Lombards
Lombards | |
Gravure de guerrier lombard par Hugo de Groot (Antiquitates Germanicæ) | |
Période | IIIe siècle av. J.-C.-IXe siècle |
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Ethnie | Germains |
Langue(s) | Lombard germanique puis Lombard roman. |
Religion | Paganisme germanique (jusqu'au VIIe siècle), arianisme (VIe–VIIe siècles), puis catholicisme. |
Région d'origine | Territoire de la Haute Vallée de l'Elbe, terre d'origine des Lombards. Royaume lombard en Italie après leur migration. Survivance de ce royaume dans l'actuelle région italienne de Lombardie. |
Région actuelle | Lombardie |
Rois/monarques | Agelmund, Alboïn, Authari, Agilulf, Rothari, Grimoald, Perthari, Cunipert, Liutprand, Aistolf, Desiderius. |
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Les Lombards (en latin, Langobardi puis Lombardi après le VIIIe siècle sauf en Italie méridionale qui conservera le nom de Langobardi jusqu'au XIIe siècle) étaient un peuple germanique venu de la Baltique, appartenant plus précisément au groupe des Germains de l'Elbe mais originaire de Scandinavie méridionale selon leur propre tradition orale rapportée par leur historien Paul Diacre à la fin du VIIIe siècle. Ce peuple, sous la conduite de leur roi Alboïn, envahit l'Italie en 568.
Sommaire
1 Étymologie
2 Origines
3 Migration
4 Les Lombards en Italie
5 Chute du royaume lombard
6 Après 774 - la Lombardie mineure
7 Liste des rois lombards
8 Art lombard
9 Sources de l’histoire des Lombards
10 Notes et références
11 Voir aussi
11.1 Bibliographie
11.2 Articles connexes
11.3 Liens externes
Étymologie |
Lombard est emprunté[1],[2] à l'italien lombardo[1],[2], du latin médiéval [2]longobardus[2], altération[2], probablement sous l'influence de longus[2], du latin Langobardus, pluriel Langobardi[2].
Origines |
Les Lombards (ou plus exactement, Langobards) sont connus depuis bien longtemps par les Romains : en effet, en 98, l'historien romain Tacite les mentionne déjà dans son ouvrage sur les Germains, Germania[3]. Pourtant, les Lombards restent plusieurs siècles dans l'ombre et leur histoire antérieure au Ve siècle est très mal connue. Le peuple lombard, dont le premier roi connu est un certain Agelmund, ne participe pas aux invasions et migrations barbares des IVe et Ve siècles.
Leur propre tradition orale tardive (l’Origo gentis Langobardorum) décrit comment les Lombards quittèrent leur Scandinavie, dirigés par deux chefs frères, Ibor et Aio, et comment ils s’établirent en Europe centrale. Elle explique aussi l'étymologie de leur nom, les « Longues-Barbes » : ce dernier aurait été donné par le dieu Wotan à la petite tribu des Winilli (signifiant tout simplement les « Guerriers »), après que les femmes de cette tribu eurent coupé leurs cheveux et qu'elles les eurent utilisés comme barbes postiches ; le stratagème, soufflé par Freia, visait à renforcer le nombre des guerriers de la tribu confrontée à une invasion de guerriers vandales, plus nombreux. Les Lombards se considéraient comme les préférés du dieu Odin.
Pourtant cette étymologie, qui est due à Paul Diacre[4], semblerait erronée et, comme cela a été évoqué par Cyrus, le mot « Lombard » pourrait avoir une autre origine[5] :
« […] les Lombards (un surnom sans doute, ils s'appellent probablement Uinniles, seraient venus de Norvège et devraient leur nom, non pas à ce qu'ils auraient eu de longues barbes comme on l'a longtemps cru, mais au fait qu'ils possédaient des hallebardes à longs fers, longobardi […][6] ».
– Citation de Régis Boyer
Le mot « Lombard » viendrait plutôt de « longues bardes » — en germanique, barte signifie « hache », dont dérive en français le mot hallebarde, littéralement, « hache à poignée »[7] —, car ce peuple devait porter des armes d'hast lors de ses raids.
L'œuvre a pour modèle le récit de la migration des Goths (fait quant à lui par l'historien de ce peuple, Jordanès) et peut être également rapprochée du récit de la migration des Angles, des Jutes et des Saxons dans l'île de Bretagne tel qu'il est fait dans la Chronique anglo-saxonne. Aussi, le caractère mythologique de la tradition lombarde impose de considérer l'hypothèse de l'origine scandinave et de l'étymologie des Lombards avec la plus grande circonspection.
Migration |
Au Ier siècle, les Lombards sont établis sur le cours supérieur de l'Elbe, où ils affrontent l'empereur Tibère. Au siècle suivant, ils gagnent le cours moyen du Danube. Ainsi, en 167, ils sont présents en Pannonie où ils demeurent ensuite plusieurs siècles. Vers la fin du Ve siècle, en effet, ils obtiennent dans cette région un traité de l'empereur Justinien, devenant des fédérés de Rome. De nombreux guerriers lombards servent, à partir de l'an 551, comme mercenaires dans la péninsule italienne contre les Ostrogoths.
De Pannonie, ils détruisent le petit royaume hérule vers 510 puis occupent la province romaine de Pannonie première (peut-être en 527) enfin la Pannonie seconde à partir de 547. S'alliant aux redoutables cavaliers avars, un peuple de la steppe nouveau venu dans la région, ils battent sévèrement les Gépides qui tentent d'étendre leur royaume (v. 567). Une partie des Gépides s'unit aux Lombards et les suit en Italie où ils conservent durant un certain temps leurs propres lois. À partir du milieu du VIe siècle, il semble que certains Lombards se convertissent au christianisme tandis que, parallèlement, ils sont touchés par l'arianisme (issus d'Ostrogoths d'Italie ?). En tout cas, l'immense majorité des Lombards est encore païenne.
Selon les sources, leur roi Alboïn passe ensuite un accord avec le khagan avar : durant 200 ans, les Lombards peuvent retourner en Pannonie et retrouver leur territoire. L'ensemble des Lombards, accompagnés de Gépides, mais également de bandes saxonnes, hérules et même avares, se mettent alors en route pour l'Italie où la destruction du royaume du grand Théodoric avait surtout créé un véritable vide politique, militaire et même administratif : près de 25 années de lutte acharnée entre Byzantins et Ostrogoths avaient mis la riche Italie en ruine et la reconquête justinienne s'avérait fragile.
Les Lombards en Italie |
Au début de l'année 568, ayant franchi la frontière du Frioul, plus de 200 000 Lombards et leurs alliés envahissent la plaine du Pô, mais, une fois dans la péninsule, ils se heurtent bientôt aux ouvrages défensifs qui entourent les villes ainsi qu'aux nombreuses forteresses romano-byzantines. Aussi, comme tout peuple barbare, les Lombards préfèrent la campagne aux villes et constituent des résidences rurales dans la fertile plaine du Pô (les salae), placées sous la coupe d'une farae (du germanique fara : bande). Vivre en communauté loin des villes devait certainement empêcher une assimilation rapide parmi la nombreuse population romaine et préserver la cohésion nationale lombarde ainsi que les qualités guerrières de leurs hommes.
De nombreux sièges, longs et difficiles autant pour les assiégés que pour les assiégeants, ont lieu tandis qu'une partie de la population italienne reflue vers le nord-est, en Vénétie et vers la côte ligure (région de Gênes). Finalement, les Lombards s'emparent de la ville de Pavie (572) mais l'exarchat de Ravenne, alors byzantin, leur résiste toujours. Certaines bandes armées lombardes combattant plus ou moins pour leur propre compte, s'infiltrent également dans les Apennins, dans le Bénévent et jusqu'en Provence, d'où elles sont chassées par les Francs commandés par Eunius dit aussi Mummolus, patrice de la Provence bourguignonne au service du roi Gontran. Il les bat en 571 à la bataille de Mustiae-Calme, commune de Meyronnes, près de Barcelonnette et les oblige à repasser les Alpes. En 574, les duc lombards Amo, Zaban et Rodan lancent une triple attaque contre la Gaule. Amo atteint Mague (près de Caumont), dans la région d'Avignon, en passant par le col de Larche ; Zaban atteint Valence et Rodan assiège Grenoble. Amo va enlever les troupeaux de la Crau, rançonne Aix. Mummolus se porte au secours de Grenoble. Rodan, blessé, rejoint Zaban avec 500 hommes et les deux ducs se retirent à Embrun, avant d'être rejeté au-delà des Alpes par Mummolus. En l'apprenant, Amo se retire à son tour mais peine à regagner l'Italie avec l'arrivée de l'hiver. Une dernière bande, après avoir ravagé l'abbaye de Saint-Maurice d'Agaune en Valais, est battue près de Bex. Gontran ferme l'entrée de la Gaule en occupant Aoste et Suse, sur le versant italien des Alpes4.
Après les assassinats d'Alboïn (572) et de son successeur Cleph en 574, les Lombards suppriment la royauté — fait unique pour cette époque — et restent sans roi pendant dix années, errant en bandes (composées de quelques milliers d'individus tout au plus), plus ou moins rivales à travers toute la péninsule qu'ils mettent à feu et à sang, dirigées par trente-cinq chefs militaires, les « Ducs ». L'organisation de la royauté lombarde en Italie, qui allait durer jusqu'à la conquête franque de Charlemagne, se mit probablement en place durant cette période d'anarchie : la couronne fut dévolue par les ducs à l'un d'entre eux, élu. En 584, ils choisissent de rétablir la royauté en faveur d'Authari auquel succède Agilulf (590-616). Celui-ci met en place un État digne de ce nom, reprenant la politique des Ostrogoths et de Théodoric le Grand, sur la base d'une collaboration entre Romains et Lombards, aux premiers étant dévolu l'administration civile, aux seconds la sécurité militaire[8]. Le centre du pouvoir se situe à Monza. Agilulf consolide son pouvoir et la domination lombarde dans son royaume. La monarchie reste néanmoins élective et les ducs régionaux bénéficient d'une autonomie de fait[8]. En 626, la capitale est transférée à Pavie. Le règne du roi Aripert (653-661) est caractérisé par la conversion des Lombards au catholicisme, même si un nombre important d'entre eux restent longtemps encore ariens ou païens[8]. L'adoption du catholicisme favorisa les rapports avec le pape et les Romains. Le roi Grimoald (661-671) marque une étape supplémentaire dans le contrôle des ducs, des monnaies étant frappées à son effigie[8]. Se mettent en place des rapports préféodaux qui correspondent à l'entrée progressive du pays dans le Moyen Âge.
Chute du royaume lombard |
En 771, la mort de son frère Carloman laissa les mains libres à Charlemagne qui, désormais assuré sur le trône, répudia la fille de Didier. L'année suivante un nouveau pape, Adrien Ier, du parti opposé à Didier, réclama la cession de quelques territoires que celui-ci lui avait promis mais jamais cédés, ce qui le conduisit à reprendre la guerre contre les villes de Romagne. Charlemagne vint au secours du pape et, entre 773 et 774, descendit en Italie et conquit Pavie, la capitale du royaume. Le fils de Didier, Adalgis, trouva refuge auprès des Byzantins ; Didier et sa femme furent emmenés en France et enfermés dans un monastère. Charlemagne se fit alors appeler « Gratia Dei rex Francorum et Langobardorum », réalisant une union personnelle des deux royaumes ; il maintint les Leges Langobardorum mais réorganisa le royaume sur le modèle franc, avec des comtes à la place des ducs.
« Ainsi finit l'Italie lombarde, et personne ne saurait dire si ce fut, pour notre pays, une chance ou un malheur. Alboïn et ses successeurs avaient été des maîtres peu commodes, encore moins commodes que Théodoric, tant qu’ils étaient restés des barbares campés en pays conquis. Mais maintenant ils étaient en train de s'assimiler à l'Italie et auraient pu en faire une Nation, ce que les Francs faisaient en France. Mais en France il n'y avait pas de Pape. En Italie, si. »
Indro Montanelli - Roberto Gervaso, L'Italia dei secoli bui (l'Italie des siècles obscurs)
Après 774 - la Lombardie mineure |
Les possessions lombardes de l'Italie du Centre et du Sud (qui s'appelaient la Lombardie mineure par comparaison avec la Lombardie du Nord, plus vaste), connurent des destinées différentes. Le duché de Spolète tomba immédiatement aux mains des Francs, alors que celui de Bénévent maintint, par contre, son autonomie. Le duc Arigis II, au pouvoir au moment où s’écroula le royaume, aspira inutilement au trône royal ; il prit alors le titre de prince.
Au cours des siècles suivants les États lombards du Sud (la principauté de Salerne et la seigneurie de Capoue) se détachèrent vite de la principauté de Bénévent. Ils furent travaillés par des luttes intestines et des affrontements avec les grandes puissances (le Saint-Empire et l'Empire byzantin), avec les duchés campaniens voisins de la côte et avec les Sarrasins.
Après l’an mil, la principauté de Salerne sous le prince Guaimar IV, s’étendit et engloba presque toute l'Italie méridionale continentale (1050), mais les États lombards finirent au XIe siècle par être absorbés par les Normands, comme toute l'Italie méridionale. Robert Guiscard épousa Sykelgaite, fille de Guaimar IV, dernier seigneur de Salerne. En 1139 la principauté (qui fut aussi appelée « lombardo-normande ») se transforma en royaume de Sicile (qui devait durer — sous divers noms — pendant sept siècles, jusqu'en 1861). Bénévent, conquise par Robert Guiscard en 1053, entra dans les États du pape, même si des ducs lombards continuèrent à être nommés (directement par le pape) jusqu'en 1081.
Le maintien d'États autonomes permit aux Lombards de conserver leur identité culturelle et garda une grande partie de l'Italie méridionale dans l'orbite culturelle occidentale, plutôt que dans celle de Byzance. Le droit lombard (more Langobardorum) se conserva encore pendant deux siècles dans de vastes territoires de l'Italie méridionale.
Liste des rois lombards |
Art lombard |
L'art lombard regroupe les différentes œuvres et manifestations artistiques réalisées en Italie sous le règne des Lombards.
Sources de l’histoire des Lombards |
La plupart de nos connaissances au sujet de l'histoire mythique et semi-mythique des Lombards proviennent de l’Histoire des Lombards (« Historia Langobardorum »), écrite entre 784 et 799 par Paul Diacre (« Paulus Diaconus ») ou d'une tradition orale nationale, mise par écrit au milieu du VIIe siècle : l'Origo gentis Langobardorum.
Enfin, les Leges langobardorum, écrites à partir de l’édit de Rothari, furent modifiées et enrichies jusqu'au XIe siècle dans le duché de Bénévent et servirent de modèles pour les lois du Moyen Âge italien.
Notes et références |
« Lombard », dans le Dictionnaire de l'Académie française, sur Centre national de ressources textuelles et lexicales (sens II, 2) [consulté le 28 mai 2016].
Définitions lexicographiques et étymologiques de « lombard » (sens I, A, 1) du Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales [consulté le 28 mai 2016].
Tacite, La Germanie, Livre XL, Bibliothèque de la Pléiade, p. 58.
Paul Diacre, Historia Langobardorum (Mont-Cassin, v. 787), trad. fr. : François Bougard,
Histoire des Lombards, Brepols, Turnout, 1994, 206 p.
Voir aussi Lucien Musset (1922-2004), Les invasions : les vagues germaniques, PUF, Paris, 1994 (1er éd. 1965), XXVII-329 p.
Regis Boyer, Les Vikings. Histoire et civilisation, Paris, Perrin, 2004, 48 p..
Alain Rey, Dictionnaire historique de la langue française, article « hallebarde », t. 2, F - PR, p. 1679 b.
Bernard Fontaine, « L'Italie des Lombards », Nouvelle Revue d'Histoire, hors-série, n° 11H, automne-hiver 2015, p. 48-50.
Voir aussi |
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Bibliographie |
Gianluigi Barni, La Conquête de l'Italie par les Lombards, éd. Albin Michel, coll. « Le Mémorial des Siècles », Paris, 1975. (ISBN 2226000712)
- François Bougard (trad. et présentation), Paul Diacre, Histoire des Lombards, éd. Brepols, coll. « Miroir du Moyen Âge », Paris, 1994. (ISBN 2503503195)
(it) Jörg Jarnut, Storia dei Longobardi (trad. Paola Guglielmotti), Torino, Einaudi, 2002. (ISBN 9788806161828)
Articles connexes |
- Liste des ducs lombards de Spolète
- Liste des ducs puis princes lombards de Bénévent
- Liste des ducs et marquis de Frioul
- Liste des princes de Salerne
- Liste des princes de Capoue
- Antiquité tardive
- Banquiers lombards
Liens externes |
- « Les Lombards, derniers barbares du monde romain » par Jean-Pierre Martin, directeur de recherche au CNRS.
(it) « I Longobardi del Sud », site sur les Lombards du sud de l'Italie.
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