Boucle d'oreille
Une boucle d'oreille est un article de joaillerie qui est porté à l'oreille. Elle peut être fixée à l'aide d'un clou d'oreille ou d'une pince. Elles sont portées à travers le monde par les représentants des deux sexes, mais majoritairement par les femmes. Les bijoux sont fixés à l'oreille grâce à une perforation le plus souvent effectuée dans le lobe d'oreille. Certaines boucles d'oreille peuvent cependant se fixer sans perforation, grâce à un mécanisme à pince.
La boucle d'oreille peut être composée de nombreux matériaux, du métal au bois en passant par le plastique ou le verre, certaines peuvent être agrémentées de pierres précieuses ou de perles. Elles peuvent être de taille et de style très différents, au gré de la volonté du bijoutier. La seule limite à la mode réside dans la résistance mécanique du lobe, qui pourrait se déchirer en cas de poids trop important ; les personnes qui portent habituellement les boucles d'oreille lourdes peuvent d'ailleurs constater un élargissement de leur lobe. De tous les types de bijoux, les boucles d'oreille sont actuellement les bijoux les plus portés par les femmes[1].
Sommaire
1 Histoire
1.1 Traces archéologiques et mythes anciens
1.2 Époque romaine
1.3 Époque byzantine
1.4 Moyen Âge
1.5 Renaissance
1.6 XVIe siècle
1.7 XVIIe et XVIIIe siècles
1.8 XIXe siècle
1.9 XXe siècle
2 Cultures
2.1 Continent africain
2.1.1 Maghreb
2.1.2 Tribus notables
2.1.3 Madagascar
2.2 Asie
2.2.1 Inde
2.2.2 Bornéo
2.2.3 Bangladesh
2.2.4 Sri Lanka
2.2.5 Mongolie
2.2.6 Birmanie
2.2.7 Viêt Nam
2.2.8 Japon
2.3 Péninsule arabique
2.3.1 Yémen
2.4 Amérique latine
2.4.1 Brésil
2.4.2 Mexique
2.4.3 Costa Rica
2.5 Europe de l'Est
3 Tendances actuelles
3.1 Religion
3.2 Aspect social en Occident
3.2.1 Lien entre le bijou et l'âge du porteur
3.2.2 Relations sociales induites par les boucles d'oreille
3.2.3 Militants contre le perçage
3.3 Vertus thérapeutiques
3.4 Chez les hommes
4 Symbolique
4.1 En philosophie
4.1.1 Caractère féminin
4.1.2 Caractère masculin
4.2 L'approche anthropologique
4.3 Symbole d'esclavagisme
4.4 Symbole érotique
5 Types
5.1 Pour oreilles percées
5.2 Différents fermoirs
5.3 Pour oreille non percées
5.4 Boucles d'oreille permanentes
6 Perçage d'oreille
6.1 Techniques de perçage
6.1.1 Anciennes méthodes
6.1.2 Pistolet perce-oreille
6.1.3 Acupuncture
6.1.4 Autres méthodes
6.2 Cicatrisation
6.2.1 Douleurs
6.2.2 Risques liés au perçage
6.3 Étirement du lobe
6.4 Détournement des fonctions premières
6.5 Autres piercings d'oreille
7 Notes et références
7.1 Notes
7.2 Références
8 Annexes
8.1 Articles connexes
8.2 Bibliographie
Histoire |
Traces archéologiques et mythes anciens |
Percer le lobe de l'oreille constitue la plus ancienne modification corporelle connue actuellement, comme en témoignent de nombreuses références issues de cultures du monde entier et datant d'avant l'Histoire contemporaine. C'est au cours d'une fouille dans la ville de Chifeng, en Mongolie, qu'ont été trouvées les plus vieilles boucles d'oreilles au monde. Ces boucles de jade auraient entre 7 500 et 8 000 ans. Les recherches archéologiques sur ce site ont révélé de nombreuses boucles d'oreille hémicirculaires en pierre de jade datées de 6000 av. J.-C. Ces dernières appartiennent à la culture Xinglongwa. D'après les spécialistes, ces dernières n'auraient pas nécessité une perforation du lobe de l'oreille mais le pinçaient simplement[2]. On a retrouvé également des boucles d'oreille dans la ville d'Ur en Mésopotamie[3].
On peut notamment trouver des preuves du port de boucles d'oreille par la gent masculine dans le site archéologique de Persépolis, en ancienne Perse. On trouve représentés sur les murs de l'ancien palais des images de soldats de l'empire perse portant une boucle d'oreille[4].
Une autre preuve ancienne du port de boucles d'oreille est le récit de l'Exode[Notes 1]. Dans l'épisode du veau d'or (32,1,2), il est écrit que, pendant que Moïse était au sommet du mont Sinaï, les Israélites demandèrent à Aaron de leur façonner un Dieu : il leur ordonna de lui remettre - entre autres bijoux - les boucles d'oreille de leurs femmes, leurs fils et de leurs filles afin qu'il soit en mesure d'accomplir leur vœu[Notes 2].
D'après les écrits de saint Paul, le port de maquillage et de bijoux - en particulier les boucles d'oreille car elles imposent une modification corporelle - était très mal vu aux premières heures du christianisme[5]. Ainsi, les boucles d'oreilles étaient considérées par le peuple hébreu comme des amulettes consacrées aux dieux païens. Durant l'époque des pharaons, les femmes égyptiennes se paraient déjà de boucles d'oreille, généralement en or. Elles auraient porté des boucles d'oreille depuis la 18e dynastie. Les femmes grecques portaient des boucles d'oreille de toutes sortes, et en particulier des boucles pendantes anthropomorphes. Ces dernières ont également pu représenter Éros ou des formes animales[6].
En italien, le nom historique des boucles d'oreille était buccole, issu du latin buccula. Les Romains portaient ainsi des orecchino a bolla, boucles d'oreille en forme de goutte. Dans l'Antiquité, les garçons de riches familles portaient une amulette en médaillon [7]. Si bucule est également proche de bouche, cela est certainement lié à la bouche de Méduse gravée sur le centre du bouclier grec et de la boucle d'oreille, elle aussi en forme de bouche. Ainsi, suspendre une représentation - ou tout du moins une évocation - du monstre à l'oreille représente pour le porteur un talisman protecteur. Les femmes grecques le portaient d'ailleurs tout au long de leur vie sous forme de pendentifs, fibules et broches. La boucle d'oreille représente alors à la fois un talisman protecteur, un aphrodisiaque et un fertilisant, tout en s'ajoutant à la dimension esthétique omniprésente[8]. Ainsi, la dualité séductrice et effrayante du monstre à tête de serpent a inspiré les marins grecs et on retrouve son visage de manière récurrente, autant sur la proue des bateaux qu'aux oreilles des marins. De plus, la boucle d'oreille appartenant traditionnellement à la féminité, le marin qui la porte emporte avec lui une part de féminité et de pouvoir de la féminité. Rappelons que les femmes sont, dans l'art grec, régies par les passions[Notes 3]. La boucle d'oreille du marin est donc pour les Grecs un talisman qui prévient des tempêtes, une métaphore marine de la femme.
Plus tard, les femmes du peuple mongol portent des boucles d'oreille très lourdes qui, à terme, distendent voire déchirent le lobe de l'oreille. Cependant, les stigmates laissées par les boucles d'oreille sont symbole de richesse et affirment un certain statut social. Le bouddhisme interprète de manière semblable le port de boucles d'oreille. En effet, les statues de bouddha possèdent toutes des lobes d'oreille distendus. La légende voudrait que Bouddha étant de rang princier, sa classe lui imposait de s'afficher avec de très lourdes boucles d'oreille. Lorsque ce dernier décide d'abandonner sa vie faste pour vivre en ascète, il retire ses bijoux mais ses oreilles percées et déformées rappellent ses origines nobles.
Dans le bouddhisme actuel, les boucles d'oreille sont symbole de beauté karmique et célèbrent la gent féminine[9].
Époque romaine |
À Rome, les bijoux sont de manière générale de facture assez simple. Durant les premiers siècles de la République, l'or est très apprécié dans les classes aisées. La loi Oppia est d'ailleurs instaurée pour refréner la passion pour l'orpiment des citoyens fortunés pendant la Deuxième guerre punique. Cette loi sera abrogée sous l'influence des femmes[10].
Concernant le style des boucles d'oreille à Rome, il est directement inspiré de la mode égyptienne au Ier siècle avant notre ère. Les Romaines les plus fortunées apprécient en particulier les perles et les pierres précieuses comme l'émeraude de Scythie, le béryl (aigue marine), l'opale et la sardoine. Le diamant, quant à lui, n'est pas serti sur les boucles d'oreille[10].
Durant l'époque classique, les pendants sont très à la mode à Rome. À la grande différence des siècles qui ont suivi, il était d'usage pour les Romaines d'en porter deux ou trois par oreille, de manière que cela forme un grelot. Sous l'empereur Auguste, les femmes issues des classes populaires se procurent des boucles d'oreille en cornaline et en fausses pierres précieuses. Le retour de Pompée amorce la mode des boucles d'oreille en perle, inimitables par les faussaires. Ces dernières connaissent un engouement inégalé dans l'Histoire, si bien que Jules César l'utilise à des fins politiques. Ce dernier interdit aux femmes âgées de moins de cinquante-cinq ans de porter des boucles d'oreille en perles afin de lutter contre le célibat et de favoriser le taux de natalité[11]. Selon Pline l'Ancien[12],[Notes 4], le rêve le plus cher de nombreuses Romaines désargentées était de pouvoir s'exhiber avec une perle à chaque oreille[10].
Époque byzantine |
Dans un des poèmes écrits après la chute de sa fortune, Théodore Metochites évoque la coutume fréquente chez les Byzantins prospères d’exhiber des bijoux de valeur marchande élevée et d’inciter leur femmes et leurs enfants à faire de même[13]. Il existe actuellement des preuves de l’existence d’une tradition consistant à percer les oreilles des jeunes garçons à l’époque byzantine. Des traces de cette habitude résident notamment dans les icônes représentant Jésus Christ enfant. On peut voir de jeunes enfants mâles portant des boucles d’oreille sur une représentation de l’entrée de Jésus dans Jérusalem et également sur une autre illustrant son baptême par Jean le Baptiste. Ces deux célèbres icônes datent de 1192 et sont visibles dans l’église de Panagia Arakiotissa à Lagoudera, à Chypre. Les boucles d’oreilles portées par les jeunes hommes sont en forme d’anneaux auxquels sont suspendues trois perles. Des représentations analogues sont visibles dans l’église Saint George de Kurbinovo. L’utilisation récurrente des perles et leur présence dans les représentations bibliques pourraient, selon Arietta Papaconstantinou, être une métaphore de la parole de Dieu[14],[Notes 5].
Au Xe siècle la boucle d’oreille, en forme d’anneau, présente une boule à l’une des extrémités et une fine pointe à l'autre pour simplifier son introduction dans le lobe de l’oreille. La partie basse de l’anneau présente une structure complexe incluant deux parties triangulaires et creuses pour donner une impression de relief. Entre ces deux triangles est passé en général un fil d‘or, qui retient une perle. Si ces boucles d’oreille sont présentes au Xe siècle, elles ont également été portées au cours des siècles précédents.
Autour des XIe et XIIe siècles, les boucles d’oreille présentent des formes animales, et en particulier celles d’oiseaux[15]. Ces derniers sont gravés dans l’or et utilisent pour la fixation à l’oreille un mécanisme proche de celui des dormeuses. De plus, les yeux sont souvent représentés par une unique bille de verre bleu. Si les boucles d’oreille en forme d’oiseau ont pu être le symbole de l’empereur, ces dernières ont probablement été plus souvent utilisées à des fins esthétiques. On trouve à la même époque des bijoux d'oreille utilisant de l'émail. Des boucles d'oreille en forme de disque et datant de la même époque ont été retrouvées à Constantinople. Ces dernières sont fabriquées à l'aide de deux feuilles d'or soudées et présentent une échancrure à l'endroit où est logé le fermoir[16].
Moyen Âge |
Pendant la période qui sépare les premiers siècles de la Renaissance, le port des boucles d'oreille devient très marginal. Cependant, il a existé quelques boucles d'oreille pendant la période carolingienne. Pendant cette période, ce bijou, strictement réservé aux femmes dans les classes supérieures, prend la forme de pendants courts souvent terminés par une perle. Cependant, la mode des longues chevelures et des coiffures recouvrant les oreilles freine le développement des boucles d'oreille[17].
En Occident, porter des boucles d'oreille peut également signifier l'appartenance à une confrérie[18].
Renaissance |
Il semble que la boucle d'oreille ait subi un véritable retournement de signification au cours de la Renaissance. En effet, entre les XIVe et XVe siècles, le port de boucles d'oreille et la modification corporelle que cela implique sont attribués à la concupiscence et à la vanité. Ainsi, les boucles d'oreilles sont un signe d'exclusion imposé aux prostituées et aux femmes juives[19]. De fait, les lois somptuaires interdisent aux chrétiennes de porter des boucles d'oreille. Cependant, il semble que malgré les lois imposées par l'Église, les femmes aristocrates aient éprouvé des difficultés à se passer de ces ornements. On observe ainsi une réintroduction du bijou dans le milieu aristocratique. La position supérieure des femmes aristocrates les excluant de la société, celles-ci n'ont pas eu de difficulté à se permettre l'usage de bijoux pourtant défendus et synonymes d'infériorité. Les boucles d'oreilles deviennent de ce fait assez rapidement l'apanage des Grands. Par souci d'exclusivité, les aristocrates sont en partie responsables d'une inversion des tendances dans les lois somptuaires[20].
XVIe siècle |
Les débuts du XVIe siècle ne sont pas favorables au développement des bijoux. En effet, les finances de l'État sont épuisées et Louis XII réglemente sévèrement jusqu'en 1506 la fabrication de vaisselle en métal précieux. Sous le règne des derniers Valois, les bijoux subissent de nombreuses transformations. À commencer par les boucles d'oreilles qui se recouvrent de pierres précieuses et de perles. Les pierres en forme de goutte font l'objet d'un engouement particulier. Certains hommes de haut rang portent également la boucle d'oreille, une seule, comme on peut le voir sur les représentations de Henri II et du Duc de Guise par Jean Clouet. Henri III figure sur les pièces de monnaie avec une boucle d'oreille présentant deux pierres rondes[21]. Ce dernier aurait d'ailleurs obligé ses courtisans (ses favoris) à se percer les oreilles[18]. La boucle d'oreille se développe également de manière très intense en Espagne. Celle-ci est surtout présente sous forme de pendants ornés d'émeraude et de perles à l'époque des conquistadors.
À la même époque, en Italie, la disparition des cols hauts et le changement des coiffures sont autant de facteurs favorisant la réintroduction de la boucle d'oreille dans le milieu aristocratique. Plébiscitée à l'époque, la girandole est une boucle d'oreille en forme de chandelier à trois branches supportant trois pierres précieuses en forme de goutte. Cet ancêtre des dormeuses actuelles possède déjà l'inconvénient de leur masse importante qui allonge le lobe et le rend inesthétique[22].
XVIIe et XVIIIe siècles |
De nombreux portraits issus de la période baroque témoignent de l'engouement particulier pour les bijoux en perles, et en particulier les boucles d'oreille. Ces dernières étaient en général constituées de perles en forme de goutte suspendues à un anneau d'or. Selon certains spécialistes, les girandoles ne se seraient réellement démocratisées qu'à la fin du XVIIe siècle[23].
Entre 1790 et 1810, deux styles de boucles d'oreille sont majoritaires. D'une part, les poissardes, appelées ainsi dans le monde entier en référence aux femmes des pêcheurs parisiens. Ces boucles d'oreille sont assez plates, constituées d'un demi crochet auquel peuvent être accrochées des pierres précieuses ou semi-précieuses. Le second type de boucles d'oreille très apprécié se présente sous forme de top-and-drop, à la différence près que les deux pierres sont reliées par de nombreux éléments verticaux[23]. Aux environs de 1815, il était fréquent que les paysannes italiennes s'ornent de boucles d'oreille confectionnées à partir de pièces de monnaie, comme l'illustrent notamment les écrits d'Alexandre Dumas[24],[Notes 6].
Durant l'époque georgienne, les girandoles continuent à être très appréciées. Au début de la période néo-classique, les boucles d'oreille sont encore souvent ornées de diamants et de perles. Les boucles d'oreilles prennent traditionnellement une forme de poire ou de goutte et sont portées dans la vie quotidienne par les femmes jusqu'à l'avènement du style Biedermeier vers 1815. Les boucles d'oreilles étaient réservées aux classes riches car elles devaient impérativement, selon les codes esthétiques de l'époque, être assorties aux colliers, bagues et bracelets pour former une unité. Cependant, l'utilisation de feuille d'or ou de substitut d'or permet une "démocratisation du luxe". À la campagne, le port de boucles d'oreille devient ainsi un signe de prospérité. Celles-ci deviennent également un des attributs des tenues folkloriques. Sur les girandoles les plus lourdes, un crochet supplémentaire passé au-dessus de l'oreille ou discrètement attaché aux cheveux aurait pu être soudé, pour éviter la déformation du lobe[25].
Au XVIIIe siècle, les boucles d'oreilles deviennent très à la mode car elles s'accommodent parfaitement avec les modes de coiffures de l'époque. Les cheveux tirés vers l'arrière du crâne dévoilent les oreilles et les boucles qui leur sont adjointes. Durant ce siècle, la mode des girandoles reste très présente, même si ces dernières se voient plus fréquemment ornées de motifs de feuilles et de fleurs. À partir de la seconde moitié du siècle, les pendeloques deviennent également populaires. Ces dernières présentent deux pierres ainsi qu'un ruban entre les deux. La pierre la plus haute masque le mécanisme d'attache - lequel est en général en motif de style dormeuse. La pierre la plus basse, soutenue par le ruban, est ornementale. Ces boucles d'oreille s'associent naturellement avec les coiffures extravagantes de l'époque[23].
Le diamant est au XVIIIe siècle la pierre précieuse la plus prisée pour les boucles d'oreille. Les crochets d'oreille sont, pour leur part, en général ornés de perles. Des boucles d'oreille aux prix plus abordables étaient réalisées avec du verre ou des faux grenats. C'est également à cette époque qu'apparaissent pour la première fois de petites boucles d'oreille qui ne sont pas des pendants. Ces ancêtres des puces d'oreille, ne possédant pas encore le mécanisme de fermoir répandu aujourd'hui, sont alors sous forme de simples crochets dont l'une des extrémités est plus volumineuse. Cette dernière est destinée à être la partie ornementale tandis que le reste du petit crochet est dissimulé derrière le lobe de l'oreille. Un autre type de boucles d'oreille apprécié au XVIIIe siècle est le top-and-drop. Des créoles très simples constituées d'un fil d'or ou d'argent ont également pu être portées au cours de ce siècle. De manière générale, les anneaux d'or étaient portés par les femmes comme par les hommes entre la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle. Pendant cette même période, les joailliers se sont plus souvent intéressés aux matériaux plutôt qu'à la forme des boucles d'oreille. Ainsi, ces dernières sont à cette période ornées de matériaux novateurs tels que l'ambre, les perles colorées. Ces nouvelles matières permettent la création de bijoux appréciés pour leur allure moins formelle que celle produite par l'or et les perles[23].
D'après Erasmus Darwin, les différents types de boucles d'oreille féminines se voyaient portés en adéquation avec l'âge et la fortune de la femme. Ainsi, les boucles les plus petites et les plus brillantes étaient privilégiées par les jeunes filles, tandis que les femmes plus âgées préféraient en général des motifs plus complexes et plus lourds[23].
Si percer les oreilles des jeunes filles est devenu très fréquent au cours du XVIIe siècle et XVIIIe siècle, cela rappelait cependant des pratiques primitives. Ainsi, les femmes les plus raffinées - qui pour la plupart considéraient nécessaire l'adjonction de boucles d'oreille à leur parure - choisissaient les matériaux les plus légers. Cela devait limiter l'éventuel suggestion de douleur que pouvait susciter à la vue le poids des bijoux. Les femmes étaient donc partagées entre les boucles d'oreille imposantes et lourdes, qui affirment un rang social élevé mais déforment le lobe de l'oreille, ou bien les boucles discrètes et légères, qui ont plus de grâce mais moins de panache[23].
XIXe siècle |
Autour de 1800, les créateurs commencent à monter des pierres sur les pendeloques en utilisant des sertis griffes. Ces dernières sont appréciées pour leurs reflets brillants. Cependant, les boucles d'oreille sont plus ou moins portées au gré des coiffures. Le port du bonnet et de coiffures masquant les oreilles fait disparaître temporairement les boucles d'oreille en France. Les rares modèles observés sont modestes, faute de ressources économiques. Ils accompagnent en général des toilettes vaporeuses[26]. Pour les rares femmes qui portent encore des boucles d'oreille, la tendance revient aux boucles discrètes et de petite dimension. Sur le modèle français, tous les types de boucles d'oreilles sont portés par les hommes entre 1810 et 1850, en particulier dans les régions méridionales. Celle-ci sont une barrière considérée efficace pour les maladies et en particulier les maladies oculaires. Le port de boucles d'oreille gagne ensuite le milieu du spectacle et celui des artisans ambulants.
Au début du XIXe siècle, les pendants sont de nouveau dérivés de la girandole. Ceux-ci présentent alors des motifs en pampille, et sont portés en fonction de la coiffure. Les boucles d'oreille disparaissent presque complètement vers 1840 pour réapparaître dix ans plus tard[26]. Ce fut à l'initiative de la reine Victoria du Royaume-Uni qui réintroduisit la boucle d'oreille en s'exhibant elle-même avec des pendants volumineux[27]. Cette réapparition s'interprète par une modification des coiffures et une disparition temporaire des cols. Pendant près de vingt ans et jusqu'aux environs de 1870, les boucles d'oreille s'allongent jusqu'à atteindre les épaules. Cependant, si la longueur augmente, le volume et la surface tendent à diminuer. Les boucles d'oreille de l'époque sont exclusivement des pendant d'oreille et utilisent des matériaux originaux comme le corail. Entre 1850 et 1860, on observe l'essor de boucles d'oreille très originales, souvent pleines d'humour. Pendant la période victorienne, elles sont parfois très extravagantes. La diversité des coiffures permet la multiplicité des styles au niveau les boucles d'oreille de l'époque. La grande créativité des fabricants favorise l'apparition de camées, d'ivoire sculpté, de filigranes d'or et de pierres très colorées comme le grenat dans les boucles d'oreille[28]. Durant son règne, Napoléon Ier, qui était amateur de bijoux, avait fait ouvrir une école de sculpture sur camée et nommé Roman Vincent comme directeur[29]. Ce n'est que quarante ans après sa mort que ces dernières ont connu le succès. Vers 1880, la boucle d'oreille est de nouveau en déclin et les grandes dormeuses de près de vingt centimètres de long s'effacent devant les puces d'oreille.
D'après Charles-Emmanuel Sédillot, aux environs des années 1850[Notes 7], la perforation du lobe de l'oreille était fréquemment réalisée par les médecins à l'aide un petit trocart. Ce dernier pouvait éventuellement être remplacé par un bistouri étroit ou tout autre instrument de chirurgie muni d'une pointe acérée. Le médecin utilisait, en complément du trocart, un bouchon ordinaire ainsi qu'un fil de métal, de chanvre ou de soie. Ce dernier devait être de diamètre suffisamment important pour permettre au trou pratiqué dans le lobe de mesurer 2 mm de diamètre. Selon Sédillot, le médecin doit d'abord presser le lobule de l'oreille entre ses doigts pour l'engourdir légèrement. La face postérieure du lobe est ensuite placée contre le bouchon et l'oreille est perforée de manière brusque avec le trocart. La pointe de ce dernier rencontre le bouchon qui l'arrête. La tige du trocart est ensuite enlevée et le fil peut être glissé au travers de la canule laissée en place. On observe en général de légères traces de phlogose pendant les premiers jours de la cicatrisation. Selon le médecin, le fil peut être dès trois ou quatre jours remplacé par la boucle d'oreille[30].
Selon les travaux d'Anne Monjaret et dans une perspective ethnologique, la socialisation des jeunes filles au XIXe et au début du XXe siècles est guidée par une nécessité d'accomplissement. La jeune fille doit acquérir en vue d'un mariage réussi le savoir-faire nécessaire ainsi que certaines attitudes corporelles. Elle doit être dès la plus tendre enfance habituée aux aiguilles, aussi bien pour la couture que pour le tricot, tâches qui doivent enseigner maintien et docilité. Aussi le perçage des oreilles au baptême laisse un premier souvenir indélébile de l'aiguille, autant par la douleur que celle-ci provoque lors de son passage, que par la marque définitive qu'elle induit sur le lobe de l'oreille. Il n'est pas rare que des boucles d'oreilles soient également offertes à chaque étape de l'éducation religieuse, comme la première communion. De fait, la plupart des jeunes filles sont percées avant l'âge de cinq ans à cette époque[31]. L'aiguille prend une place importante dans la vie de la jeune fille, puisque cette dernière doit réaliser son trousseau en vue du mariage. La piqûre s'interprète comme un tournant dans la vie de la jeune fille, celui du commencement d'une période pendant laquelle la jeune fille doit apprendre à se comporter en jeune femme. Au-delà de la dimension esthétique, le port de boucles d'oreille pour les filles du XIXe siècle est donc un rappel permanent de la condition de femme et des devoirs vis-à-vis du mari qu'elle implique[32].
XXe siècle |
Selon Waldemar Deonna, les boucles d'oreille étaient considérées autour de 1915 comme l'un des attributs des classes inférieures. Cependant, après un saut de cinquante ans, le port de boucles d'oreille est de nouveau devenu plébiscité par les femmes[33]. Des modèles relativement anciens appartenant au début du siècle sont revenus à la mode et de nombreux bijoutiers ont ainsi produit des modèles inspirés de bijoux anciens. Ces derniers aujourd'hui sont encore présents en tant qu'accessoires de fantaisie. Si c'est à cette époque que les technologies adéquates comme le pistolet se sont développées, de nombreuses femmes ont, à cette époque, préféré se faire percer les oreilles de manière traditionnelle. Le perçage se fait donc la plupart du temps dans un cadre domestique, et peut-être effectué par des personnes appartenant aux deux voire trois générations précédentes. Dans les milieux populaires, les oreilles ont souvent été percées avec du matériel de couture, comme cela est mis en scène dans Les Raisins de la Colère de John Steinbeck[34]. Dans les villages d'Italie, certaines jeunes filles ne pouvant pas se procurer de boucles d'oreilles gardaient le fil à coudre dans l'oreille pendant toute la période de cicatrisation. Comme le décrit Yvonne Verdier dans son ouvrage Façons de dire, façons de faire [35], dans certaines situations, la bonne du curé était chargée de percer les oreilles des jeunes filles, car cette dernière « avait une aiguille d'or spécialement pour ça ». La technique attestée à cette époque dans toute l'Europe utilise une aiguille stérilisée à la flamme. Un fil de soie ou de coton est passé dans le lobe et ce dernier est remplacé par de petits anneaux en or pour éviter les infections.
L'invention de la boucle d'oreille à vis accorde aux femmes la possibilité d'un port de boucle d'oreille sans percer l'oreille, le bijou prend donc une dimension sans précédent. Malgré plusieurs siècles de pratique, la modification corporelle reste considérée comme un acte barbare aux yeux de beaucoup de catholiques[36],[37],[5],[Notes 8]. Les boucles d'oreille à vis sont jugées confortables et déclinées sous de nombreuses formes. On observe donc en Europe et aux États-Unis un déclin majeur du perçage des oreilles au profit des boucles d'oreille sans perçage. En particulier, la période Art déco marque le développement de boucles d'oreilles longues et extravagantes. Elles sont alors utilisées comme support polychrome et contrasté[22]. On observe vers 1920 un engouement particulier pour les boucles d'oreille à motifs géométriques. Ces dernières présentent en général des motifs en forme de poire. Si le diamant est un matériau très prisé, l'opale noire est également très recherchée pour les boucles d'oreille. À la même époque, le serti invisible développé par Van Cleef & Arpels sur les boucles d'oreille jouit d'un succès considérable qui perdure encore aujourd'hui[1].
Les années 1930 marquent l'invention de la boucle d'oreille à clip, une évolution du système à vis. Les boucles d'oreille se détachent des motifs anciens pour prendre de nouvelles formes. On voit apparaître à cette époque des créoles larges montées sur platine, un matériau peu utilisé jusque-là et une forme novatrice en Occident. L'invention des anneaux larges à charnière centrale qui donnent l'impression que la boucle d'oreille traverse le lobe sur toute sa largeur produit un effet spectaculaire. On trouve notamment ce type de boucles d'oreille montées sur platine et pavées de diamants.
Après la Seconde Guerre mondiale, les coiffures féminines ont tendance à découvrir les oreilles et la boucle d'oreille à clip a désormais pour rôle d'orner l'espace entre les cheveux et l'épaule. En 1950, certains jeunes continuaient de se percer les oreilles eux-mêmes avec la méthode traditionnelle, comme le montre une scène du film Grease.
C'est à la fin des années 1960 que les jeunes hommes commencent à se faire percer l'oreille, par l'intermédiaire des communautés hippies et gays, aux États-Unis. L'usage se développe : c'est à l'oreille gauche qu'on porte habituellement la boucle d'oreille ; le choix de l'oreille droite est populairement interprété comme un signe d'homosexualité. À cette époque encore, ces garçons passent pour des "mauvais garçons", pour des rebelles ou même pour des marginaux. Puis cela devient une véritable mode, et le phénomène n'a pas cessé de gagner en puissance depuis. Des boucles d'oreille sont portées dans la plupart des cultures, maintenant comme par le passé. L'opération de perçage est au début réalisée de manière traditionnelle, dans le cadre familial. Également disponible sur le marché, il a existé des boucles d'oreille de type sleeper earrings dont l'une des extrémités était très pointue, appelées aux États-Unis spring-loaded earrings[38],[39]. Celles-ci étaient refermées sur le lobe et l'oreille pouvait être percée au bout de quelques jours à l'aide d'un mécanisme de ressort. Pour les filles, les puces deviennent très prisées et les motifs de l'époque sont souvent constitués de petites fleurs. On observe dans les milieux bourgeois un engouement particulier pour les grosses puces ornées de diamants et de saphirs, sertis avec des chatons à griffe. Le corail est également un matériau très en vogue pour les boucles d'oreille.
Autour des années 1970 se développent réellement les accessoires que nous connaissons aujourd'hui. À cette même époque, il devient possible de se faire percer les oreilles par les médecins ou directement dans les magasins d'accessoires, généralement sponsorisés par les fabricants de boucles d'oreille. Les pistolets furent développés à cette époque. Parallèlement, les boucles d'oreille suscitent l'intérêt de grand joailliers, tels que Pierre Cartier. On observe une certaine démocratisation de puce d'oreille de grande dimension munies de sertis invisibles. Entre 1975 et 1985, la mode des boucles d'oreille se poursuit avec de grandes puces extravagantes[1]. Vers les années 1970, les punks commencent à se percer les oreilles eux-mêmes, et entraînent avec eux de nombreux artistes masculins. La mode des boucles d'oreille portées par les hommes s'est étendue très largement dans le milieu de la musique, mais également parmi certains milieux sportifs, comme le milieu du basketball notamment. Ainsi, on peut notamment voir des photos d'époque du joueur Michael Jordan et de l'acteur Harrison Ford portant une boucle d'oreille[28].
Cultures |
Continent africain |
En Afrique, la parure joue plusieurs rôles : Si l'esthétique semble la principale motivation, les bijoux répondent encore aujourd'hui à des codes sociaux. Leur taille et leur valeur sont des indicateurs de richesse. De plus, ils sont également portés en tant qu'amulette. Les bijoux ont un rôle particulier sur le continent Africain dans la mesure où ils accompagnent des tenues traditionnelles qui, par leur simplicité, leur ont souvent accordé une place privilégiée[40],[41].
Maghreb |
Les boucles d'oreille du Maroc datant des XVIe siècle, XVIIe siècle et XVIIIe siècle sont souvent constituées d'un anneau ouvert, creux, et de section circulaire. À une des extrémités, une pointe est façonnée pour faciliter l'introduction de l'anneau dans le lobe. L'autre extrémité est munie d'un motif ornemental qui constitue la partie visible sur le lobe de l'oreille lorsque la boucle est portée. Souvent, l'anneau, peu ouvragé, contraste avec la partie ornementale qui jouit de motifs finement ciselés. La partie la plus haute est traditionnellement d'une structure à facettes en feuilles d'or. Juste en dessous, on trouve une plaquette présentant des cloisons - souvent recouverte de pierres ou de perles fixées par des fils d'or - ou bien un motif en forme d'éventail. Au plus bas du bijou se trouve un élément arrondi et ajouré. Il n'est pas rare qu'une chaîne fine relie le haut de la boucle d'oreille à un crochet très finement ouvragé. Ce dernier peut être attaché à la coiffure pour limiter les efforts mécaniques sur le lobe de l'oreille. Un modèle en argent doré émaillé, plus économique, est très largement répandu de Fès à Tanger. Les motifs floraux qu'il présente témoignent d'une influence espagnole dans l'orfèvrerie marocaine. Ces boucles d'oreille sont souvent incrustées de pierres moins nobles qui forment le cœur des motifs de fleurs. Les boucles d'oreilles portées au Maroc peuvent également être des pendeloques à cinq pendants - chiffre bénéfique - en corail ou en perle. Ce dernier type est fréquent à Rabat ou Marrakech.
Les anneaux pleins ornés de perles ou de corail constituent des parures citadines courantes. Il a existé des anneaux présentant un unique motif, lequel est alors généralement en forme d'amande. Le reste de l'anneau est, quant à lui, simplement ciselé. Des boucles d'oreille dont le motif principal était entièrement fixé sur l'anneau ont constitué jadis une parure somptueuse.
Le modèle typique issu de Fès est une créole imposante et allongée. Un motif coupant l'anneau en son milieu donne à la boucle d'oreille une forme de O barré. Ces dernières présentent souvent un motif floral entouré d'arcades. L'attache est relativement primaire, souvent constituée d'un petit fil passé au travers du lobe. Ce modèle est une évolution d'un modèle plus simple, constitué uniquement d'un fil de métal sur lequel des perles et éventuellement des émeraudes. Ce dernier modèle constitue la forme la plus ancienne de boucle d'oreille connue au Maghreb. Des répliques plus ou moins précieuses - parfois même munies de fausses pierres en plastique - ont existé jusqu'à nos jours[42]. Les femmes berbères se séparent rarement de leurs bijoux et embellissent leur parure pour les jours de fête. Ces dernières portent en général les tiwinas, larges boucles d'oreille ayant une masse importante. Ces dernières présentent des motifs à cloisonnement et constituent un héritage direct des pendants phéniciens[43].
Les femmes marocaines apprécient porter des bijoux lourds et de valeur marchande élevée. Ces derniers célèbrent la féminité mais correspondent également à un excès de féminité, dans un contexte musulman. Le port de ces bijoux constitue ainsi pour la femme un moyen de se mettre en valeur et de réévaluer le statut de femme. Ainsi, les marocaines apprécient particulièrement porter des bijoux quotidiennement, pourvu que ceux-ci soient visible et bruyants[44]. D'après Henri Terrasse, la caractéristique majeure des bijoux berbères résident en la force intrinsèque qu'ils possèdent[45],[Notes 9].
Tribus notables |
- Les Peuls : Sur toute l'étendue du continent, les boucles d'oreille peuvent avoir des dimensions très différentes. Les femmes Peul portent, par exemple, des créoles en or qui peuvent atteindre plus de 15 cm. Ces dernières sont fabriquées à partir d'un lingot rectangulaire dont les angles sont martelés et amincis. La dimension et le poids de tels bijoux évoluent en fonction de la richesse de leur porteuse. Cependant, lorsque leur poids devient excessif, ces boucles d'oreille sont maintenues en renfort par une cordelette cachée sous les cheveux pour éviter de blesser l'oreille[46]. De telles boucles d'oreilles sont très présentes dans les régions urbaines du Mali, comme la ville de Djenné[47],[48]. Les boucles d'oreille portées par les femmes Peul atteignent très facilement des masses importantes. De simples anneaux d'argent torsadé portés par les femmes aristocrates peuvent parfois peser 250 g[49]. L'engouement particulier des femmes Peul pour les bijoux les mène souvent à porter plus d'une boucle par oreille. Ces femmes peuvent ainsi avoir jusqu'à neuf anneaux par oreille[50]
- Les Toucouleurs : Au sein des Toucouleurs, il est commun pour les femmes de porter un morceau de bois enchâssé dans le lobule de l'oreille[51].
- Les Bambaras : Dans la tradition Bambara, les femmes portent des boucles d'oreille en argent, en or ou en cuivre, pour compléter la coiffure usuelle, les nattes. À Tombouctou, les jeunes filles imitent facilement leur mères en se fabriquant de petits bijoux en paille tressée autour d'un bloc de cire. Jadis, le roi Bambara portait un anneau d'or à l'oreille droite, muni d'une perle. La boucle d'oreille symbolisait alors la capacité du roi à tout entendre. La perle, transparente ou bleu foncé, devait représenter l'alliance entre le roi et Faro, la déesse de l'eau[52].
- Les Dogons : Dès leur plus jeune âge, les enfants dogons portent des anneaux aux oreilles. L'adolescent circoncis se voit percer l'oreille lors du passage à l'âge l'adulte. Cela représente le devoir de maîtrise de la parole, et l'anneau, dans son rôle d'amulette, doit protéger son porteur des paroles mauvaises des femmes. La jeune fille porte dès son plus jeune âge des boucles d'oreille. Avant son mariage, sept perforations sont réalisées dans le lobe de l'oreille, ces dernières symbolisant la perte de la virginité. Le futur époux doit ainsi considérer que sa promise accède désormais à la parole des femmes[52].
- Les Maures : Les femmes Maures portent fréquemment des boucles d'oreille en or, en argent ou en perles. Les pierres précieuses, à cause de leur valeur marchande élevée, sont très peu portées. Les boucles d'oreille sont traditionnellement en forme de croissant d'un rayon d'environ 6 cm, et d'un diamètre atteignant souvent plus de 7 mm. Ainsi, le lobe est d'abord percé avec une aiguille fine, puis un rouleau de papier y est introduit. On grossit le diamètre quotidiennement jusqu'à ce que les boucles d'oreille puissent être portées.
Madagascar |
Autour des années 1800, les boucles d'oreille, au même titre que les couteaux, la poudre à canon ou encore le corail, ont pu servir de monnaie d'échange à Madagascar. D'ailleurs, des pièces de monnaie figuraient fréquemment sur les bijoux eux-mêmes[53]. Selon la description du Prince Corroller, les habitants de Madagascar possèdent de petits trous dans leurs lobe d'oreille pour pouvoir y insérer occasionnellement des boucles d'oreille. Il semble qu'entre les années 1820 et 1830, l'île de Madagascar ait établi un commerce important de boucles d'oreille - entre autres bijoux - avec les pays arabes voisins. De manière générale, les malgaches apprécient les produits de manufacture étrangère en matière de boucles d'oreille[54]. Ces derniers portent volontiers des bijoux et ceux-ci sont souvent à base d'or, d'argent, d'ivoire, mais également d'os et de coquillages. Dans toutes les strates sociales, les femmes portent des boucles d'oreilles. Contrairement à beaucoup de nations d'Afrique, les boucles d'oreille malgaches ne présentent que très rarement des motifs floraux[55]. Si le corail est aujourd'hui très prisé dans tous les milieux sociaux à Madagascar, il était sous le règne de Ranavalona I réservé aux classes nobles[56]. Parmi les Tanosy, il est d'usage pour les femmes d'avoir les oreilles percées d'un trou du diamètre d'un pouce. Ces dernières y passent volontiers des boucles en or ou d'autres bijoux fabriqués à partir de matériaux locaux tels que le bois et la corne[57].
Asie |
En Inde, une très large majorité de filles et certains garçons voient leurs oreilles percées au cours d'une cérémonie religieuse avant d'avoir cinq ans. De plus, certaines filles ont leurs oreilles percées quelques jours après la naissance. Des pratiques similaires ont cours dans les autres pays de l'Asie du sud, avec en particulier le Népal, le Sri Lanka et le Laos. Généralement, les hommes se font percer les oreilles plus tard, à l'âge adulte. Ils ne possèdent en général qu'une boucle d'oreille par oreille, en avoir plus constituant une marque d'irrespect.
Inde |
Les boucles d'oreille telles que l'on les rencontre en Inde ont souvent été célébrées pour leur originalité et leur formes complexes. On trouve en Inde de nombreuses boucles d'oreille de grande dimension et finement ouvragées, généralement en or et parfois incrustées de pierres précieuses. Les boucles d'oreille sont demeurées populaires en Inde pendant la période moderne et on décompte actuellement de nombreux collectionneurs de boucles d'oreille indiennes[28]. Jadis, les femmes du Khan, nomades et susceptibles d'être répudiées à tout moment, portaient toutes leurs richesses sur elles. Les boucles d'oreille, comme les autres bijoux, sont également des objets protecteurs. Ces dernières sont en général en argent et dorées à l'or fin. Généralement de grande dimension, elles peuvent être incrustées de cornaline, de turquoise, de corail, voire de perles ou de rubis. La mariée est couverte de bijoux lors de la cérémonie, et on juge même sa beauté aux bijoux qu'elle porte. Ainsi les femmes portent selon l'occasion les kachkar-boldok (larges créoles), les ouï-oussirga (crochets traditionnels à pendentifs) ou encore les kozik-issirga (boucle d'oreille en argent ornée de corail et de turquoise)[58].
Au sein de la communauté Sikh, le port de boucles d'oreille est l'un des marqueurs sociaux les plus importants. En effet, les samnyasin constituent une branche particulière des Yogilang (en) et l'indicateur principal de leur différence avec la majorité des Yogi est qu'ils ne portent pas d'anneaux à leurs oreilles[59]. Les boucles d'oreille sont considérées comme l'un des interdits principaux imposés par le mode de vie Samnyâsin à ses fidèles. On distingue ainsi parmi les Sikhs plusieurs sous-groupes ethniques, tels que les Darsani ou Kānphaṭa (littéralement ayant l'oreille percée), plus communément appelés Nāth. Ces derniers portent la mudra, les anneaux traditionnels, tandis que les aughar n'ont, quant à eux, pas les oreilles percées[60].
Bornéo |
Dans certaines sociétés, percer les oreilles correspond à un rite de passage, en général à l'adolescence ou bien pour le mariage. À Bornéo, les parents percent l'oreille de l'enfant et celui-ci porte la boucle d'oreille tant qu'il dépend de ses parents. Chez les Hindous, chaque fille se voit traditionnellement percer le nez et les oreilles douze jours après la naissance, lorsque son prénom lui est attribué[61].
Bangladesh |
Au Bangladesh, il est fréquent qu'une importante partie des richesse de la famille soit sous forme de bijoux féminins, et en particulier de bracelets et de boucles d'oreille[62].
Sri Lanka |
Au cours de certains conflits ethniques, comme c’est le cas au Sri Lanka entre les Tamouls et les Cinghalais, le port de boucles d’oreille pour les hommes – ou du moins les stigmates que ces dernières laissent dans le lobe de l’oreille – sont autant d’indicateurs d’appartenance à la communauté Tamoul. Percer les oreilles dès la naissance est pour ces derniers un symbole d’affection maternelle. De manière générale en Afrique et en Asie, les trous pratiqués aux oreilles – au même titre que la circoncision – permettent d’identifier l’individu et son appartenance à communauté ethnique[63].
Mongolie |
Les bijoux mongols, et en particulier les parures de tête, ont fait l’objet de nombreuses études, et notamment de la part de Guillaume de Rubrouck[64]. Si les chaussures constituent une parure ornementale de l’homme, les bijoux sont quant à eux l’apanage des femmes. Cependant, la culture mongole associe volontiers un excès de bijoux à l’oisiveté. Les bijoux, principalement en argent dans ces régions, sont aujourd’hui portés pour leurs vertus thérapeutiques.
Au sein de la communauté mongole, le port de boucle d’oreille est étroitement lié avec la puberté. En effet, si la jeune fille se voit percer les oreille relativement jeune - généralement à deux ou trois ans - le port de boucle d’oreille ne fait son apparition qu’à la puberté. Le perçage est réalisé très jeune mais les fillettes prépubères ne portent pas de boucles d’oreille. Elles s'ornent seulement de petits morceaux de bois qui empêchent le trou de se refermer. Il est fréquent que la jeune adolescente reçoive ses premières boucles d’oreille de la part de sa mère, qu’elles soient neuves ou ayant appartenu à la mère. Les Darkhates n’organisent pas de rituel particulier lors de la remise des premières boucles, ces dernières sont cependant l’occasion d’une courte bénédiction et reçoivent une courte onction de lait. Au cours du XIXe siècle, les boucles d’oreilles étaient longues et lourdes, destinées à allonger légèrement le lobule de l’oreille. Le lobe allongé devenait alors symbole de la procréation. De plus, certains hommes en prison se perçaient l’oreille droite, mais jamais la gauche ou les deux oreilles. Les cultures américaines et européennes ont cependant amené les jeunes citadins à se percer l’oreille droite, et parfois même les deux[65].
Birmanie |
En Birmanie, l’usage veut que lorsque le jeune homme souhaite se marier, sa plus proche parente vient proposer l’union à la famille de celle qu’il désire. Si cette dernière accepte, le fiancé fait porter le matin de la noce des tissus et des boucles d’oreille pour la future mariée.
Les boucles d’oreille font partie des bijoux de l’homme. Celles des nobles sont en or et de forme tubulaire d’environ 6 cm de long et d’environ 5 mm de diamètre. Ces boucles d’oreille s’élargissent à leur extrémité et forment un pavillon. Il existe également d’autres boucles d’oreille présentant de gros amas d’or martelés. Ces boucles d’oreille relativement lourdes élargissent les lobes et peuvent allonger des derniers de plus de 5 cm[66]. Si les femmes birmanes sont en général très soucieuses de leur apparence, le bien-être familial n’en demeure pas moins une priorité à leurs yeux : il n’est pas rare de voir des femmes côtoyer fréquemment les bijouteries des grandes villes, mais plutôt que de compléter leur parure, les femmes vendent plus volontiers leurs boucles d’oreille pour assurer le confort économique de la famille[67].
Parmi les Kachin de Birmanie, lors d’un mariage, les boucles d’oreille (lakan) doivent être offertes aux parents de la fiancée par les sœurs du prétendant. Le nombre de boucle d’oreille offerte évolue en fonction du nombre de sœurs du fiancé. Ces bijoux, offerts aux parents, reviennent assez naturellement à la fiancée elle-même. Comme fréquemment parmi les Kashin, cet échange rituel constitue un échange de femme à femme. De plus, si un homme choisit d'épouser la fille cadette alors que l’ainée n’est pas encore mariée, il se doit de lui offrir une compensation, généralement sous forme de boucles d’oreille[68].
Viêt Nam |
Des recherches archéologiques dans la Province de Quảng Nam ont permis la découverte de boucles d'oreille bicéphales en jade. Il existe également des traces de boucles d'oreilles représentant des têtes animales, datées de 2000 av J.C[69]. Ainsi, les boucles d'oreille de la Culture de Sa Huỳnh sont de deux types :
- Des boucles présentant deux têtes animales opposées, généralement avec de longues cornes incurvées. Ces dernières ont été découvertes pour la première fois en 1992.
- Des boucles d'oreille lingling-o, en forme de bulbe avec plusieurs protubérances. Ces boucles d'oreille ont été occasionnellement découvertes puis copiées par les habitants des Philippines[70].
La parure traditionnelle des femmes vietnamiennes contient, entre autres, de larges boucles d'oreille en argent.
Aujourd'hui, les femmes des Hauts Plateaux du Viêt Nam portent des parures très sobres. Les vieilles femmes portent encore les "fiches-bobines", tubes d'oreille en bambou. Ces dernières apprécient également d'autres matériaux locaux tels que l'argent, l'aluminium ou encore le bois et les plumes[71]. Les femmes Hmông portent traditionnellement plusieurs paires de grandes boucles d'oreille[72],[73]. Les Hmông sont reconnus pour leurs talents de joaillers, bien qu'ils aient pour la plupart appris leur métier des Chinois. Les Hmông continuent encore aujourd'hui à confectionner des boucles d'oreilles, mais l'argent étant relativement cher et lourd, ils privilégient l'aluminium. Si ces boucles d'oreille sont volontiers portées par les jeunes filles, elles sont néanmoins considérées par le reste la communauté comme des bijoux de pacotille ne reflétant pas la vraie condition sociale de la famille[74].
Japon |
Déjà pendant l'époque Kofun, les japonais, hommes comme femmes, avaient pour habitude de porter des boucles d'oreille pour les grandes occasions. Ces dernières, appelées communément magatama, sont usuellement incurvées en forme de virgule. Cependant, cette pratique, au même titre que l'usage de bracelets, de colliers et de peintures corporelles, est devenue désuète à partir du VIIIe siècle[75].
Il semble que les japonaises aient porté des bijoux d'oreille à l'époque de l'Empire. Traditionnellement, ces dernières arboraient volontiers un poinçon au-dessus de l'oreille gauche, au bout duquel pend une perle ou quelque pierre de prix. Elles [avaient] encore un petit rond de perle à chaque oreille qui [faisait] beaucoup d'effet d'après les descriptions de Pierre-François-Xavier de Charlevoix dans Histoire de l’établissement, des progrès et de la décadence du Christianisme dans l’empire du Japon[76].
À l'époque de la Restauration de Meiji, laquelle débuta en 1868, les femmes Ainus se virent interdites de tatouages, et le port de boucle d'oreille pour les hommes Ainus fut également interdit[77].
Péninsule arabique |
Yémen |
Au Yémen, les femmes portent volontiers des boucles d'oreille en argent ornées d'ambre, d'agate, de verre ou encore de corail. Ces bijoux sont souvent très colorés. En particulier, depuis l'avènement de l'Islam au Yémen, on trouve facilement des bijoux sur lesquels sont inscrites des citations du Coran. Si les boucles d'oreille en or sont aujourd'hui bien plus portées que celles en argent dans les milieux urbains, les mariées du Yémen privilégient aujourd'hui encore des boucles en argent le jour des noces[78].
Amérique latine |
En Amérique latine, il est très fréquent de percer les oreilles des jeunes filles dès la naissance. Au Brésil, au sein de la communauté tribale Suya (une des tribus du peuple Xingu), il est d'usage de percer les oreilles à la puberté. Les Suya portent en général des boucles d'oreille ressemblant à des écarteurs (gros diamètre) qui symbolisent l'importance d'une bonne ouïe. De même, les Botocudos portent des écarteurs en bois[28].
Brésil |
Autrefois, les Brésiliennes - contrairement à leurs maris - portaient peu de bijoux au visage, mais possédaient cependant de larges trous aux oreilles. Elles portaient pour la plupart des pendants ronds et blancs en coquillage appelés vignol. Ces derniers étaient très longs et descendaient souvent caresser les épaules, voire la poitrine[79],[80]. Plus qu'un trou, il s'agissait au bout de quelques années d'une fente, l'allongement du lobe étant provoqué par le poids élevé des boucles d'oreille.
Les Botocudos portaient traditionnellement le houma, large plaque qui pouvait distendre le lobe de l'oreille jusqu'à le faire toucher l'épaule[80].
Parmi les Tapuyas, les enfants de sexe masculin se voyaient dans l'enfance et dès le plus jeune âge, percer les oreilles pour y permettre l'introduction de boucles d'oreille. Cela est réalisé lors d'une cérémonie à laquelle tout le village assiste. L'enfant se voit lier les pieds et les mains par le devin, qui réalise ensuite l'incision avec un instrument en bois. Il semble du reste que lors de leur arrivée au Brésil, les Néerlandais se soient vivement intéressés aux bijoux portés par les autochtones. Ils auraient ainsi souvent arraché bagues et boucles d'oreille aux Brésiliens, en leur blessant définitivement les oreilles[81].
Mexique |
Les femmes du Mexique, qu'elles soient riches ou pauvres, jeunes ou âgées, portent toutes des boucles d'oreille. Presque tous les bébés de sexe féminin ont les oreilles percées et portent des petits anneaux d'or similaires à des sleeper earrings, appelés aretes. Les boucles d'oreille pour oreilles percées peuvent légèrement varier par rapport aux clips, et puisque toutes les mexicaines ont les oreilles percées, la plupart des boucles d'oreille n'ont pas d'analogue pour oreilles non percées. On trouve au Mexique beaucoup de boucles d'oreille en pacotille si légères que certaines femmes en portent volontiers deux ou trois par oreille. Cependant, le modèle le plus courant est un anneau en forme de croissant. Ce dernier est probablement arrivé au Mexique avec les Espagnols, lesquels auraient eux-mêmes emprunté la forme aux Maures, à moins qu'elle ne vienne des Gitans. Ces anneaux sont en général en or, en argent ou en cuivre, puis plaqués or ou argent. Les moins chères viennent pour la plupart de Juchitán de Zaragoza dans l’État d’Oaxaca, où résident des centaines de petits ateliers. Les plus coûteuses présentent en général des motifs supplémentaires, tels que des billes passées dans l'anneau. Les Mexicains travaillent aujourd'hui encore à la main, et possèdent une grande maîtrise du filigrane. De manière générale, les Mexicaines apprécient les boucles d'oreille en argent présentant des motifs d'oiseaux et de fleurs, et comprenant parfois des motifs en filigrane ou des billes en verre. Elles présentent parfois même des petites pièces en argent, appréciées pour leurs reflets qui contrastent avec la peau[82].
Costa Rica |
Les femmes du Costa Rica, portent toutes des boucles d'oreille. Presque tous les bébés de sexe féminin ont les oreilles percées - souvent de nos jours deux fois - et portent des petits anneaux d'or similaires à des sleeper earrings, appelés aretes.
Certaines bébés peuvent en porter deux ou trois par oreille.
Europe de l'Est |
Si certaines filles adoptent aujourd'hui des boucles d'oreille asymétriques, ces dernières ont longtemps été l'apanage des hommes. En effet, l'asymétrie des boucles d'oreille pour une fille peut devenir un signe négatif. En Hongrie par exemple, une jeune fille Matyò portant une unique boucle d'oreille est mal vue, et elle s'efforce en général de masquer le bijou avec ses cheveux[Notes 10]. En Roumanie, lorsqu'une même famille voyait périr plusieurs nouveau-nés au berceau, il était d'usage de protéger le dernier-né de toute influence maléfique en lui insérant une boucle d'oreille. À l'âge adulte encore, la boucle d'oreille gardait son caractère d'amulette, comme le traduisent les vers de Pop-Câmpeanu:
« La boucle d'oreille que ta mère t'a mise
Te garde des mauvais esprits
Moi j'aime bien comme elle te sied
Car de moi elle ne t'a pas préservé[83]. »
Tendances actuelles |
Dans beaucoup de cultures, il est commun de percer les oreilles de jeunes filles peu après la naissance, même si des voix s'élèvent car l'enfant ne peut donner son avis quant à cette modification corporelle. Aux États-Unis, certaines cliniques proposent dès l'accouchement de percer les oreilles des petites filles dans le cadre de prestations offertes. En Argentine, la très large majorité des petites filles se font percer par un spécialiste. Il s'agit d'un service offert, au même titre que la circoncision pour les garçons ou bien le rasage des cheveux. Actuellement, en France comme en Italie, la majorité des filles voient leurs oreilles percées avant l'adolescence. En Italie surtout, on remarque une tendance similaire pour les garçons, tandis que certaines filles ont parfois plusieurs trous avant l'adolescence[84].
Si la tradition de percer les oreilles des jeunes filles a été assez naturellement réintégrée dans certaines strates sociales, cette dernière est encore aujourd'hui plus difficile à admettre dans d'autres. Pour certaines mères, le refus de faire percer les oreilles de leur filles est lié à une volonté de les préserver de la douleur du geste. Pourtant, ces mêmes filles ont souvent demandé à des membres féminins de leur entourage - comme les tantes ou les grand-mères dans de nombreux cas - de leur percer les oreilles. Les études menées par Patrizia Ciambelli citent de nombreux cas pour lesquels le passage à l'acte s'est fait dans un cadre autre que celui du quotidien, comme en période de vacances. Les craintes des mères sont généralement liées aux connotations liées à la modification corporelle : acte douloureux, intrusif et définitif. Malgré ces réticences marquées dans certaines classes sociales, les jeunes filles des années 1960 ont pour beaucoup transgressé l'interdit parental pour porter des boucles d'oreille[84].
Religion |
En Occident, les interprétations de la Bible ne sont, a priori, pas favorable aux modifications corporelle. En effet, s'il est question de boucles d'oreille dans la Bible[85], ces dernières n'en prennent pas moins un sens démoniaque pour les premiers chrétiens[86]. La pensée chrétienne accordant que «Dieu est parfait, il nous a fait à son image», cette dernière n'est pas compatible avec le perçage des oreilles. En effet, si Dieu est parfait, il n'est pas acceptable de chercher à embellir son corps. L'Église a donc pendant longtemps associé les boucles d'oreille à l'Enfer. Cela est visible sur des représentations religieuses relativement anciennes, pour lesquels le Mal est souvent symbolisé par des créatures démoniaques aux corps modifiés affublés de perforations corporelles[87]. Cela n'a cependant pas empêché les générations des siècles derniers de porter des boucles d'oreille. Une des explications possibles quant à la recrudescence des boucles d'oreille à partir de 1960 est d'ailleurs le recul de la religion chrétienne et la montée de l'athéisme en Occident.
Cependant, il n'est fait nulle part mention dans la Bible d'une interdiction concernant les modifications corporelles, et en particulier concernant le port de boucles d'oreille. La question du chrétien n'est donc pas "Est-ce que la Bible m'interdit de porter des boucles d'oreille", mais plutôt "Est il bon pour moi de me percer les oreilles". Au sujet des bijoux féminins, Saint Paul insiste particulièrement sur la décence et la discrétion des tenues que doivent porter les femmes selon lui[Notes 11]. Pour les chrétiens, le choix de porter des boucles d'oreille ou de se percer les oreilles est finalement assez peu relié à la religion[88]. En effet, d'après Samuel, "L'Eternel ne considère pas ce que l'homme considère ; l'homme regarde à ce qui frappe les yeux, mais l'Eternel regarde au cœur"[89].
Le droit musulman classique interdit les modifications corporelles. Par un raisonnement analogue à celui des chrétiens, l'Homme ne dispose pas du droit de modification des êtres conçus par Allah. Ainsi, Sibt ibn al-Jawzi (d. 1021) interdit de percer les oreilles des jeunes filles. Dès lors, celui qui perce l'oreille d'un autre devient punissable : tout éventuel contrat incluant une modification corporelle (hors circoncision) est illicite. Cependant, Ad-Mardawi fait état d'opinions contradictoires à ce sujet, les unes considérant l'acte comme blâmable, les autres comme interdit[90].
La culture locale a cependant un effet manifeste sur l'interprétation du code vestimentaire imposé par l'Islam. En Mongolie, par exemple, la communauté musulmane accorde aux femmes le droit de porter des boucles d'oreille et des bracelets. Les femmes Hui sont d'ailleurs connues pour leur engouement particulier pour les bijoux d'oreille[91]. Selon les pays, la législation peut imposer un code strict concernant le vêtement de la femme, c'est le cas par exemple en Afghanistan. En Égypte, de nombreuses femmes se déclarent musulmanes et ont également les oreilles percées - deux pratiques qui semblent pourtant, en théorie, ne pas pouvoir coexister[92]. Si de nombreuses égyptiennes portent aujourd'hui le voile coranique, plusieurs millions de femmes sont habillées selon la mode occidentale. Ces dernières accentuent de manière générale leur féminité en se faisant percer les oreilles notamment[93]. Cependant, pour les musulmanes les plus traditionnelles, le voile constitue une barrière à l'excès de féminité. Si ces dernières arborent volontiers des boucles d'oreille, ces ornements sont réservés à la vue du mari et masqués par le voile lorsque la femme sort de chez elle[94].
Aspect social en Occident |
Lien entre le bijou et l'âge du porteur |
Contrairement à d'autres bijoux (gourmettes et médailles) les boucles d'oreille ne sont pas considérées, en Occident, comme des marqueurs directs de l'identité sociale. Traditionnellement attribuées aux femmes, les boucles d'oreilles jouent principalement un rôle esthétique. Les hommes sont a priori moins susceptibles de porter ce type de bijoux, car ils ont été au travers de l'Histoire plus souvent évalués sur des critères d'intelligence ou de puissance que de beauté. Une femme, en revanche est généralement célébrée pour sa beauté, et cela suppose qu'elle possède un certain nombre de bijoux et qu'elle ait appris à les porter pendant l'enfance. Les normes concernant les boucles d'oreille des jeunes filles ont considérablement changé durant le siècle dernier et varient encore aujourd'hui au gré des milieux sociaux. Les boucles d'oreilles étaient considérées au début du XXe siècle comme une marque d'identité sexuelle et il était d'usage de percer les oreilles des jeunes filles très tôt pour les distinguer aisément des garçons. Cette modification corporelle est devenue, dans les années 1950, un signe de ruralité, réservé aux milieux populaires. Les bijoux des jeunes filles catholiques se sont résumés, à l'époque, à la médaille de baptême qui constituait, alors, le marqueur d'identité principal. Aujourd'hui, la plupart des fillettes d'âge scolaire ont les oreilles percées. Cependant, les boucles d'oreille, comme le reste des bijoux portés pendant l'enfance, sont en général discrètes[95].
L'adolescence marque l'apparition de bijoux plus sophistiqués et souvent plus suggestifs. Il est fréquent que des boucles d'oreille en perle soient offertes entre douze et quinze ans. Les perles, surtout lorsqu'elles sont assorties à un collier prennent alors une valeur érotique singulière. Ce sont en effet les bijoux qui ornent traditionnellement les robes de bal, pour lesquelles la gorge est largement dévoilée. Ainsi, la puberté est l'occasion de l'acquisition de boucles d'oreilles voyantes et sophistiquées qui offrent aux jeunes filles la possibilité de séduire. Cependant, si ces bijoux peuvent avoir une valeur marchande élevée, ils doivent, selon Marlène Albert-Llorca, traduire un entre-deux, entre l'enfance et la femme mariée. Ces derniers sont donc intermédiaires, présentant les premières pierres précieuses et perles de la jeune fille, sans pour autant avoir la dimension des bijoux que possède habituellement une femme mariée. Cependant, si les bijoux offerts à la jeune fille évoluent dans leur dimension de manière assez linéaire avec l'âge, il est fréquent que celle-ci s'achète elle-même des bijoux de fantaisie de grande dimension pendant l'adolescence. Ainsi, on distingue rapidement les boucles d'oreille que la jeune fille a reçues de celles dont elle se pare pour «sortir». Plus surprenant et contrairement aux codes établis depuis l'Antiquité, les jeunes filles actuelles portent volontiers des bijoux de pacotille de valeur marchande dérisoire à l'occasion d'événements mondains. On observe même un certain rejet de l'or parmi de nombreuses jeunes filles, ce dernier étant réservé à celles qui préfèrent porter des bijoux discrets. Ce choix, très fréquent pour les boucles d'oreille en pacotille, pourrait donc, selon Marlène Albert-Llorca, correspondre à une nouvelle définition des bijoux de l'entre-deux[96]. Souvent, des boucles d'oreille de valeur marchande élevée sont offertes à la majorité. Celles-ci symbolisent alors un passage à l'âge adulte, et l'exigence de sérieux et d'autonomie que cela impose.
Si de nombreuses adolescentes arborent fièrement des boucles d'oreille de fantaisie, elles ne leur sont pas pour autant exclusives. Les femmes mariées en portent également en Occident, mais les boucles d'oreille n'obéissent alors plus aux mêmes normes sociales. En effet, ces femmes ont alors pris une certaine distance avec les codes esthétique et le port de bijoux de pacotille correspond en général à une humeur décontractée, pendant les périodes de vacances par exemple. Néanmoins, il semble que certaines femmes d'âge mûr portent également ce type de bijoux dans le but de renouer avec la jeunesse, en réintégrant les codes établis.
À la différence de certains peuples exotiques, les bijoux de la femme sont conservés lorsque de nouveaux sont acquis. En Europe et aux États-Unis, la femme continue à porter ses premières perles bien après l'acquisition de bijou de mariage. Les boucles d'oreille deviennent alors les témoins d'une existence et forgent l'identité de leur propriétaire. De plus, souvent transmises de grand-mère à petite-fille, les boucles d'oreilles font également partie des bijoux de famille que l'on arbore en hommage à ses aïeux. L'ethnologie conclut quant à un rapport ténu entre les boucles d'oreilles et le temps, considéré dans sa pluralité. Celles-ci agissent en tant que marqueur de l'identité sociale dans un contexte où la signification de la boucle d'oreille peut changer radicalement. La parure, reflet de l'âge de son porteur, traduit également son humeur, et même le statut social de son conjoint. Cependant, la différence fondamentale entre le vêtement de la boucle d'oreille est que cette dernière n'obéit à aucune convention stricte. Malgré tout, une femme portant des boucles d'oreille s'inscrit de manière manifeste dans une dynamique de féminité[97].
Relations sociales induites par les boucles d'oreille |
Traditionnellement, la boucle d'oreille est un bijou qui se transmet de mère en fille. Au travers des derniers siècles, c'était en général le premier bijou que la fille recevait. Chaque famille, même modeste, conservait souvent une paire de ces petites boucles d'oreille en or, appelées alors perce-oreille, pour assurer la possibilité du perçage en cas de naissance d'une fille. Dans certains villages, en Italie notamment, on a vu des situations dans lesquelles les familles les plus riches ont prêté ces premiers bijoux aux filles issues de familles en difficulté financière. Les boucles d'oreille ont donc parfois montré un caractère social fort fondé sur la modification corporelle, instituant des chaînes de relations de plusieurs ordres, familial surtout, mais également au sein de la communauté. Aujourd'hui cependant, de nombreuses mesures d'hygiène et d'intimité ont assez largement freiné les échanges de boucles d'oreille. En particulier, l'avènement du pistolet a rendu obsolète les échanges de perce-oreille entre familles. Les enquêtes réalisées en Europe montrent que les boucles d'oreille font souvent l'objet d'un cadeau. Ces dernières sont le plus souvent offertes à la puberté. De plus en plus, ces dernières sont achetées neuve pour l'occasion, à la différence ce qui pouvait se faire au début du siècle. Pour des événements propres au rite catholique, comme la première communion, ces bijoux, au prix très variable, peuvent être offerts par la marraine. Offrir des boucles d'oreille à l'âge des premières règles, à l'occasion d'un accomplissement religieux, prend alors la signification d'un commencement, de l'ouverture vers la vie de femme[98].
Selon les ethnologues, offrir des boucles d'oreille à une femme correspond à une reconnaissance de son statut. La jeune fille sait qu'elle a gagné son statut d'adolescente lorsqu'elle a reçu ses premiers vrais bijoux. La femme mariée est reconnue en tant que femme désirable lorsqu'elle reçoit des boucles d'oreille de la part de son conjoint. Les
boucles d'oreilles sont d'ailleurs offertes de manière quasi institutionnelle au sein du couple à l'occasion de jubilés tels que les noces d'or. Cependant, une femme peut se voir offrir des boucles d'oreille en dehors de toute raison apparente, mais cela semble - dans la majeure partie des cas - correspondre à une reconnaissance de sa féminité et un gage d'amour. Il s'agit bien souvent de la réaffirmation d'une relation de séduction au sein du couple. Après le premier perçage, certaines personnes choisissent de réitérer l'opération lors de moments importants de leurs vies. Cela est l'occasion de perçages asymétriques et de l'acquisition de boucles d'oreilles uniques destinées à être portée seules. Paradoxalement, si le trou est solitaire, c'est souvent pour sceller une amitié entre deux personnes. Ainsi, on se perce de manière asymétrique à plusieurs. Le port d'une seule boucle d'oreille peut être l'occasion d'un partage de la paire de boucle d'oreille entre les deux amis lors de l'achat. À mesure que les trous sont effectués en remontant vers le pavillon de l'oreille la douleur s'intensifie. Les trous asymétriques deviennent alors l'occasion d'un partage de la douleur entre les amis lors du passage à l'acte[99].
Dans la marine, le trou devient pour les jeunes marins le moyen d'une intégration au groupe social[Notes 12]. Les compagnons également portent le caractéristique joint en signe d'accomplissement. Certains boulangers, maréchaux-ferrants ou muletiers portaient également l'anneau, auquel était souvent suspendu un pendentif par lequel on pouvait identifier leur profession. La boucle d'oreille entretient donc une relation spécifique avec l'activité professionnelle.
Militants contre le perçage |
Les femmes refusant la modification corporelle consistant au perçage du lobe d'oreille ont généralement des motivations d'ordre éthique. Le corps apparaît comme un sanctuaire qui ne doit pas subir de modifications volontaires, jugées barbares. En effet, le port de boucles d'oreille, avec les tatouages, constitue l'un des rares ornements très courants en Occident ayant un lien fort avec les sociétés exotiques. Certaines femmes qui portent le bijou le considèrent même comme étant une partie de leur corps et enlèvent rarement leur boucles d'oreille. Ces dernières perdent alors la motivation esthétique au profit d'un besoin de complétude. La boucle d'oreille devient littéralement une prolongation de l'oreille[100].
Vertus thérapeutiques |
Les travaux de Giuseppe Pitrè ont attesté de manière médicale les vertus du perçage du lobe de l'oreille. En effet, selon le médecin italien, « Trouer le lobe de l'oreille est une pratique qui prévient et guérit les ophtalmies. Pour le maintenir toujours ouvert, selon certains, il faut y mettre une boucle. Le trou dans l'oreille éclaircit la vue, soulage les conjonctivites et les autres affections des yeux »[Notes 13] On prête donc au perçage du lobe et au port de boucles d'oreille en métal qui empêche le trou de se reboucher des vertus thérapeutiques. Le trou éclaircit la vue, soulage les maux d'yeux.
Le Nei Jing Su Wen, premier ouvrage d'acupuncture dans l'Histoire, affirme que tous les méridiens sont réunis dans l'auricule[101],[102]. Cependant, selon J.E.H. Niboyet, les connaissances de l'époque concernant le pavillon de l'oreille ne permettaient pas de relier de manière cohérente les différents points d'acupuncture. Dans le Ling Shu, il est fait mention d'un lien important entre les reins et l'ouïe. D'autres livres établissent des liens entre l'oreille et le cœur, les poumons, le foie et surtout les yeux. Avant 1956, les Chinois utilisaient l'auriculothérapie uniquement pour soigner les maladies oculaires, les maux de gorge et les fièvres. Hypocrate établissait un lien entre des troubles sexuels et l'oreille. Les principaux travaux concernant les oreilles et leurs points d'acupuncture ont été réalisés par Paul Nogier, qui établit, entre autres, la première cartographie de l'oreille. Des soins par saignées derrière l'oreille ou par cautérisation ont également été effectués au cours de l'histoire.
Le centre du lobe, la partie de l'oreille la plus fréquemment percée, est, selon la cartographie de Paul Nogier, à relier directement avec la vue. Légèrement au-dessus se situent les points relatifs à la langue, et dessous les points concernant les amygdales, toujours selon Nogier. De plus, une stimulation du point Ting Tong, au milieu du lobule, pourrait soigner les douleurs d'otite [102]. Les acupuncteurs établissent aujourd'hui un lien entre les allergies aux bijoux de fantaisie et les sinusites chroniques ou migraines[103]. Selon certains ethnologues, le perçage des oreilles peut aussi prendre un tout autre sens lorsqu'on s'intéresse à des considérations physiologiques. En effet, en provoquant des blessures artificielles, il est possible de faire couler les excès de fluides produits à l'intérieur du corps. Cette méthode est connue depuis longtemps pour les animaux, pour lesquels il fut courant de pratiquer l'incision dans l'oreille et d'y introduire une racine pour soigner certaines pathologies. Certains médecins conseillaient également l'application des sangsues derrière l'oreille, car le lobe est une zone riche en points d'acupuncture.[interprétation personnelle]
Chez les hommes |
Aujourd'hui, la boucle d'oreille masculine est attestée dans plusieurs pays d'Europe. Les garçons sont en général percés pendant l'enfance, ou bien lors du passage de la jeunesse à l'âge mûr. D'après les écrits de Pitré, l'usage en Sicile était que le parrain offre au filleul un petit anneau d'or[104]. Dans d'autres contrées d'Italie, comme les vallées du Trentin, le rite était réalisé seulement à la puberté. La seule oreille droite était percée, et l'on y insérait un petit anneau d'or (anélin de oro) ou bien un clou d'oreille surmonté d'une fleur (brochete). Bien loin de souligner une faiblesse acceptée, la boucle d'oreille masculine prend en Italie le symbole de virilité et de prestige social. La tradition italienne utilisait également ce bijou pour prévenir des maladies ophtalmiques[105], courantes dans les pays méditerranéens. En Provence, « c'était le joaillier qui procédait à l'opération à l'aide d'un poinçon très effilé en provoquant les hurlements du marmot » écrit Claude Seignolle[106]. Les hommes gardaient l'anneau tout leur vie, et celui-ci avait souvent une valeur de talisman. Enfin, si les hommes n'ont souvent porté qu'une seule boucle d'oreille, le choix de l'oreille varie cependant selon les régions. Ainsi, dans certaines régions de Roumanie, la mère faisait percer l'oreille droite du nourrisson, tandis qu'en Olténie, c'est à gauche que les garçons se faisaient percer[107]. De manière analogue à l'identité sexuelle gagnée par les jeunes filles lors du perçage de l'oreille, le cadeau du bijou reçu par le filleul marque aussi l'acquisition d'une identité. Ces derniers s'exhibent dans la littérature avec fierté et orgueil mais également pour se protéger du mauvais œil[108].
Parmi les marins, deux interprétations sont possibles. D'une part, le port de boucles d'oreille (une seule en général) peut signifier que le marin a beaucoup voyagé, et en particulier traversé l'équateur. De plus, il est communément admis que la boucle d'oreille en or peut servir à payer une tombe décente au cas où le marin périt loin de chez lui. En revanche, selon la tradition grecque, l'or doit être laissé au mort, de manière qu'il puisse payer le passeur, Charon, qui permet de traverser le Styx pour atteindre l'Hadès.
Une autre interprétation concernant le port de boucle d'oreille chez les pirates a pour origine l'acupuncture. En effet, percer l'oreille permettrait d'améliorer la vision nocturne et serait donc un avantage notable pour les pirates[109]. « Il portait des cadenettes, ses cheveux étaient tressés sur les tempes et deux énormes anneaux d'or lui servaient de boucles d'oreilles, ce qui était alors fort usage chez les mariniers » est une description d'un amiral de la marine vers 1830 issue de l'œuvre d’Albin Mazon[110]. Si l'ethnologie évoque souvent la boucle d'oreille masculine comme marque d'une certaine féminité, voire d'homosexualité, cette dernière n'en a pas moins été portée au travers l'histoire par des classes d'hommes éminemment masculins, comme les compagnons, les marins mais également les paysans ou les montagnards.
Symbolique |
En philosophie |
La question de la boucle d'oreille et la recherche d'une explication quant à son caractère traditionnellement féminin ont été explorés en philosophie au travers des travaux de Séverine Auffret[111].
Caractère féminin |
Selon la philosophe, deux hypothèses sont à retenir quant à la symbolique de la boucle d'oreille :
- l'hypothèse lacanienne attribue aux boucles d'oreille le rôle de mascarade, d'objet purement démonstratif. Pour pallier un manque, celui de l'absence de phallus chez la femme, celle-ci porte des boucles d'oreille. L'hypothèse de Jacques Lacan évoque donc une dénégation de la part de la femme, une forme de castration de naissance. Cette théorie va de pair avec celle de Françoise Dolto[Notes 14]. Cette théorie est donc une théorie négative quant au port de la boucle d'oreille, qui joue pour la femme un rôle d'ersatz ;
- l'hypothèse positivement féminine défendue par Auffret s'organise autour d'un caractère féminin de l'oreille. Le rôle de la boucle d'oreille est esthétique, il vise à attirer le regard vers l'oreille, cet organe complexe trop souvent masqué par les cheveux. Les boucles d'oreilles sont des bijoux qui sortent de l'ordinaire, car ils sont les seuls traditionnellement portés par paires[Notes 15]. En effet, dans sa démonstration, la philosophe met en avant le fait que l'homme possède deux bras, deux jambes et dix doigts mais qu'il ne viendrait à l'idée de personne de porter deux bagues ou deux bracelets identiques. Ainsi, les boucles d'oreille, puisqu'elles sont doubles sont la marque d'une autonomie de la femme qui sait dépasser l'unité du phallus masculin.
Les boucles d'oreille sont mentionnées en philosophie à la fois comme métaphore et parole du sexe. Dans leur duplicité, elles participent à un double jeu de la coquetterie: celle de soi et celle pour l'autre. Symbole de féminité, les boucles d'oreilles sont parfois volontairement cachées, comme c'est par exemple le cas pour les femmes portant le voile coranique. Trop visibles, elles attirent en effet la vue vers le pavillon de l'oreille, désagréable dans son étrangeté. La philosophe se propose alors de comparer le caractère passif de l'oreille à celui du sexe féminin et démontre en cela le lien nécessaire entre les boucles d'oreille - qui mettent en valeur l'oreille - avec la féminité.
Caractère masculin |
Le fait que les hommes ne portent souvent qu'une seule boucle d'oreille confirme la théorie selon laquelle la boucle d'oreille est typiquement féminine. De plus, la boucle d'oreille masculine prend parfois une signification homosexuelle. La philosophie y voit donc une expression d'acceptation de la féminité en soi, l'affirmation qu'une partie du porteur est féminine. De plus, si la droite est traditionnellement liée à la droiture et la rigueur[Notes 16], elle peut aussi être interprétée comme un signe d'homosexualité. La boucle d'oreille portée à gauche peut ainsi signifier une marque de faiblesse dans la masculinité.
La philosophe conclut : « Arboré sous l'effet d'un choix libre, non imposé, ce bijou pourrait aussi vouloir dire autre chose: […] Je fais semblant d'être l'objet de votre désir masculin quand bien même, c'est le mien, féminin, qui vous piège. »
L'approche anthropologique |
D'après Claude Lévi-Strauss, il existe une relation d'opposition entre les cicatrices et les bijoux. Les premières constituent alors le revêtement naturel du corps, par opposition au revêtement culturel formé par les bagues, parures et autres boucles d'oreille. Si percer l'oreille marque le lobe d'une cicatrice définitive et est symbole de douleur, l'adjonction d'ornements métalliques vient y combler cette agression au patrimoine naturel et ainsi renforcer le sujet[Notes 17].
Symbole d'esclavagisme |
La boucle d'oreille a souvent été utilisée comme le symbole des esclaves. Ainsi, les esclaves, hommes comme femmes, étaient facilement reconnaissable par l'anneau qu'ils portaient à leur oreille. Bien plus, il a existé des cas pour lesquels les maîtres d'esclaves leur faisaient porter des boucles d'oreille reconnaissables, de manière à les distinguer facilement des autres esclaves[112].
Dans la Bible et plus précisément dans le Deutéronome (15:16-17), il est fait mention de l'usage de boucles d'oreille pour marquer les esclaves[Notes 18].
Symbole érotique |
Selon Sheldon Filger, les boucles d'oreille accentuent le caractère érotique de la femme. En particulier, ces bijoux mettent en valeur le caractère complexe de l'oreille. De plus, ces derniers, toujours en adéquation avec la coiffure, constituent en eux-mêmes une personnalisation puissante de la femme. Les boucles d'oreille, dans leur diversité de forme, de taille et de matériau, participent à une érotisation du visage. En particulier, selon Filger, ce sont les anneaux, et plus précisément les créoles de grand diamètre à fil rond, qui ont le pouvoir érotique le plus marqué. Si les boucles d'oreille sont vecteur d'érotisation du visage, elles semblent en réalité avoir cet effet sur l'ensemble du corps. Ainsi, l'auteur affirme que les boucles d'oreille sont les bijoux féminins les plus érotiques qui soient[113].
Types |
Pour oreilles percées |
- Les puces (ou clous): la particularité de ces boucles d'oreille est de donner l'impression qu'elles "flottent" sur le lobe de l'oreille sans fixation (visible). Ils sont constitués d'une tige qui traverse l'oreille. Cette tige est maintenue en place par un fermoir spécifique, le système ayant une ressemblance avec les pin's. Parfois, la tige est filetée, permettant une fixation plus solide ; plus difficile à positionner et à retirer, cette fixation est utile car elle permet de fixer solidement des boucles d'oreilles onéreuses (diamants, métaux précieux).
- Les anneaux : les anneaux peuvent être circulaires ou semi-circulaires. S'ils sont circulaires, ils sont également creux et une fixation plus mince traverse l'oreille. Ou bien il s'agit d'un pivot à l'avant de l'oreille qui peut être rabattu à l'arrière de l'oreille, ou bien le système de fermeture est constitué d'un fil plus fin qui peut être glissé dans le tube derrière l'oreille. Dans ce cas, la boucle d'oreille est suffisamment souple pour permettre de s'ouvrir lors de la pose ou du retrait du bijou, et suffisamment rigide pour tenir fermée la journée. S'il s'agit d'anneaux semi-circulaires, ils sont en général retenus par une poussette en métal ou en plastique, de manière analogue à des puces. De plus, certains anneaux sont composés de deux parties possèdent une charnière invisible à leur moitié. Généralement assez massives, ces boucles d'oreille doivent être ouvertes lors de la pose ou du retrait et se portent fermées. Ainsi, la charnière doit opposer une certaine résistance à l'ouverture afin d'éviter toute ouverture inopportune. Ces boucles d'oreille, qui par leur forme semblent embrasser l'oreille, sont d'ailleurs nommées huggy earrings en langue anglaise. Leur proportion permet à de nombreux bijoutiers d'en faire des articles de choix, en les recouvrant par exemple de pierres précieuses. Les anneaux peuvent également être désignés sous l'appellation "créoles". En particulier, la langue anglaise distingue une sous catégorie particulière des anneaux, les sleeper earring, petits anneaux typiquement en or. On les appelle ainsi car leur petite taille les rendant confortables, ils peuvent être portés en particulier la nuit pour empêcher les trous de se refermer.
- Les crochets (souvent utilisés pour les boucles d'oreilles argent et fantaisies) sont constitués d'une tige pleine de métal recourbé que l'on accroche à l'oreille, ces tiges sont souvent longues pour éviter de les perdre, ce type de système est très courant dans les pays en voie de développement car très facile à réaliser. Dans les pays industrialisés, un modèle classique prédomine: le crochet est réalisé de manière à épouser la forme du lobe de l'oreille et possède en général une petite perle en métal au-dessus de l'attache de la boucle d'oreille, elle-même surmontée d'un petit fil torsadé. Ce type de boucle d'oreille s'adapte bien à la fabrication maison, ainsi, on trouve facilement les crochets vendus seuls dans le commerce. On peut également y glisser un fermoir pour limiter le risque de perte. Pour les boucles d'oreille les moins chères, il peut s'agir d'un simple tube de plastique transparent glissé derrière l'oreille, mais on peut également utiliser les fermoirs de puce.
- Les dormeuses ressemblent aux crochets avec une attache supplémentaire à l'arrière. Celle-ci est pivotante et indissociable du reste de l'attache. Si les crochets sont souvent réservés à des boucles d'oreille relativement longues, une attache de dormeuse peut être le support d'une boucle d'oreille courte. En effet, il existe des fermoirs de type dormeuse présentant la partie frontale plate ou sertie de manière à pouvoir accueillir une petite pierre.
- Les chaînes d'oreille Les boucles d'oreilles de ce type sont constituées d'une chaîne très fine (et très flexible) qui est glissée dans le trou de l'oreille. À une de leurs extrémités, un fil de métal rigide de même diamètre est fixé dans le prolongement de la chaîne pour faciliter leur pose. À l'autre extrémité, il peut y avoir un petit anneau pour fixer le cœur de la boucle d'oreille. Ces boucles d'oreille sont donc, contrairement aux précédentes, installées de manières quasi symétriques de part et d'autre de l'oreille et ne nécessitent aucun fermoir. Il s'agit d'un type de boucle d'oreille beaucoup moins développé que ceux cités ci-dessus.
Créoles
Crochets
Puces d'oreille: Ces puces d'oreille ont la particularité d'être en perle.
Détail d'une puce d'oreille munie de son fermoir poussette belge.
Jeune fille portant des créoles semi-circulaires avec fermoirs en poussette belge.
Une chaîne d'oreille.
Demi-créole et son fermoir.
Différents fermoirs |
La plupart des boucles d'oreille comportent deux parties: une partie ornementale qui constitue l'essentiel de l'objet et le fermoir, dont l'utilité est de maintenir la boucle d'oreille plaquée contre l'oreille. La grande majorité des boucles d'oreille requiert un fermoir pour ne pas tomber. Si pour certaines, le fermoir est optionnel (crochets), pour une majorité, il est impératif (puces). Enfin, les dormeuses sont des boucles d'oreilles pour lesquelles le fermoir est maintenu à la partie principale par l'intermédiaire d'une charnière.
Ainsi, il existe différents types de fermoirs.
- Les poussettes belges: Il s'agit du fermoir pour puces le plus courant. En métal, souvent assorti à la tige, il est constitué d'une fine plaque recourbée en forme de papillon et percée d'un trou. La tige de la boucle d'oreille est ainsi passée dans la plaque puis fermement maintenue par les deux bords. Le fermoir, même s'il est invisible car caché derrière l'oreille peut-être ouvragé et finement ciselé. De plus, il existe des modèles plus complexes qui s'adaptent à une tige filetée et permettent une fixation beaucoup plus solide. Naturellement, le système de poussettes belge s'adapte aux différents diamètres de boucles d'oreille, à savoir 7/10, 8/10 et 9/10 mm.
- Le système Alpa: Plus récent et plus cher, ce système accompagne souvent les puces ayant une grande valeur marchande car sa tenue est très bonne. Il est constitué d'un disque troué en son centre. La tige de la puce possède une zone de diamètre légèrement inférieur et celle-ci est bloquée dans le trou du disque grâce à un système de ressort. Un petit bouton est présent de part et d'autre du disque pour permettre le retrait de la boucle.
- La brisure est le nom donné par les bijoutiers aux fermoirs des boucles d'oreille de type dormeuses. La brisure est reliée au corps de la boucle d'oreille par l'intermédiaire d'une charnière. Les dormeuses présentent ainsi plus de sécurité que des crochets simples, mais sont également plus difficiles à mettre.
- Les anneaux sont parfois utilisées uniquement à titre de fermoir, un pendentif étant passé dans l'anneau avant la pose de la boucle d'oreille.
- Le système Assi[114] est un système de fermoir très récent. Celui-ci constitue une révolution par rapport aux précédents puisque la boucle d'oreille est désormais en une seule partie, le fermoir étant inclus dans la boucle d'oreille. Le bijou se présente sous forme de puce et la tige qui traverse l'oreille est légèrement plus longue que celle des puces habituelles. Des technologies récentes ont permis de rendre cette tige flexible. Ainsi, la puce doit être mise en passant la tige au travers du lobe, puis cette dernière se voit déformée (recourbée contre l'oreille) de manière à maintenir la boucle d'oreille fermement. Ce système comporte de nombreux avantages, en particulier il est apprécié pour sa légèreté et sa facilité d'emploi. De plus, il est désormais impossible de perdre le fermoir. Cependant, ce système reste pour l'instant très marginal et peu utilisé.
Puces d'oreille et leur poussettes belges.
Différents fermoirs poussettes.
Fermoirs dormeuses.
Fermoirs crochets.
Modélisation Blender d'une puce d'oreille Assi.
Pour oreille non percées |
Certaines personnes n'ayant pas les oreilles percées souhaitent porter tout de même des boucles d'oreille. Il existe ainsi des boucles d'oreilles qui peuvent être portées en l'absence de trou dans le lobe de l'oreille.
- Les clips : un des systèmes les plus prisés parmi les personnes ne souhaitant pas se faire percer les oreilles. Il est très ressemblant au système de dormeuses, à la différence près que la tige qui traverse l'oreille pour les dormeuses est remplacée par un galet sur lequel l'oreille repose. Une attache à l'arrière de la boucle vient se rabattre derrière l'oreille et maintenir la boucle d'oreille en place. L'oreille est donc pincée de manière que la boucle ne glisse pas. Le désavantage majeur de ce système est justement le pincement qu'il impose qui peut être relativement douloureux. De plus, ce type de système est généralement assez gros et visible, ce qui peut nuire à l'aspect général de la boucle d'oreille. Cependant, lorsque ce type de boucle d'oreille a une forme d'anneaux avec une charnière au milieu, la différence avec des boucles d'oreille classiques est invisible.
- Les systèmes à vis : Ces systèmes présentent de nombreuses similitudes avec les clips. Cependant, l'attache ne présente pas de charnière et le clip est remplacé par une petite vis. Ainsi, pour la pose, il faut installer le lobe à l'intérieur de la boucle d'oreille, puis visser la petite vis cachée derrière le lobe de l'oreille jusqu'à ce que la boucle ne risque plus de glisser. Un tel système présente l'avantage majeur de pouvoir adapter la boucle d'oreille au lobe, et ainsi de limiter les douleurs dues au port de boucles d'oreille.
- Les aimants : Pour permettre de porter des puces et garder l'effet de « flottement » sur l'oreille, il est nécessaire qu'aucune boucle ne relie l'avant à l'arrière de l'oreille, ainsi les clips ne peuvent constituer une solution. Certaines personnes se tournent ainsi vers des boucles d'oreille aimantées. Celle-ci sont constituées de deux aimants, l'un jouant le rôle de bijou visible, l'autre de fermoir. La boucle d'oreille est ainsi maintenue part interaction magnétique entre les deux aimants, l'un devant, l'autre derrière et le lobe de l'oreille entre les deux. Si ce système est plus esthétique que le précédent, il présente l'inconvénient d'être très (trop) facile à enlever, et augmente donc le risque de perte. De plus, il existe quelques cas documentés de problèmes de santé dus à des systèmes analogues[115].
- Les boucles d'oreille encollables : il s'agit de boucles d'oreille autocollantes. Elles se présentent en général sous forme de puces et sont en majorité destinées aux petites filles. Celles-ci sont à usage unique. De plus, la boucle d'oreille devant pouvoir être enlevée, il est nécessaire que la colle ne soit pas trop forte, la boucle d'oreille doit donc nécessairement être très légère (tous les pendants sont exclus).
- Les agrafes d'oreille : elles ressemblent aux anneaux classiques en tous points, cependant aucune tige ne traverse l'oreille. Un fil de métal est inséré dans l'anneau et peut pivoter jusqu'à ce que l'oreille soit pincée. De telles boucles d'oreilles sont très ressemblantes à des boucles d'oreilles pour oreilles percées. Cependant, le contact avec l'anneau peut être douloureux car il est très localisé et de petit diamètre.
- Les crochets d'oreille : ces boucles d'oreille sont constituées d'un large crochet qui est passé derrière l'oreille. Elles sont très adaptées aux boucles d'oreilles longues et pendantes. Il s'agit en réalité d'un bijou différent des boucles d'oreilles traditionnelles puisqu'il n'orne plus seulement le lobe de l'oreille mais l'oreille tout entière.
- Les bagues d'oreilles sont des anneaux qui se glissent sur le pavillon de l'oreille.
Bague d'oreille
Clips d'oreille
Clips d'oreille portés par une jeune fille
Une agrafe d'oreille.
Un crochet d'oreille.
Boucles d'oreille permanentes |
La plupart des boucles d'oreille portées dans le monde occidental sont conçues pour pouvoir être enlevées sans difficulté et changées à volonté. Cependant, il existe également des boucles d'oreilles permanentes (non amovible). À leur origine, ces boucles d'oreille étaient une marque d'esclavage ou de propriété. Elles sont connues aujourd'hui sous forme d'anneaux de diamètre supérieur aux boucles d'oreille classiques, et sont ainsi assez difficiles voire impossible à enlever. De plus, certains utilisent la soudure pour fermer définitivement l'anneau, bien que cela pose de nombreux risques dus, entre autres, à la haute toxicité des métaux utilisés pour la soudure et à la chaleur dégagée par le métal lors de la soudure. Il existe également des boucles d'oreille présentant un système de verrouillage qui sont portées par les deux sexes, en raison de leur symbolique et de leur valeur érotique[réf. nécessaire].
Perçage d'oreille |
Les oreilles sont percées au niveau du lobe ou de la partie du cartilage de l'oreille externe. Le trou créé par la pose d'une boucle d'oreille est provisoire pendant le temps de cicatrisation, c'est-à-dire pendant environ six semaines. Le trou est considéré comme permanent lorsque la chair est entièrement cicatrisée. À ce moment-là, un tunnel est définitivement formé dans l'oreille et ne peut plus se reboucher.
Techniques de perçage |
Il existe une multitude de techniques pour percer l'oreille, des méthodes « faites maisons » jusqu'à des techniques où des professionnels utilisent du matériel médical stérile.
Anciennes méthodes |
Une méthode artisanale, connue de longue date, consiste à piquer l'oreille à l'aide une aiguille à coudre. Un objet relativement souple (pomme de terre, gomme…) placé derrière l'oreille arrête la course de l'aiguille. L'aiguille est préalablement désinfectée à l'aide d'une flamme, l'oreille à l'alcool. Elle pourra être anesthésiée grâce à de la glace. Une boucle d'oreille est tout de suite placée dans le trou pour permettre la cicatrisation. Cette méthode fut utilisée par de nombreuses générations, avant l'avènement des pistolets. John Steinbeck, dans un de ses ouvrages décrit le protocole d'une légère variante[34]. Dans l'aiguille est passé un fil à coudre d'un vingtaine de centimètres sur lequel on a fait un nœud tous les centimètres. L'aiguille est passée au travers le lobe, on coupe le fil et un nœud doit être passé chaque jour autre travers du lobe. Au bout de vingt jours, le fil est enlevé au profit d'une paire de boucles d'oreille en or.
Dans les années 1960, il existait des boucles d'oreille dotées d'un ressort, qui s'enfonçait progressivement dans le lobe. Cependant, celles-ci pouvaient glisser de leur position initiale ; une pression additionnelle était souvent requise, le ressort n'allant pas en bout de course. De nouvelles techniques plus efficaces et plus rapides ont fait tomber ce genre de boucles d'oreille à ressort dans la désuétude.
Pistolet perce-oreille |
Parmi les techniques actuelles figure le pistolet perce-oreille. Au début destiné au marquage du bétail, des adaptations l'ont rendu utilisable sur les lobes de l'oreille humaine. Aujourd'hui, certaines chaînes de magasins proposent en Europe et aux États-Unis de percer les oreilles pour une somme modique. C'est le cas notamment de le chaîne de magasins Claire's, qui malgré de nombreuses critiques quant à ses méthodes et son hygiène à percé aujourd'hui plus de 80 millions d'oreilles[116]. L'opération commence par la signature d'une décharge, laquelle doit être nécessairement signée par une personne majeure accompagnant l'enfant, ou bien l'adulte souhaitant se faire percer les oreilles. Les lobes d'oreille sont nettoyés avec du désinfectant puis marqués d'un point au feutre noir à l'endroit où l'on s'apprête à percer l'oreille. On donne en général un miroir au client pour qu'il puisse donner son avis, puis les oreilles sont percées avec le pistolet. Le ressenti lors du perçage de l'oreille avec cette méthode est comparable à un pincement. En général, un flacon de désinfectant est fourni pour les soins après perçage. Deux des systèmes de pistolet les plus populaires sont le Studex 75[117] et le système d'Inverness[118].
À l'heure actuelle, il est également possible de se procurer un kit de perçage incluant un pistolet à usage unique et des boucles d'oreille en acier chirurgical. Ces kits sont vendus dans le but de permettre à ceux qui le veulent de percer eux-mêmes les oreilles de leur entourage, sans avoir recours à une tierce personne. La situation peut être rencontrée dans le cadre familial, par exemple, afin que certains parents puissent percer les oreilles de leur enfant[119].
Le pistolet est un instrument dangereux, qu'il est impossible de stériliser ou même de nettoyer correctement. En déchirant la chair brutalement, il crée un violent traumatisme des tissus, souvent à l'origine d'intolérance à certains matériaux. Les boucles à attaches papillons sont également propices aux développement d'infections. De nombreux professionnels du piercing mettent l'accent sur sa dangerosité[120] La force du pistolet du bijoutier peut endommager gravement le cartilage et donc rendre la cicatrisation plus difficile. Il existe plusieurs cas documentés de personnes ayant développé des infections graves ayant exigé un recours aux antibiotiques voire à la chirurgie.
Acupuncture |
Une alternative au pistolet, souvent critiqué pour son manque d'hygiène, peut-être de faire appel à un acupuncteur. En effet, celui-ci connaît les points d'acupuncture du corps humain et pourrait percer le lobe sans risquer d'endommager une zone sensible[109]. Cependant, l'existence des points d'acupuncture n'est pas attestée scientifiquement, et les fondements de l'acupuncture sont aujourd'hui considérés comme relevants de la pseudo-science[121].
Autres méthodes |
Certaines personnes préfèrent utiliser une « aiguille creuse ». Dans la cavité de l'aiguille, les médecins enfilaient jadis un fil de plomb destiné à demeurer dans l'oreille le temps de la cicatrisation[122].
Le professionnel commence par désinfecter le lobe au moyen d'une compresse, et l'aiguille creuse et le bijou sont stérilisées. Il marque ensuite l'endroit adéquat par un point avec un marqueur chirurgical, laissant au client le soin de vérifier l'emplacement. Il place ensuite une pièce à bouts plats et ronds, dont les extrémités sont surmontées d'une paire d'anneaux, de part et d'autre du lobe pour maintenir le lobe serré, tout en laissant un espace pour percer le lobe en introduisant son aiguille. Un bouchon peut être placé derrière le lobe pour arrêter l'aiguille après percement. Le professionnel place ensuite l'aiguille perpendiculairement au lobe à l'endroit de la marque; le percement s'effectue en enfonçant lentement l'aiguille dans le lobe qui ressort de l'autre côté lorsque le percement est achevé. La pince peut être retirée, cela dépend du perceur et de la taille du bijou. Le bijou est inséré dans l'aiguille creuse et cette dernière est poussée dans le sens du perçage pour finalement ressortir du côté arrière du lobe, tandis que le bijou restera à la place du trou ainsi percé. Le professionnel finit par fixer l'attache au bijou et désinfecte soigneusement le lobe, avec une insistance autour du trou.
Il existe d'autres « techniques tribales », telles que des os pointus[123].
Cicatrisation |
La cicatrisation d'un lobe percé dure environ deux mois. Les boucles d'oreille peuvent alors être changées, mais il est indispensable de garder des boucles d'oreilles en permanence, sinon le trou peut se reboucher. Les professionnels recommandent ainsi de porter des boucles d'oreille pendant au moins 6 mois après le perçage, certains imposent même de garder des bijoux une année entière. Si la boucle d'oreille a été posée dans le cartilage, la cicatrisation sera de 9 à 12 mois. il n'est pas rare de voir des cartilages insuffisamment cicatrisés après un an. Le trou dans le cartilage ne peut pas se reboucher, en revanche, la peau se refermera par-dessus. De manière générale, il est recommandé de porter des puces en or ou en acier chirurgical avant la cicatrisation totale. En effet, les crochets, les créoles et les dormeuses sont souvent jugées trop mobiles. Une boucle d'oreille qui glisse dans le lobe augmente le risque d'infection. De plus, il est recommandé de porter des boucles d'oreille de petite dimension pour prévenir de nombreuses agressions (cheveux pris dans la boucle d'oreille, frottements…). Enfin, des boucles d'oreilles trop serrées peuvent provoquer des infections.
Douleurs |
Une large majorité de individus acceptent la souffrance physique liée au perçage, puisqu'il s'agit du tribut à payer pour pouvoir porter des boucles d'oreille. La plupart des personnes ayant leurs oreilles percées s'accordent à dire que l'opération est douloureuse. Cependant, pour la majorité, le désir d'être plus beau/belle l'emporte sur la douleur liée à l'intrusion des premières boucles d'oreille dans le lobe[Notes 19]. Beaucoup de femmes disent que le perçage en lui-même n'est pas douloureux, même si certaines font état d'un pincement léger lors du percement. Le pistolet a l'avantage d'amener à un perçage très rapide, mais relativement violent. Cependant, même si la méthode de l'aiguille est moins souvent utilisée que celle du pistolet, l'introduction de l'aiguille se réalise plus en douceur et cette méthode est généralement moins douloureuse, en ce qui concerne le lobe de l'oreille.
La douleur est parfois due au pincement caractéristique que provoque la boucle d'oreille lorsqu'elle pénètre dans le lobe, mais c'est souvent l'appréhension qui est la cause de la douleur, en particulier lorsqu'il s'agit d'individus percés très jeunes. Mais cet instant difficile permet à la personne percée de conjuguer plaisir et douleur lorsqu'il s'agit de porter des boucles d'oreille, et cela rend le bijou singulier.
Après le perçage, la principale source de douleur - lorsqu'elle existe - est liée aux allergies. Près d'un tiers des personnes ayant répondu aux enquêtes proposées par Patrizia Ciambelli affirment avoir souffert d'allergies aux métaux, et parfois même à l'or, pourtant très peu allergène. Ces dernières évoquent des rougeurs, irrations et autres brûlures quant à leurs lobes d'oreille[124].
Risques liés au perçage |
Percer les oreilles est une opération facile et rapide mais ne doit cependant pas être sous-estimé : en effet, une telle opération représente une modification corporelle invasive, sujette au rejet. De plus, elle peut être l'occasion de la transmission de nombreuses virus transmis par le sang, comme l'hépatite ou le HIV. ll faut cependant mentionner qu'il n'y a jamais eu un cas documenté de transmission de sida dû au piercing ou au tatouage, mais qu'il existe des cas documentés de transmission de l'hépatite B[125]. Une bonne part des femmes dans le monde ont les oreilles percées et que les cas d'infections lors du perçage restent rares. Néanmoins, la résistance aux infections dues au perçage des oreille dépend de chacun et il existe des cas d'oreilles trop sensibles pour pouvoir être percées. Rappelons que des boucles d'oreille ne nécessitant aucun perçage peuvent constituer une alternative à ce genre de problèmes[126].
De plus, la plupart des aiguilles creuses et premières paires de boucles d'oreille sont en acier chirurgical, matériau anti-allergène. En effet, plus de 50 % de la population est allergique aux matériaux contenant du nickel. Ainsi, on choisit en priorité des boucles d'oreille en or (très rarement allergène) ou en argent, ces dernières pouvant cependant laisser des traces sombres d'oxyde d'argent au niveau des trous. De manière générale, les boucles d'oreille fantaisie, en métal peu précieux comme l'acier, le cuivre ou le bronze, sont à proscrire pour les peaux sensibles aux infections[127].
Étirement du lobe |
L'étirement, élargissement du lobe porte le nom de stretch dans le milieu de la modification corporelle. Cette pratique se réalise à l'aide d'écarteurs en acrylique ou un métal, selon des règles strictes afin d'éviter de mettre sa santé en danger.
On considère que les lobes se referment jusqu'à 8-10 mm, mais ça dépend essentiellement des individus et de l'élasticité du lobe. Les personnes portant de gros diamètres qui ne se referment pas peuvent les faire recoudre chez un bodmodeur[Quoi ?]. On peut voir, après de nombreuses années de port de boucles d'oreille lourdes, une déchirure du lobe (se partageant en deux) car avec le nombre d'années, la finesse des tiges passant dans le lobe ou le poids des boucles élargissent le trou jusqu'à partager le lobe en deux. Pour éviter ce genre de phénomène, il faut être attentif à l'épaisseur de la tige passant dans le trou de l'oreille et au poids des boucles d'oreille.
Tunnel de 16 mm
Étirement, sans bijou
Oreille d'une femme africaine déformée par le port de lourdes boucles d'oreille
Jeune fille portant un écarteur
Détournement des fonctions premières |
De nombreux piercings dédiés à d'autres parties du corps sont souvent détournés de leur utilisation première et utilisés comme boucle d'oreille. Parmi les différentes raisons qui peuvent mener à porter ces piercings à la place de boucle d'oreilles classiques, on note notamment le diamètre de ceux-ci, et en particulier la possibilité de diamètre plus gros. Les piercing de nombril et d'arcade sourcilière sont, par exemple, souvent détournés de leur usage premier. Les piercing de nombril ont une tige d'épaisseur moyenne de 16 dixièmes de millimètre et une longueur suffisante pour les mettre aisément au lobe de l'oreille (qui a une très bonne capacité de dilatation). Les piercings de sourcil également. Quant au piercing de nez, il est trop particulier pour être détourné de son usage d'origine.
- Les anneaux captifs: constitués d'un petit anneau presque entièrement fermé, il reste simplement un petit espace pour permettre l'introduction dans l'oreille. Une fois l'anneau installé, la fermeture est réalisée au moyen d'une petite bille de métal qui est insérée dans l'espace restant. Celle-ci est maintenue fermement par la tension qu'exerce sur elle le reste de l'anneau.
- Les barbels: ils sont constitués d'une tige en métal relativement fine et d'une boule à chaque extrémité. L'une est fixée de manière définitive et l'autre peut être vissée et dévissée pour permettre la pose et le retrait du bijou. Ceux-ci ressemblent beaucoup aux puces classiques.
- Les barbels circulaires sont à mi-chemin entre le barbel et l'anneau captif. Il s'agit d'un anneau captif dont l'espace a été agrandi et dont l'une des extrémités possède une boule. À l'autre extrémité, un pas de vis permet d'y insérer une autre boule, de manière analogue aux barbels classiques. Ils sont appréciés pour leur facilité à être inséré dans l'oreille, mais ne présente pas le style continu qu'offre l'anneau captif.
- Les plugs sont des piercings en forme de tunnel plein. Il s'agit ici de piercings différents des précédents car ils imposent une déformation importante du lobe de l'oreille, au vu de leur diamètre. De plus, certains ont besoin d'être entouré devant et derrière l'oreille de petits rubans de silicone (appelés O-Rings) pour les empêcher de tomber.
- Les tunnels sont analogues aux plugs mais sont creux.
Autres piercings d'oreille |
- Helix : piercing sur le haut de l'oreille, dans le cartilage
- Industrial : le seul piercing nécessitant deux trous, c'est une barre qui traverse l'oreille au niveau du cartilage.
- Rook : piercing fait dans un pli de l'oreille, au-dessus du conduit auditif.
- Daith : piercing entourant la racine de l'hélix, dans le prolongement du conduit auditif.
- Tragus : piercing au cartilage, dans la petite zone à la sortie du conduit auditif.
- Snug : piercing à l'extérieur du pavillon de l'oreille, sur le cartilage.
- Conch : piercing qui traverse le cartilage de l'oreille.
- Anti-Tragus : se situe dans le cartilage, à l'opposé du tragus (d’où son nom).
- Lobe : emplacement classique des boucles d'oreilles, dans la partie inférieure de l'oreille, là ou il n'y a pas de cartilages.
Notes et références |
Notes |
Pour la date d'écriture du Livre de l'Exode, on pourra se reporter à la partie concernée de l'article sur l'Israël Antique.
Citation exacte (32,1,2): « Aaron leur répondit: Ôtez les anneaux d'or qui sont aux oreilles de vos femmes, de vos fils et de vos filles et apportez-les moi » École biblique de Jérusalem, La Bible de Jérusalem, Paris, Édition du Cerf, coll. « Desclée de Brouwer », 1998(ISBN 2220020150), « L'Exode », p. 120
Deux exemples dans la littérature: «Triomphent les passions qui régissent le cœur féminin» puis «Égyste a un cœur de femme», Eschyle (trad. Daniel Loayza), Les Choéphores, les Euménides, Flammarion, coll. « GF Prépas Scientifiques » (ISBN 978-2081249790)
Citation exacte: «Les femmes mettent leur gloire à en charger leurs doigts, et à en suspendre deux et trois à leurs oreilles. Il y a pour cet objet de luxe des noms et des raffinements inventés par une excessive corruption. Une boucle d'oreille qui porte deux ou trois perles s'appelle grelot, comme si les femmes se plaisaient au bruit et au choc de ces perles. Déjà les moins riches affectent ces joyaux ; elles disent qu'une perle est en public le licteur d'une femme. Bien plus, elles en portent à leurs pieds; elles en ornent non seulement les cordons de leur chaussure, mais encore leur chaussure tout entière; ce n'est plus assez de porter des perles, il faut les fouler et marcher dessus.», Pline l'Ancien, dans Histoire Naturelle, livre 9, chapitre LVI, alinéa 3 (traduction sous la direction de Caroline Carrat).
Matthieu 13.45-46 (Parabole de la Perle) : « Le royaume des cieux est encore semblable à un marchand qui cherche de belles perles. Il a trouvé une perle de grand prix ; et il est allé vendre tout ce qu’il avait, et l’a achetée. » Louis Segond, La Sainte Bible, Société biblique française, coll. « Collectif », 2010 (1re éd. 2010) (ISBN 978-2853001298)
Citation exacte: (Dialogue. Edmond Dantès à Luigi Vampa) « - Eh bien, dit le voyageur, prends ces deux sequins de Venise, et donne-les à ta fiancée pour en faire une paire de boucles d'oreilles», Alexandre Dumas, Le comte de Monte-Cristo, t. 1, Pocket, coll. « Pocket Classiques », 1998(ISBN 9782266083195), p. 482
Précisément en 1846, date de la première édition de l'ouvrage.
(en) Citation exacte: « There were particular fashions in jewellery and ornament toward which the saint had a special dislike.[...]Earrings and ear-drops he forbids as contrary to nature, and he beseeches his female hearers not to have their ears pierced. » Fathers Paulist, Catholic world, t. 6, Paramus (ISSN 0008-848X), « An old guide to good manners », p. 101
Citation exacte: « Les bijoux berbères ont une précieuse qualité: la force » dans Henri Terrasse et Jean Hainaut, Les Art décoratifs du Maroc, H. Laurens, 1925, p. 70
(en) Citation exacte « When a Matyò girl wore an earring that could only mean a painful eye. The peasant girl suffering from an eye ailment hid her earring so that it couldn't be seen, and if possible, even covered it with her hair ; no one wore it as an ornement, for that was considered to be a shameful thing for a Matyò girl [...] » Terezia Balogh-Horvath, Hungarian Folk Jewelry, Budapest, 1983(ISBN 978-9631317626)
Timothée (2:9-10), « Je veux que les femmes agissent de même, en s'habillant décemment, avec discrétion et simplicité. Qu'elles ne se parent pas d'une coiffure recherchée, d'or, de perles ou de toilettes somptueuses, mais plutôt d'œuvres bonnes, comme il convient à des femmes qui déclarent vivre pour Dieu », Collectif, La Bible du Semeur, Éditions EXCELSIS, 2003(ISBN 978-2914144643)
Citation exacte: « Ce qui fait reconnaître le marinier plus que toute autre chose, ce sont ses boucles d'oreilles, et lorsqu'un adolescent se fait recevoir parmi eux, on lui perce les oreilles pour y passer les lourds anneaux d'or ornés d'une ancre de navire. Il se mêle alors au joyeux tumulte du port, fier de ces nouveaux bijoux qui le consacrent marinier du Rhône », Charles Forot et Michel Carlat, Le Feu sous la cendre : Le paysan vivarois et sa maison, Le Pigeonnier, 1979, p. 710
(it) Citation exacte: « Pratica preservatica e curativa delle oftalmie è il foro al lobulo dell'orecchio, nel qual foro, per tenerlo sempre aperto, da alcuni si fanno entrare le orecchine. Questo foro fa chiarire la vista, lena le congiuntive e altre affezioni degli », Giuseppe Pitrè, Novelle popolari toscane, Firenze, 1981, chap. XIX, p. 275
Théorie selon laquelle les petites filles parlent plus tôt que les petits garçons à cause de leur castration natale. Auffret fait de plus un rapprochement entre le caractère pendant des boucles d'oreille (qui traditionnellement sont des dormeuses ou crochets) et l'expression "avoir la langue bien pendue"
Il faut néanmoins excepter les bagues d'orteil, non mentionnées par la philosophe.
Pour l'exemple, dans la Bible, les disciples sont invités à se tenir à la droite du Seigneur.
(it) Citation exacte: « Gli ornamenti stanno a guardia degli orifice del corpo che, delle parti molli, sono più vulnerabili, esposti alle penetrazioni di esseri o di influenze malefiche. Non è senza ragione che la parola aramaica usata nella Bibbia per designa re gli orecchini ha il significato generale di « cosa santa ». » dans Claude Lévi-Strauss, « Ma perché ci mettiamo i gioielli ? », La Républica, 21 mai 1991
Citation exacte: « Si un esclave vous dit qu'il ne veut pas vous quitter, parce qu'il vous aime, vous et votre famille et qu'il se sent bien chez vous, prenez alors un poinçon et percez-lui l'oreille contre la porte de la maison; il sera ainsi votre esclave pour toujours. S'il s'agit d'une esclave, vous ferez de même. » Louis Segond, Deutéronome, 1910 (15:16-17)
Un exemple littéraire « Ma mère qui portait des boucles d'oreilles et qui avait les oreilles percées disait que c'était un usage barbare, alors que sa belle-fille Valérie, une lycéenne qui considérait que c'était un élément de beauté, n'arrivait pas à garder les siennes percées ; tantôt le lobe enflait, tantôt les chairs repoussaient et Valérie, furieuse, portait toujours un petit fil de soie à l'oreille », Marina Tsvétaeva (trad. Véronique Lossky), Le diable et autres récits, Paris, L'Age de l'homme, coll. « Class. Slaves », 1979(ISBN 978-2825104217), p. 56
Références |
Françoise Cailles et Jean-Norbert Salit, Le Prix des bijoux: 1986-1987-1988, ACR édition internationale, 1989(lire en ligne), p. 68
(en) Ming Yu, Chinese Jade, Cambridge University Press, coll. « Introductions to Chinese Culture », 2011(ISBN 978-0521186841), « Jade Ware of Xinglongwa Culture »
(en) Richard Zettler, Lee Horne, Donald Hansen et Holly Pittman, Treasures from the Royal Tombs of Ur, University of Pennsylvania Museum of Archaeology and Anthropology, 1998(ISBN 978-0924171543, lire en ligne), p. 107
(en) John Curtis et NIgel Tallis, Forgotten Empire: The World of Ancient Persia, University of California Press, 2005(ISBN 978-0520247314), « Jewellery and personal ornaments », p. 134
(en) Fathers Paulist, Catholic world, t. 6, Paramus (ISSN 0008-848X), « An old guide to good manners », p. 101
(en) Rai Govind Chandra, Indo-Greek Jewellery, Abhinav Publications, 2002(ISBN 978-8170170884), « The greek jewellery », p. 27
(it) Pline, Storia naturale, t. 2, Torino, 1983-1988, chap. 5
Patrizia Ciambelli, Bijoux à secrets : La boucle et la marque, Maison des Sciences de l'Homme, coll. « Ethnologie de la France » (ISBN 978-2735109456, lire en ligne), « Les marins, les femmes et le malheur », p. 43-50
Art du Monde, Histoire de boucles d'oreille
Jean Noël Robert, « La mode dans le vêtement et la parure », dans Les Modes à Rome, Les Belles Lettres, coll. « Essais », 1988(ISBN 978-2251333137), p. 73
Suétone, César, p. 43 (traduction française)
Pline l'Ancien, Histoire naturelle : Livre 9, chap. 57
Théodore Metochites, Vie de Théodore de Sykéôn, A.-J. Festugière, 1970, chapitre 12
(en) Arietta Papaconstantinou (dir.), Alice-Mary Talbot (dir.) et al., Becoming Byzantine: Children and Childhood in Byzantium, Dumbarton Oaks Research Library & Collection, 2009(ISBN 978-0884023562), p. 188
(de) Étienne Coche de la Ferté, Antiker Schmuck : vom 2. bis 8. Jahrhundert, Bern-Stuttgart, Hallwag Verlag, 1999(ISBN 978-3880591783)
(en) Marvin C. Ross, Catalogue of the byzantine and early mediaeval Antiquities in the Dumbarton Oaks Collection, t. I, Dumbarton Oaks Research Library and Collection, 1962
Esther Brassac, Le costume au Moyen Âge : les bijoux
Yves Rouxeville, Yunsan Meas et Jean Bossy, Auriculothérapie: Acupuncture auriculaire, Springer Editions, 2007(ISBN 978-2287466137), « Oreille et méridiens d'acupuncture », p. 46
(en) Robert Bonfil, Jewish Life in Renaissance, University of California Press (ISBN 978-0520073500), « The problem of social identity », p. 102
Robert Bonfil, Les Juifs d'Italie à l'époque de la Renaissance : Stratégies de la différence à l'aube de la modernité, L'Harmattan, coll. « Histoire et perspectives méditerranéennes », 1995(ISBN 978-2738429643), p. 84
Vivre au Moyen Âge, La joaillerie au Moyen Âge. - Vivre au Moyen Âge
Jornal Info http://jornal-info.com/?p=57032
(en) Carolyne L. White, American Artifacts of Personal Adornment, 1680-1820 : A Guide to Identification and Interpretation, Altamira Press (ISBN 978-0759105898), « Earrings » p. 88-90
Alexandre Dumas, Le comte de Monte-Cristo, t. 1, Pocket, coll. « Pocket Classiques », 1998(ISBN 9782266083195), p. 482
(de) Renate Möller, Germany: Deutscher Kunstverlag, Munich, 1998, p. 55
Cailles et Salit 1989, p. 65
Alain Gras et Yannick Yotte Sociologie-ethnologie: Auteurs et textes fondateurs
(en) Victoria Sherrow, For appearance' sake: the historical encyclopedia of good looks, beauty, and grooming, Greenwood Press, 2001(ISBN 978-1573562041), p. 101
(en) Langantique, Georgian Jewelry, Georgian Jewelry - Antique Jewelry University
Charles-Emmanuel Sédillot et L. Legouest, Traité de médecine opératoire : bandages et appareils, t. 1, Paris, J.B. Baillière et fils, 1870(OCLC 15557057), « Perforation du lobule de l'oreille », p. 185
Yvonne Verdier, Façons de dire, façons de faire, Gallimard, 1979, p. 192, 205
Anne Monjaret, « De l’épingle à l’aiguille : L’éducation des jeunes filles au fil des contes », L'Homme, 2005
Waldemar Deonna, Nos anciens et leurs œuvres, Genève, 1914, « Un châtiment domestique : tirer l'oreille », p. 129-137
John Steinbeck, Les Raisins de la Colère, Gallimard, coll. « Folio » (ISBN 978-2070360833), p. 499
Yvonne Verdier, Façons de dire, façons de faire, Gallimard, coll. « Bibliothèque des sciences humaines » (ISBN 978-2070282463), p. 192
(en) Brian S. Turner, Religion and Modern Society: Citizenship, Secularisation and the State, Cambridge University Press, 2009(ISBN 978-0521858649), « Mary Douglas and modern primitives », p. 94
(en) Samuel Roll et Marc Irwin, The Invisible Border: Latinos in America, Intercultural Press Inc, 2008(ISBN 978-1931930635), « The invisble border », p. 12
(en) Margo Demello, Encyclopedia of Body Adornment, Greenwood (ISBN 0313336954), « Ear piercing », p. 94
(en) Margo Demello, Faces Around the World: A Cultural Encyclopedia of the Human Face, ABC-CLIO (ISBN 978-1598846171), « Ear piercing », p. 70
Yves Monnier, L'Afrique dans l'imaginaire français : Fin du XIXe-début du XXe siècle, L'Harmattan, coll. « Collection Les tropiques entre mythe et réalité » (ISBN 978-2738475572), « Le vêtement et la parure », p. 65-70
Maria Lancerotto, Voyageurs français en Afrique équatoriale française : La Cendrillon de l'Empire 1919-1939, L'Harmattan, coll. « Là-Bas », 2009(ISBN 978-2296101258), « Le vêtement et la parure », p. 118-123
Marie-Rose Rabaté, André Goldenberg et Jean-Louis Thau, Bijoux du Maroc: Du Haut Atlas à la Méditerranée, depuis le temps des juifs jusqu'à la fin du XXe siècle, Edisud, 1999(ISBN 978-2744900815), p. 40
Pierre Macaire et Pierre Bernard, Le Maroc pour tous, Le Plein des sens, coll. « Voir plus loin » (ISBN 87 90493249), « Les bijoux », p. 79
Mourad Khireddine, Francis Ramirez et Christian Rolo, Arts Et Traditions Du Maroc, Courbevoie, ACR (ISBN 2867701163), « Les bijoux: Un excès de féminité », p. 72
Henri Terrasse et Jean Hainaut, Les Art décoratifs du Maroc, H. Laurens, 1925, p. 70
Alain Michel Boyer, Les arts d'Afrique, Hazan, coll. « Les guides des Arts » (ISBN 978-2754100755), « Objet usuel et rituel »
Chistine Arven et Alexandre Coullet, Chroniques Africaines : Mali De la Boucle du Niger au pays Dogon, LmDm (ISBN 978-2918070023)
Morgane Veslin, Le Petit Futé Mali, Country Guide, 2008(ISBN 978-2746922778), p. 240
Tamaro Touré, Bracelets d'Afrique, L'Harmattan (ISBN 978-2296103023), p. 27
Morgane Veslin, Le Petit Futé Mali, Country Guide, 2008(ISBN 978-2746922778), p. 72
Éric Millet, Mali, Olizane, coll. « Guides olizane découverte » (ISBN 978-2880863517), « Les Toucouleur », p. 104
Isabelle de Courtilles et Liliane Prévost, Guide des croyances et symboles : Afrique : Bambara, Dogon, Peul, L'Harmattan, coll. « Études Africaines » (ISBN 978-2747577915), p. 186, 187.
(en) Gwyn Campbell, An Economic History of Imperial Madagascar, 1750-1895 : The Rise and Fall of an Island Empire, Cambridge University Press, coll. « African Studies », 2008(ISBN 978-0521103916), « The Traditional Economy, 1750-1820: Commerce », p. 47
(en) Lyons MacLeod, Madagascar and its people, t. 1, Bibliobazaar, 2008(ISBN 978-0559542688) p. 64, 268
(en) William Ellis et Joseph John Freeman, History of Madagascar. Comprising also the progress of the Christian mission established in 1818, and an authentic account of the persecution and recent martyrdom of the native Christians (1838), Nabu Press, 2012(ISBN 978-1149408636), p. 283
(en) Lydia Laube, Is This the Way to Madagascar?, Wakefield Press, 2007(ISBN 978-1862547551) p. 73-74
Jean Aimé Rakotoarisoa, Mille ans D'Occupation Humaine Dans Le Sud-Est de Madagascar : Anosy, une île au milieu des terres, L'Harmattan, coll. « Repères pour Madagascar et l'océan Indien », 2000(ISBN 978-2738465528), p. 114
Dominique Auzias et Jean-Paul Labourdette, Asie Centrale, Nouvelles Editions de l'Université, coll. « Country Guide », 2010(ISBN 978-2746928657)
(en) P. Hari Kisan Kaul, Punjab Census Report, 1912, cité in Punjab Tribes and Castes, vol III, p. 361
Roland Lardinois, Miroir de l'Inde: études indiennes en sciences sociales, Maison des Sciences de l'Homme (ISBN 978-2735102990), « Les cinq symboles du sikhisme, J.P.S. Uberoi », p. 223,224
(en) Margo Demello, Encyclopedia of body adornment, Greenwood Press, 2007(ISBN 978-0313336959), « Earrings »
(en) Thomas Streissguth, Bangladesh in Pictures, Twenty-First Century Books, 2008(ISBN 978-0822585770), « Arts and Crafts », p. 53
(en) Donald L. Horowitz, Ethnic Groups in Conflict, University of California Press (ISBN 978-0520227064), p. 46
Guillaume de Rubrouck, Claude Kappler et René Kappler, Voyage dans l'Empire mongol, 1253-1255, Payot, coll. « Bibliothèque historique », 1993(ISBN 978-2228136709), p. 90-91
Gaëlle Lacaze, Le corps Mongol: Techniques et conceptions nomades du corps, L'Harmattan, coll. « Connaissance des hommes », 2012(ISBN 978-2296560123) p. 128, 215
Michael Symes, Voyage en Birmanie : relation de l'ambassade anglaise envoyée en 1795 dans le royaume d'Ava ou l'empire des Birmans, Londres, Bulmer & Co, 1798) p. 331-332
Dominique Auzias et Jean-Paul Labourdette, Myanmar – Birmanie, Nouvelles Editions de l'Université, coll. « Country Guide » (ISBN 978-2746928596), « Découverte, ‘’Femmes birmanes’’ », p. 23
François Robinne, Prêtres et chamanes: Métamorphoses des Kachin de Birmanie, L'Harmattan, coll. « Recherches asiatiques », 2007(ISBN 978-2296024557), p. 91,94,98
(en) Elisabeth A. Bacus, Ian Glover et Peter Sharrock, Uncovering Southeast Asia's Past: Selected Papers from the 10th International Conference of the European Association of Southeast Asian Archaeologists, Singapore University Press, 2006(ISBN 978-9971693510), p. 207
(en) Ian Glover et Peter Bellwood, Southeast Asia: From Prehistory to History, RoutledgeCurzon, 2003(ISBN 978-0415297776), p. 212
Michelin, Vietnam, Michelin Editions des Voyages, coll. « Voyager Pratique », 2009(ISBN 978-2067142619), p. 81
Dominique Auzias et Jean-Paul Labourdette, Viêtnam, Nouvelles Editions de l'Université, coll. « City Guide », 2012(ISBN 978-2746951723), « Dao et Hmong », p. 459
Sinh Moc Hà, Le Vietnam pour tous, le Plein des sens, 2000(ISBN 978-8790493356), p. 72
(en) Gary Y. Lee et Nicholas Tapp, Culture and Customs of the Hmong, Greenwood Press, coll. « Culture & Customs of Asia », 2010(ISBN 978-0313345265), p. 108
(en) Textile Museum, Rebecca A.T. Stevens et Yoshiko Wada, The Kimono inspiration: Art and Art-To-Wear in America, Washington DC, Pomegranate Communications Inc, 1996(ISBN 978-0876545980), p. 132
François-Xavier de Charlevoix, Histoire de l’établissement, des progrès et de la décadence du Christianisme dans l’empire du Japon, t. 1, 1828, p. 6
(en) Chris Rowthorn, Japan, Lonely Planet Publications, coll. « Lonely Planet Country Guides », 2011(ISBN 978-1741798050), « HOKKAIDO, History », p. 579
(en) Anna Hestler et Jo-Ann Spilling, Yemen, Marshall Cavendish Children's Books (ISBN 978-0761448501), p. 105
Jean de Léry, Histoire d'un voyage fait en la terre du Brésil, Flammarion, coll. « GF étonnants classiques » (ISBN 978-2080722515), p. 109
Ferdinand Jean Denis et Stanislas Marie César Famin, Brésil : Colombie et Guyanes, Firmin-Didot frères, 1846 p. 15, 213
Frédéric Mauro, Histoire Du Bresil, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », 1973, p. 43-288, lu sur Google Books, https://books.google.fr/books?id=jU_qFac14bQC&pg=PA288&dq=brésil+boucles+d'oreilles&hl=fr&sa=X&ei=UgXnT7mOFYyA8gPotPClCg&ved=0CFEQ6AEwAzgK#v=onepage&q=oreilles&f=false
(en) Mary L. Davis et Greta Pack, Mexican Jewelry, University of Texas Press, 1982(ISBN 978-0292750739), « Earrings & Filigree », p. 91-98
Denise Pop-Câmpeanu, Se vêtir. Quand, pourquoi, comment. En Roumanie hier et aujourd'hui, Friburgo, CORESI, 1984, p. 124
Patrizia Ciambelli, « La boucle et la marque », Terrain, septembre 1996
Louis Segond, La Sainte Bible, Société biblique française, coll. « Collectif », 2010 (1re éd. 2010) (ISBN 978-2853001298), Exode, 32:1–4
Knibb, Éthiopique d'Énoch, t. 2, Oxford Clarendon, 1982, p. 79-86
Alain Gras et Yannick Yotte, Sociologie-ethnologie: Auteurs et textes fondateurs, Publications de la Sorbonne, coll. « Homme et Société », 2000(ISBN 978-2859443986)
(en) Got Question Should Christian men or women wear earrings?
Louis Segond, La Sainte Bible, Société biblique française, coll. « Collectif », 2010 (1re éd. 2010) (ISBN 978-2853001298), 1 Samuel 16:7
Sami Aldeeb Abu-Sahlieh, Circoncision masculine circoncision féminine: débat religieux médical social et juridique, L'Harmattan, coll. « Sexualité Humaine » (ISBN 978-2747504454), p. 145
(en)Maria Jaschok et Jingjun Shui, The History of Women's Mosques in Chinese Islam : A Mosque of Their Own, p. 219
(en) Denis Joseph Sullivan et Sana Abed-Kotob, Islam in Contemporary Egypt : Civil Society Vs. the State, Lynne Rienner Pub (ISBN 978-1555874483), p. 114
(en) Molefi Asante, Culture and Customs of Egypt, Greenwood, 2002(ISBN 978-0313317408), p. 103
Marie-Claude Lutrand et Behdjat Yazdekhasti, Au-delà du voile: femmes musulmanes en Iran, L'Harmattan, coll. « Comprendre le Moyen-Orient » (ISBN 978-2747533966), p. 217
Albert-Llorca, Bijoux et Parures, in L'instant et l'Éternité, 1997
Albert-Llorca, Le temps de la jeune fille, in L'instant et l'éternité 1997
Marlène Albert-Llorca, «L'instant et l'éternité», Terrain, numéro-29 - Vivre le temps (septembre 1997), [En ligne], mis en ligne le 21 mai 2007. URL : L'instant et l'éternité
Anne Fine et Giordana Charuty, Sur le modelage de l'identité religieuse et sexuelle, 1985, recueil de travaux
Patrizia Ciambelli, Bijoux à Secrets, Paris, Maison des Sciences de l'Homme, coll. « Ethnologie de la France » (ISBN 978-2735109456), p. 36
P. Ciambelli, « Éclaircir la vue »
Husson, Nei Jing Su Wen, Méridiens, 1972
Ghéorghiï Grigorieff, L'acupuncture, Eyrolles, coll. « Eyrolles Pratique » (ISBN 978-2212538236, lire en ligne), « Acupuncture et auriculothérapie », p. 193-195
Yunsan Macas, Yunsan Mas, Yves Rouxeville, Yunsan Meas et Jean Bossy, Auriculothérapie: Acupuncture auriculaire, Springer Editions, 2007(ISBN 978-2287466137), « Oreille et méridiens d'acupuncture », p. 46
(it) Giuseppe Pitrè, Usi E Costumi Credenze E Pregiudizi del Popolo Siciliano Raccolti E Descritti, t. 1, Nabu Press, 1979(ISBN 978-1145110793)
(it) Raffaelli, « Indagine preliminare attraverso le fonti scritte e la tradizione orale per uno studio sugli ornamenti popolati trentini », 1988, p. 66-87.
Claude Seignolle, Le folklore du Languedoc (Gard, Hérault, Lozère), Paris, Besson et Chantemerle, 1960
Denise Pop-Câmpeanu, Se vêtir. Quand, pourquoi, comment. En Roumanie hier et aujourd'hui, Friburgo, 1984(OCLC 12908290)
(it) D. Perco et C. Zoldan, L'influenza dell'emigrazione tamporanea sull'abbigliamento tradizionale della provincia di Belluno, Torino, 1994
Moka, Nous les Filles, Éditions de la Martiniere, coll. « Oxygène », 2007(ISBN 978-2-7324-3558-9)
Albin Mazon, La Remontée de Pont-Saint-Esprit à Viviers
Colloque sur la Coquetterie, octobre 2010, Séverine Auffret et Nancy Huston, Petit Palais, Paris
(en) Joseph Etute, The New Slavery System, AuthorHouse, 2010(ISBN 978-1438991337), p. 321
(en) Sheldon Filger, Erotic book : Erotica Secrets of Sexy Female Bodies for Men And Women, AuthorHouse, 2006(ISBN 978-1425929176), p. 26
Déclaration de Brevet Patent WO/2011/157906A1
(en) Rapport médical Emerg Med https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1725778/pdf/v019p00071.pdf
Site officiel Claire's http://www.claires.fr/ear-piercing.asp
(en) Site officiel Studex Studex 75
(en) Inverness
Site web Tarawa Perçage oreille kit : Piercing bijoux vente en ligne
(en) Site web L'Exode Actualité | Piercing au pistolet ?
(en) Chapter 2: Science, Pseudoscience, and Not Science: How Do They Differ?, Healthcare and Biomedical Technology in the 21st Century, Springer, 2014(ISBN 978-1-4614-8540-7, lire en ligne) :« various pseudosciences maintain their popularity in our society: acupuncture, astrology, homeopathy, etc. »
Robert James, Marc Antoine Eidous, Jules Busson, Denis Diderot et François Vincent Toussaint, Dictionnaire universel de médecine, de chirurgie, de chimie, de botanique, d'anatomie, de pharmacie et d'histoire naturelle, etc., précédé d'un Discours historique sur l'origine et les progrès de la médecine, Briasson, 1746, p. 353, lu sur Google Books: https://books.google.fr/books?id=oYBEAAAAcAAJ&pg=PA351&dq=percer+oreille+aiguille&hl=fr&sa=X&ei=R1ToT-_tAYHN0QXUmJmOCQ&ved=0CFUQ6AEwBQ#v=onepage&q=percer%20oreille%20aiguille&f=false
CF Baudez, « La douleur rédemptrice », e-mémoires de l'Académie nationale de chirurgie, octobre 2011, p. 77 (lire en ligne) numéro de référence: 077-081
Patrizia Ciambelli, Bijoux à secrets : La boucle et la marque, Maison des Sciences de l'Homme, coll. « Ethnologie de la France » (ISBN 978-2735109456, lire en ligne), « Croix et délices du cœur », p. 39-41
(en) CDC Fact Sheet: HIV and Its Transmission
(en) Rapport concernant les risques du piercing https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1343405/pdf/jaccidem00033-0024.pdf
Symptômes&Solutions Allergie au Nickel | Symptômes & Solutions aux Allergies
Annexes |
.mw-parser-output .autres-projets ul{margin:0;padding:0}.mw-parser-output .autres-projets li{list-style-type:none;list-style-image:none;margin:0.2em 0;text-indent:0;padding-left:24px;min-height:20px;text-align:left}.mw-parser-output .autres-projets .titre{text-align:center;margin:0.2em 0}.mw-parser-output .autres-projets li a{font-style:italic}
Articles connexes |
- Bijou
- Oreille
- Pavillon auriculaire humain
- Pend d'Oreilles
Bibliographie |
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- (en) Anne Van Cutsem, A world of earrings : Africa, Asia, America, Skira, 2001(ISBN 978-8881189731)
- (en) Anita Holmes, Pierced and Pretty: The Complete Guide to Ear Piercing, Pierced Earrings, and How to Create Your Own, William Morrow & Co, 1988(ISBN 978-0688038205)
- (en) Desiree Koslin, Encountering Medieval Textiles and Dress: Objects, Texts, Images, Palgrave Macmillan, 2002(ISBN 978-0312293772)
- (en) Daniela Mascetti, Earrings: From Antiquity to the Present, Thames & Hudson, 1999(ISBN 978-0500281611)
- (en) Nan McNab, Body Bizarre, body beautiful, Fireside edition, 2001(ISBN 978-0743213042)
- (en) Ronald D Steinbach, The Fashionable Ear: A History of Ear-Piercing Trends for Men and Women, Vantage Press, 1995(ISBN 978-0533112371)
Patrizia Ciambelli, Bijoux à secrets, Maison des Sciences de l'Homme, 2002(ISBN 978-2735109456)
Jean-Noël Robert, Les modes à Rome, Les Belles Lettres, 1988(ISBN 978-2251333137)
Anne Monjaret, De l'épingle à l'aiguille, L'éducation des jeunes filles au fil des contes, Ethnologie française
- Tertullien, La toilette des femmes, Éditions du Cerf, coll. « Sources chrétiennes », 1971(ISBN 978-2204038669)
Yvonne Verdier, Façons de dire, façons de faire, Gallimard, coll. « Bibliothèque des Sciences Humaines », 1979(ISBN 978-2070282463)
- (en) Lark, 500 earrings: New Directions in Contemporary Jewelry, Lark Books, 2007(ISBN 978-1579908232)
- (de) Philipp von Zabern, Antike Welt. Zeitschrift für Archäologie und Kulturgeschichte, Mainz, 2004(ISBN 978-3805324816, ISSN 0003-570X)
- Portail de la mode