600 pieds), alors que les chutes américaines sont larges seulement de 323 mètres (1 060 pieds). Le débit des chutes durant la haute saison est de 5 720 m3/s. Pendant l’été, lors de la déviation maximale de l'eau servant à la production hydroélectrique, le débit chute à 2 832 m3/s, dont près de 90 % passent par « le Fer à Cheval ». Ce débit est encore divisé par deux durant la nuit, quand la majeure partie de la déviation de l'eau à des fins hydroélectriques se produit.
Histoire |
Le mot « Niagara » semble venir du mot iroquois Onguiaahra (« le détroit »). À l’origine, les habitants de cette région étaient les Ongiara, une tribu iroquoise nommée les « neutres » par des colons français, qui les trouvèrent utiles pour régler les conflits avec les autres tribus.
Selon des légendes amérindiennes, Lelawala, une magnifique jeune femme, fut fiancée par son père à un brave homme qu’elle méprisait. Plutôt que de se marier, Lelawala choisit de se sacrifier à son véritable amour He-No, le dieu du tonnerre qui vivait dans une cave derrière le « Fer à Cheval ». Elle amena son canoë jusqu’au rapide de la rivière Niagara et fut renversée par-dessus bord. He-No la rattrapa alors qu’elle tombait et leurs esprits seraient liés ensemble à jamais dans le sanctuaire du dieu du tonnerre, à l’abri des chutes.
Une polémique existe pour savoir quel Européen fut le premier à fournir des descriptions écrites et orales des chutes du Niagara. La zone fut visitée par Samuel de Champlain dès 1604. Des membres de son expédition lui décrivirent les spectaculaires chutes d’eau qu’il décrivit dans son journal mais qu’il n’a sans doute jamais vraiment vues. Certains attribuent au naturaliste finno-suédois Pehr Kalm la description originale manuscrite faite lors d’une expédition dans la région au début du XVIIIe siècle.
Il y existe des renseignements crédibles qui indiquent que Paul Ragueneau visita les chutes 35 ans avant Hennepin[5]. Cependant, la plupart des historiens [réf. nécessaire] convient que le père Louis Hennepin observa et décrivit les chutes du Niagara beaucoup plus tôt, en 1677, après avoir parcouru la région avec l’explorateur René Robert Cavelier, sieur de la Salle, le soumettant ainsi à l’attention du monde entier. Hennepin fut aussi le premier à décrire les chutes de Saint Anthony dans le Minnesota. Il revendiqua par ailleurs avoir descendu le fleuve Mississippi jusqu’au golfe du Mexique, ce qui fut ultérieurement réfuté et porta le doute sur la validité de ses écrits et croquis des chutes du Niagara.
Pendant le XIXe siècle, le tourisme devint populaire, et ce fut une des zones touristiques les plus visitées à partir du milieu du siècle. Le frère de Napoléon, Jérôme Bonaparte les visita avec sa jeune femme au début du XIXe siècle[6]. Les nombreuses réclamations pour la création d'un passage au-dessus de la rivière Niagara ont conduit, en 1848, à la construction d'une passerelle puis à la construction du « pont suspendu de Niagara » par Charles R. Ellet.
Il fut supplanté, en 1855, par le « pont suspendu des chutes Niagara » du germano-américain John Augustus Roebling. En 1886, Leffert Buck remplaça le pont de Roebling fait de bois et de pierre par un pont en acier qui aujourd’hui encore continue de transporter des trains au-dessus de la rivière Niagara. La première voûte en acier construite à côté des chutes fut achevée en 1897. Aujourd'hui connu comme le Whirlpool Rapids Bridge (pont des rapides tourbillonnants), il transporte des véhicules, des trains, ainsi que des piétons entre le Canada et les États-Unis en passant juste au-dessous des chutes. En 1941, la « Commission des ponts des Chutes du Niagara » réalisa la troisième traversée dans la région des chutes du Niagara avec le Rainbow Bridge (pont de l'arc-en-ciel), qui transporte à la fois des piétons et des véhicules[7].
Les chutes font l'objet d'innombrables histoires, une des plus intéressantes raconte le jour où elles ont cessé de couler. Le 29 mars 1848, le grondement habituel des chutes s'est arrêté. Le flot des chutes avait fait place à un mince filet d'eau. Les gens ont accouru en foule pour observer ce phénomène invraisemblable. Certains l'ont vu comme un signe que la fin du monde approchait. D'autres se sont amusés à traverser à maintes reprises le lit de la rivière, acte qui aurait normalement causé la mort de quiconque aurait tenté de le faire. On a découvert une multitude d'objets au fond de la rivière tarie, notamment des baïonnettes, des fusils, des tomahawks et d'autres artéfacts datant de la guerre anglo-américaine de 1812. Un encombrement de la rivière par de la glace s'était formé en amont, à l'embouchure de la rivière Niagara et du lac Érié, et empêchait les eaux de descendre la rivière. Pendant la nuit du 31 mars, la glace a cédé et la rivière a recommencé à couler jusqu'aux chutes.
En particulier après la Première Guerre mondiale, le tourisme a connu un nouveau boom car les automobiles rendirent l'accès aux chutes beaucoup plus aisé.
L'histoire des chutes du Niagara, au XXe siècle, est en grande partie liée aux efforts faits pour capter l'énergie des chutes pour l'énergie hydroélectrique et pour maîtriser le développement effréné de chaque côté — américain et canadien — qui menaçait la beauté naturelle du site.
Le 5 août 1951, William « Red » Hill Jr perd la vie en tentant de sauter les chutes dans un cylindre formé de 13 chambres à air reliées et retenues par un filet, appareil bricolé sans grand moyen qu'il a baptisé « the Thing » (la « Chose ») et qui se révèle insuffisamment robuste pour supporter le choc des chutes. À la suite de cette mort, toute tentative d'acrobatie de la part du public est interdite sur les chutes.
Impact sur l'industrie et le commerce |
La puissance considérable déployée par les chutes a depuis longtemps été utilisée comme source d'énergie. C'est ainsi que, dès 1759, Daniel Joncairs construisit un petit canal en amont des chutes dans le but d'alimenter sa scierie. Plus tard, en 1805, Augustus et Peter Porter rachetèrent au gouvernement de l'État de New York l'ensemble des chutes du côté américain et agrandirent le petit canal afin de constituer de l'énergie hydraulique pour leur tannerie. En 1853, la Niagara Falls Hydraulic Power and Mining Company fut créée, qui par la suite construisit les canaux qui seraient utilisés pour produire de l'électricité. En 1881, sous la conduite de Jacob Schoellkopf, suffisamment de puissance était produite pour envoyer du courant continu afin d'éclairer les deux côtés des chutes et le village voisin, Niagara Falls.
Quand Nikola Tesla, pour qui un mémorial fut construit plus tard dans la ville de Niagara Falls, a inventé le système triphasé du courant alternatif pour le transport de l'énergie, le transport à distance de l'électricité est devenu possible. En 1883, la Niagara Falls Power Company, un successeur de la compagnie de Schoellkopf, engage George Westinghouse afin de développer un système visant à produire du courant alternatif. En 1886, grâce à l'aide de financiers célèbres comme J.P. Morgan, John Jacob Astor IV et les Vanderbilts, d'immenses conduits souterrains furent construits, menant à des turbines pouvant générer jusqu'à 100 000 chevaux-vapeurs (75 MW), et pouvant fournir en électricité une ville comme Buffalo à 32 km de là. Du côté canadien certaines compagnies privées commencèrent aussi à exploiter l'énergie hydraulique des chutes en employant soit des entreprises américaines, soit des entreprises du cru, dans leurs efforts. Le gouvernement de la province d'Ontario décida finalement de nationaliser le distribution d'électricité en 1906, approvisionnant ainsi toute la province en électricité produite par le Niagara. Au XXIe siècle, entre 50 % et 70 % du débit de la rivière sont détournés dans quatre tunnels gigantesques loin en amont des chutes. L'eau ainsi détournée passe ensuite dans des turbines hydroélectriques qui approvisionnent en électricité les parties américaines et canadiennes environnantes, avant d'être reversée dans la rivière loin en aval des chutes.
Les centrales hydroélectriques les plus puissantes sur le Niagara sont Sir Adam Beck 1 et 2 (1954) du côté canadien et la Robert Moses Niagara Power Plant (1961), ainsi que la Lewiston Pump Generating Plant, du côté américain. Ensemble, les centrales du Niagara peuvent produire environ 4,4 GW d'électricité.
En août 2005, la compagnie Ontario Power Generation, qui gère les centrales de Sir Adam Beck, a décidé de construire un nouveau tunnel de 10,2 km de long, afin d'aller collecter de l'eau plus en amont du Niagara qu'il n'est possible à présent. La fin de la construction de ce tunnel, prévue pour 2009, devait permettre d'augmenter la production d'électricité de Sir Adam Beck de 182 MW (4,2 %). La mise en service du tunnel a finalement eu lieu début mars 2013, permettant la production annuelle supplémentaire de 1 500 MW d'électricité[8],[9].
Afin de contourner les chutes, le transport fluvial emprunte le canal Welland. Il fut inauguré en 1829 et ne cessa d'être amélioré jusqu'à nos jours, les derniers travaux importants datant des années 1960-1970. Il fait maintenant partie du réseau Grands Lacs-Voie maritime du Saint-Laurent[10]. Ces détournements de trafic fluvial se sont faits aux dépens de la ville voisine de Buffalo, contribuant ainsi au déclin économique de nombre de ses entreprises, entreprises sidérurgiques et céréalières en particulier. Cependant l'augmentation d'électricité a aussi provoqué un essor économique dans la vallée de la rivière Niagara dans les années 1970. Un essor économique régional qui est depuis retombé.
Les villes jumelles de Niagara Falls (Ontario) et Niagara Falls (New York) sont reliées par 3 ponts, le Rainbow Bridge légèrement en aval, offrant la vue la plus proche sur les chutes ; le pont Whirlpool Rapids et, le pont le plus récent, le Lewiston-Queenston Bridge situé près de l'escarpement.
Les aéroports de Aéroport international des Niagara Falls et l'aéroport international de Buffalo-Niagara tirent leur nom des chutes, lesquelles ont aussi donné leur nom à l'université de Niagara, à de nombreuses entreprises régionales et à un astre céleste[N 2].
Efforts de préservation |
Pendant les deux premiers siècles après l'installation des Européens, les terres des deux côtés des chutes du Niagara appartenaient à des personnes privées. Dans les années 1870, les chutes du Niagara devinrent une importante destination touristique, le site des chutes accueillant chaque année un quart de million de visiteurs. Cependant, les touristes visitant les chutes du Niagara des deux côtés de la rivière étaient consternés par les pratiques commerciales privées qui se développaient aux abords des chutes sans aucun contrôle. Les visiteurs se voyaient souvent harcelés et l’accès au site ne leur était possible que moyennant le paiement de commissions exorbitantes.
Le mécontentement populaire a conduit à la formation du mouvement Free Niagara (« Libérer le Niagara »), qui comprenait l'artiste Frederic Edwin Church, l'architecte paysagiste Frederick Law Olmsted et le journaliste Jonathan Baxter Harrison. Une série de lettres qu'Harrison a envoyées aux journaux à Boston et à New York (réunies en 1992 dans le pamphlet The Condition of Niagara Falls, and the Measures Needed to Preserve Them (« La Situation des chutes du Niagara, et les mesures nécessaires pour les préserver ») ont eu une influence toute particulière dans le retournement de l'opinion publique en faveur de la préservation[11].
En 1878, lord Dufferin, gouverneur général du Canada, a exprimé ses préoccupations lors de son discours au cours du déjeuner de l’Ontario Society of Artists à Toronto. Il suggéra que « les gouvernements de New York et de l’Ontario, ou du Canada, devraient s’associer pour acquérir tous les droits qui ont pu être établis à l’encontre du public, et créer autour des chutes un petit parc public international (...) sous la responsabilité de bons gardiens » pour préserver le décor des chutes du Niagara. Bien que la suggestion originale de lord Dufferin ait concerné un « parc international », les deux rives, américaine et canadienne, ont développé leurs parcs séparément et indépendamment.
En 1885, l'État de New York commença à acheter les terres aux entrepreneurs, pour constituer la Niagara Falls State Park (en). La même année, la province de l’Ontario créa la Commission des parcs du Niagara. Cette dernière acquit des terrains situés le long de la rivière Niagara pour constituer le parc de la Reine Victoria aux Chutes de Niagara, totalement gratuit, qui accueillit ses premiers visiteurs le 24 mai 1888. Sous la gouverne de la Commission, ce parc s’étendant au départ sur 62,2 hectares, est devenu un parc de renom mondial de 1 720 hectares longeant toute la rivière Niagara, du lac Érié au lac Ontario, et comptant d’importants lieux historiques nationaux et provinciaux, des jardins botaniques, une école d’horticulture et des aires récréatives[12]. Ces deux organismes ont réussi remarquablement dans les opérations de restrictions du développement des chutes et de la rivière Niagara.
Jusqu'à récemment, les chutes ont reculé vers le sud à cause de l'érosion de 0,6 à 3 m par an et sont maintenant à 11 km de leur point d'origine. Ce processus a été ralenti par le détournement de quantités d'eau croissantes de la rivière Niagara dans des centrales hydroélectriques, aussi bien aux États-Unis qu'au Canada. Le 2 janvier 1929, le Canada et les États-Unis sont parvenus à un accord sur un plan d'action visant à préserver les chutes. En 1950, les deux pays signèrent le Traité concernant la dérivation d'eau du Niagara[13].
Outre le détournement de l'eau vers les centrales hydroélectriques, les efforts de contrôle de l'érosion ont établi des déversoirs souterrains visant à rediriger les courants les plus dévastateurs, et finalement des renforcements mécaniques en haut des chutes. Les travaux les plus spectaculaires ont eu lieu en 1969. En juin, le cours d'eau fut complètement détourné des chutes américaines pendant plusieurs mois grâce à la construction d'un barrage temporaire de terre et de pierre (clairement visible en haut à droite de la photo), ce qui eut pour effet d'arrêter les chutes américaines. Pendant que les chutes canadiennes accueillaient le débit supplémentaire, le corps des ingénieurs de l’United States Army a étudié le lit de la rivière et a comblé mécaniquement les fissures qui auraient autrement accéléré le retrait des chutes américaines. Un projet datant de 1954 d'enlever une énorme quantité d'alluvions fut finalement abandonné pour raison budgétaire, et en novembre 1969, le barrage temporaire fut dynamité, redonnant leur débit aux chutes américaines qui avaient été stoppées quelque temps, l'armée ayant fait dévier le cours du fleuve[14].
Après cette entreprise, Luna Island, le petit bout de terre situé entre la chute principale et celle du Voile de la mariée, est restée interdit au public pour des années en raison des craintes d'instabilité et du risque de voir l'île s'effondrer dans la rivière Niagara à tout moment.
La construction récente de grands bâtiments (pour la plupart des hôtels) du côté canadien des chutes a causé le changement de direction des vents au-dessus de ces dernières[15]. Des étudiants de l'université de Guelph ont démontré, en utilisant des modèles réduits, que l'air passant au-dessus des nouveaux hôtels conduit la poussière vers le sud des bâtiments, où elle tombe dans les rigoles sous les chutes et vient se mélanger aux tourbillons d'air humide. La conséquence est que les points de vue du côté canadien sont maintenant souvent couverts d'un brouillard venant des chutes. Ce problème va être très difficile à résoudre.
Exploits |
En octobre 1829, Sam Patch, qui se faisait appeler « le sauteur Yankee », a sauté dans la chute du Fer à Cheval et est devenu la première personne connue à avoir survécu à la chute. Il a ainsi initié une longue tradition de casse-cous qui ont tenté de survivre à une descente des chutes. En 1901, Annie Edson Taylor fut la première personne à descendre les chutes en tonneau. Elle sortit quasiment indemne de la chute. Depuis la chute historique de Taylor, 14 personnes se sont intentionnellement jetées des chutes, sur ou dans un esquif. Certaines ont survécu sans dommage, d'autres ont coulé ou ont été sérieusement blessées. La descente des chutes étant illégale des deux côtés de la frontière, les survivants de telles cascades sont généralement poursuivis devant les tribunaux et soumis à de fortes amendes.
D'autres aventuriers ont tenté de traverser les chutes. Cela a commencé en 1859 par le passage réussi de l’équilibriste Jean-François « Blondin » Gravelet au-dessus des chutes. Cet exploit avait rassemblé une foule importante. Le filin traversait les gorges à proximité du pont de l'Arc-en-ciel, pas tout à fait au-dessus des chutes. Le capitaine britannique Matthew Webb, premier homme à avoir traversé la Manche à la nage, se noya en 1883 en tentant de nager à travers les rapides et les tourbillons en aval des chutes.
Le 9 juillet 1960, au cours de ce qui fut ensuite appelé « le miracle des chutes du Niagara », Roger Woodward, un garçon américain de 7 ans fut jeté par-dessus les chutes du Fer à Cheval, protégé uniquement par son gilet de sauvetage. Deanne, sa sœur de 17 ans, fut rattrapée par deux touristes, à seulement 6 mètres de la chute, au niveau de l'île de la chèvre[16]. Roger fut recueilli dans les bassins bouillonnant aux pieds de la chute du Fer à Cheval, après avoir réussi à attraper une bouée de sauvetage envoyée par l'équipe du bateau Maid of the Mist. Son histoire fit le tour du monde.
Le 2 juillet 1984, le Canadien Karel Soucek réussit à plonger des chutes du Fer à Cheval dans un tonneau en n'ayant que de légères blessures. Il fut condamné à 500 dollars d'amende pour avoir réalisé sa cascade sans autorisation. Il périt quelques mois plus tard, le 20 janvier 1985, lors d'un autre défi à la mort.
Le 20 octobre 2003, Kirk Jones fut le premier à sauter des chutes sans matériel de flottaison. Bien qu'on ne sache toujours pas s'il souhaitait ou non se suicider, il survécut à l'équivalent d'une chute de 16 étages avec seulement quelques côtes cassées, des éraflures et des ecchymoses.
Personne n'a jamais survécu à une descente des chutes américaines, en raison des nombreux rochers et du faible courant. Tous les survivants et cascadeurs ont descendu les chutes du Fer à Cheval, où les rochers sont relativement moins nombreux et où le courant pousse les gens loin du bord et leur permet de les éviter.
Le 4 août 2005, le golfeur professionnel John Daly tenta d'envoyer une balle de golf de l'autre côté des chutes du Niagara à une distance d'environ 331 mètres (362 yards). Il échoua de peu, au bout de 20 tentatives.
Le 15 juin 2012, le funambule américain Nik Wallenda a traversé sur un câble métallique, la chute du Fer à Cheval qui sépare la rive américaine de la rive canadienne. Il lui a fallu 40 minutes pour parcourir les 550 mètres[17].
Dans la culture |
Beaux-Arts |
Au Canada, les chutes furent représentées dès la fin du XVIIIe par Elizabeth Simcoe, artiste britannique et mémorialiste du Canada colonial.
Plusieurs grands noms de la peinture américaine ont représenté les chutes du Niagara. L'un des premiers est John Trumbull (1756-1843), davantage connu pour ses sujets historiques. Deux de ses toiles sur les chutes datant de 1807-1808 sont conservées au Wadsworth Atheneum d’Hartford dans le Connecticut[18]. George Catlin (1796-1872), peintre des Amérindiens, réalisa View of Table Rock and Horseshoe Falls from Below en 1827 (Abby Aldrich Rockefeller Folk Art Collection, Williamsburg) et Niagara Falls (1827-1828, Smithsonian American art museum, Washington). Le quaker Edward Hicks (1780-1849) figure une version naïve des chutes (Falls of Niagara, vers 1835, Abby Aldrich Rockefeller Folk Art Collection, Williamsburg, Virginie).
Au XIXe siècle, les peintres de l'Hudson River School, spécialisés dans le paysage, ont consacré de nombreuses œuvres aux chutes du Niagara. Ils pensaient que la Nature était la manifestation de la puissance et de la bonté divine[19],[20]. On peut citer Thomas Cole (1801-1848), considéré comme le fondateur de l'école de l'Hudson, Jasper Francis Cropsey (en) (1823 –1900), Frederic Edwin Church (1826-1900), Louis Rémy Mignot (1831-1870) ou encore Albert Bierstadt (1830-1902)[18]. L'une des dernières toiles de William Morris Hunt (1824-1879) s'intitule Niagara Falls (1878, Williams College Museum of Art, Williamstown). Dans les années 1880, George Inness (1825-1894) proposa plusieurs versions des chutes dans le style du tonalisme[18]. Le site inspira également les impressionnistes John Henry Twachtman (1853-1902) et Soren Emil Carlsen (en) (1853–1932).
Niagara Falls, Ontario par Elizabeth Simcoe, été 1792
Les chutes du Niagara en 1866 par Louis Rémy Mignot (1866), Brooklyn Museum
Arthur Parton, Niagara Falls, Brooklyn Museum
Thomas Cole, Distant View of Niagara Falls 1830, Institut d'art de Chicago
Alvan Fisher, A General View of the Falls of Niagara, 1820, The Smithsonian Institution
Frederic Edwin Church, Niagara Falls, 1857, Corcoran Gallery of Art, Washington
William Morris Hunt, Niagara Falls, 1878
Cinéma et télévision |
Alors que les chutes du Niagara étaient déjà un immense lieu touristique et l'un des hauts-lieux des lunes de miel, les visites connurent une hausse soudaine à partir de 1953, avec la sortie de Niagara, un film avec Marilyn Monroe. Plus tard, les chutes figurèrent également dans Superman 2 et furent le sujet d'un film populaire en technologie IMAX. Une grande partie de l'épisode Le Retour du Technodrome dans la série Les Tortues Ninja se déroule à proximité des chutes du Niagara et de son usine hydroélectrique. En 1990, l'illusionniste David Copperfield a réalisé un tour où on le voyait se déplacer au-dessus des chutes. Le complexe touristique situé à proximité des chutes fut le théâtre d'une brève série télévisée américaine début 2004, Wonderfalls. Les chutes servirent de lieu de tournage au film Pirates des Caraïbes : Jusqu'au bout du monde[21]. Enfin, elles apparaissent comme un lieu romantique dans un épisode d’Une nounou d'enfer et de The Office.
Littérature |
Les chutes du Niagara et la ville ontarienne de Niagara Falls servent de cadre à une partie de la trilogie Les Particules réfractaires, de Mikhaïl W. Ramseier. Dans le dernier tome, Marges, publié en 2016, presque toute l'action se déroule dans la région, entre le centre-ville et la bourgade de Chippawa (en).
Le roman Les Chutes, de Joyce Carol Oates, a été publié en 2005 aux éditions Philippe Rey et a reçu le prix Fémina étranger la même année. Comme son titre l'indique, toute l'intrigue du livre se passe dans la région des chutes.
L'écrivain français Jules Verne a plusieurs fois décrit Niagara dans ses romans: Une ville flottante, en 1869; Le Testament d'un excentrique, en 1897, qui offre une belle description des chutes du Niagara.
Culture populaire |
L'expression « Chutes du Niagara » est aussi le nom d'un numéro de vaudeville britannique, aussi appelée Slowly I turned. Depuis l'arrivée du médicament Viagra, dont le nom sonne comme Niagara, de nombreux dessinateurs ont représenté les Viagra Falls, de puissantes cascades dont l'eau remonte au lieu de descendre.
Tourisme |
L'afflux maximum de visiteurs se fait en été, lorsque l'on peut admirer le spectacle des chutes du Niagara de jour comme en soirée. Du côté canadien, des projecteurs illuminent les deux côtés des chutes du crépuscule à minuit.
Du côté américain, les chutes du Niagara peuvent être admirées des chemins de randonnées ou de la tour d'observation de Prospect Park (en). Près de là, les sentiers des Cavernes des Vents mènent les randonneurs par un escalier de quelque trois cents marches jusqu'à un point situé sous les chutes du Voile de la mariée. Les Niagara Scenic Trolley (« Tramways pittoresques du Niagara ») offrent également des circuits guidés le long des chutes américaines.
Du côté canadien, le parc de la Reine Victoria (en) présente des jardins travaillés, et des terrasses offrant une vue sur les chutes américaines et du Fer à Cheval. Le soir, en fonction des saisons et des jours, le parc est animé d'illuminations et des feux d'artifice. En souterrain, un chemin mène dans des chambres d'observations qui donnent l'illusion d'être à l'intérieur même des chutes. Le point d'observation de la tour Skylon, située non loin de là, offre le point de vue culminant sur les chutes, et dans la direction opposée, permet de voir aussi loin que Toronto. C'est, avec la tour Konica Minolta, l'une des deux tours canadiennes avec vue sur les chutes. Le long de la rivière Niagara, le Niagara River Recreational Trail (« Chemin récréatif de la rivière Niagara ») parcourt les 56 km séparant Fort Erie de Fort George, et présente de nombreux sites historiques de la guerre de 1812.
Les croisières Maid of the Mist nommées d'après un personnage de la mythologie indienne Ogiara, transportent des passagers dans les tourbillons derrière les chutes depuis 1846. Les téléphériques espagnols, construits en 1916 d'après les plans de l'ingénieur espagnol Leonardo Torres Quevedo, sont des téléphériques qui transportent des passagers au-dessus du tourbillon, derrière les chutes du côté canadien.
En 2016, deux tyroliennes sont installées[22].
Une statue de l'inventeur Nikola Tesla a été installée.
Notes et références |
Notes |
En comparaison, les spectaculaires chutes Victoria sur le Zambèze ont un débit de 1 090 m3/s, pouvant atteindre 9 100 m3/s pendant la saison des pluies.
L’astéroïde 12382.
Références |
(en) Informations sur les chutes sur Niagarapark.com.
(en) Classement des plus belles chutes d'eau sur travelersdigest
Explications détaillées sur l’escarpement du Niagara
(en) L’ère silurienne
CATHOLIC ENCYCLOPEDIA: Paul Ragueneau
(en) Pour la petite histoire, voir [1].
Les ponts du Niagara, Michel Krempper.
Le tunnel de Niagara produira de l'énergie renouvelable pendant 100 ans
(en)Vidéo 1 min 30 s, sur Youtube
Le réseau Grands Lacs Voie maritime du Saint-Laurent [2] & [PDF] le canal Welland [3]
(en) memory.loc.gov Chronologie de la conservation des espaces US
Les parcs du Niagara
Voir le texte original sur le site de l'université de Montréal, [4].
https://fr.news.yahoo.com/55/20101217/tod-le-jour-o-les-chutes-du-niagara-se-s-17baed7.XD.html
(en) Les changements de la direction des vents au-dessus des chutes sur Discovery Channel Canada
Informations historiques sur Roger Woodward
Il a traversé les chutes du Niagara !, Le Point, le 18 juin 2012
(en) « Art inventories catalog », SIRIS-Smithsonian Institution Research Information System (consulté le 7 avril 2010)
Gerald M. Ackerman, Les Orientalistes de l'école américaine, Courbevoie, ACR édition, 1994, (ISBN 2867700671), p. 86
Janine Marzi, Les États-Unis, Turin, Larousse, 1967, (ISBN 2030531065), p. 125
(en) « Pirates of the Caribbean: At World's End (2007) - Filming locations », IMDB (consulté le 7 avril 2010)
Aude Godfryd, « Une tyrolienne installée aux chutes du Niagara », sur lefigaro.fr, 15 juin 2016
Bibliographie |
(en) National Geographic Guide to State Parks of the U.S., guide touristique
(en) Dirk Vander Wilt, Niagara Falls: A Guide for Tourists, 2005 (ISBN 0976706415) ;
(en) Wendy Tokunaga, Niagara Falls, KidHaven Press, 2003 (ISBN 0737720565)
(en) T. W. Kriner, In the Mad Water: Two Centuries of Adventure and Lunacy at Niagara Falls, J & J Pub, 1999 (ISBN 0965724514) ;
(en) Daniel M. Dumych, Niagara Falls, Arcadia Publishing, 1998 (ISBN 0752412019) ;
(en) Pierre Berton, Niagara: A History of the Falls, Penguin USA, 1998 (ISBN 0140270167) ;
(en) Phil Nyhuis, Philip Nyhuis, Maria Scrivani, Niagara: Attracting the World, Community Communications Inc., 1997 (ISBN 1885352581) ;
Voir aussi |
.mw-parser-output .autres-projets ul{margin:0;padding:0}.mw-parser-output .autres-projets li{list-style-type:none;list-style-image:none;margin:0.2em 0;text-indent:0;padding-left:24px;min-height:20px;text-align:left}.mw-parser-output .autres-projets .titre{text-align:center;margin:0.2em 0}.mw-parser-output .autres-projets li a{font-style:italic}
Articles connexes |
- Chutes d'Iguazú
- Liste de chutes d'eau
- Niagara Falls (Ontario)
- Niagara Falls (États-Unis)
- Canal Welland
- Électricité au Canada
Liens externes |
Notices d'autorité :- Fichier d’autorité international virtuel
Bibliothèque nationale de France (données)- Gemeinsame Normdatei
- Ressources relatives à la géographie : Geographic Names Information System • GeoNames • Thesaurus of Geographic Names • World Waterfall Database
(en) Récits sur les chutes du Niagara depuis le XIXe siècle
(en) Histoire géologique des chutes du Niagara
(en) Reportage Photos-1988
- Portail de l’Ontario
- Portail de l’État de New York
- Portail des lacs et cours d’eau