Mouvement des droits civiques aux États-Unis
L'expression « Mouvement des droits civiques aux États-Unis » (civil rights movement) désigne principalement la lutte des Noirs américains pour l'obtention du droit de vote et l'American Indian Movement, le Chicano Movement, le Black Panther Party, le Black Feminism, la Gay Liberation (en) movement, etc. On entend toutefois habituellement par cette expression, les luttes livrées entre 1945 et 1970 afin de mettre un terme à la ségrégation raciale, en particulier dans les États du Sud.
Il s'agit principalement d'un mouvement non violent dont le but est d'obtenir l'égalité des droits politiques pour tout citoyen américain. Symbolisé par la figure emblématique de Martin Luther King Jr., un pasteur protestant noir, le mouvement des droits civiques a eu une influence durable sur la société américaine, influençant les tactiques employées par les mouvements sociaux, imposant la transformation durable du statut des Noirs américains et combattant l'exposition publique d'un racisme persistant au sein de la société, en particulier, mais pas seulement, au sud. Le terme lutte pour les droits civiques est plus spécifiquement utilisé pour désigner la période qui commence en 1955 avec le boycott des bus de Montgomery, en Alabama (ou les Noirs demandaient à avoir accès aux mêmes places assises que les Blancs), et qui se termine avec le Civil Rights Act, loi de 1964 qui interdit toute forme de discrimination dans les lieux publics et le Voting Rights Act qui supprime en 1965 les examens et autres impôts pour devenir électeur aux États-Unis.
Le Mouvement des droits civiques est composé d'un grand nombre de groupes divers. Au cours de la première partie du XXe siècle, certains mouvements, tels l'Universal Negro Improvement Association and African Communities League de Marcus Garvey, avaient obtenu de grand succès sans toutefois laisser d'héritage probant, alors qu'à l'inverse, les offensives juridiques de la NAACP, créée en 1909, contre la ségrégation gouvernementale, l'un des enjeux fut l'abolition de l'esclavage dans les États du Sud, le gouvernement fédéral a étendu les droits légaux des Noirs. Le Congrès vota en 1865 le treizième amendement à la Constitution, ratifié par les États, qui abolissait l'esclavage. Celui-ci, néanmoins, n'accordait ni la citoyenneté ni, a fortiori, des droits égaux aux Afro-Américains. Le quatorzième amendement, voté en 1868 et également ratifié, leur accorda la citoyenneté. Les Noirs nés aux États-Unis jouissaient désormais de l'égalité devant la loi, tandis que le quinzième amendement, en 1870, accorda le droit de vote à tous les individus de sexe masculin, quelle que soit leur race. Lors de la reconstruction (1865-1877), les troupes du Nord occupèrent le Sud et imposèrent cette nouvelle législation avec l'aide du Freedmen's Bureau (Bureau des Hommes libres). Plusieurs Noirs affranchis occupèrent des positions plus importantes dans la société, y compris électorales.
La reconstruction prit fin avec le compromis de 1877 entre les élites blanches du Nord et celles du Sud. Le Compromis appelait au retrait des troupes fédérales, permettant ainsi aux Blancs du Sud (en majorité des WASPs) de réinstaurer des pratiques de discrimination raciale. En échange, ils promettaient de soutenir Rutherford B. Hayes, candidat des États du Nord, à la présidence, contre son adversaire Samuel Jones Tilden. Nombre de Noirs du Sud ont répondu à ce nouvel état des choses en quittant massivement le Sud, dans ce qui a été appelé l'exode du Kansas de 1879.
Les républicains radicaux, qui avaient été chargés de la reconstruction, ont tenté d'éliminer, au moyen du droit, les discriminations raciales publiques et privées. Mais la Cour suprême mit un point final à ces initiatives, en jugeant lors des Civil Rights Cases (en) (cas sur les droits civiques), en 1883, que le 14e amendement n'autorisait pas le Congrès à mettre hors-la-loi la discrimination raciale opérée par des individus ou des entreprises privées.
Sommaire
1 Mouvement des droits civiques
1.1 Opposition aux mouvement
2 Notes et références
3 Voir aussi
Mouvement des droits civiques |
Après l'arrêt historique Brown v. Board of Education de 1954, la lutte pour les droits civiques entre dans une nouvelle phase : d'une part, il s'agit de faire voter une série de lois, qui culmine dans le Civil Rights Act de 1964 interdisant toute discrimination raciale ; d'autre part, il s'agit de rendre effectives les nouvelles règles de droit, dans un climat de tensions dangereuses, en particulier au sud, rétif à l'abolition de la ségrégation. Une série de campagnes sont mises en place par diverses organisations (Freedom ride, Marches de Selma à Montgomery de 1964, etc.), culminant dans la Marche sur Washington de 1963, où Martin Luther King Jr. délivre son discours célèbre, I have a dream.
Mais l'arrivée des années 1960 marque aussi le début de la contestation contre la guerre du Viêt Nam et le renforcement de la culture underground américaine, les beatniks laissant la place aux hippies. Dans ce contexte où s'épanouit la contre-culture, les revendications du mouvement des droits civiques débordent bien vite la lutte modérée prônée par la NAACP, qui se bat pour l'assimilation et sur un terrain principalement juridique. D'autres mouvements, plus radicaux, émergent, tels le Revolutionary Action Movement (1962-68), qui entre dans la clandestinité en 1963, puis le Black Power (Malcolm X, etc.) et le Black Panther Party. À côté, d'autres organisations défendent les droits civiques pour les Amérindiens (occupation d'Alcatraz en 1969 par l'American Indian Movement) ou les Chicanos (Chicano Movement), tandis que se développe le Black Feminism. Ce dernier relie la lutte contre le racisme à la lutte contre le sexisme et le capitalisme, élargissant ainsi les horizons du mouvement des droits civiques vers d'autres problématiques.
Des organisations telles que le Student Nonviolent Coordinating Committee, pionnier dans les campagnes pour les droits civiques du début des années 1960, se tournent à la fois vers le Black Power et vers la contestation contre la guerre du Viêt Nam, fédérée au niveau étudiant par la Students for a Democratic Society (SDS), codirigée au départ par Tom Hayden. Avant de se dissoudre, la SDS participe à l'élaboration de la deuxième gauche, née de l'expérience plurielle et hétérogène de ces années, tandis que naît sur ses décombres le Weather Underground, groupe blanc qui prend le chemin de la lutte armée pour alléger la répression des Black Panthers, de l'AIM, et des mouvements de libération nationale (au Viêt Nam, etc.).
Opposition aux mouvement |
Certains adversaires du mouvement le décrivent comme une œuvre de déstabilisation pilotée de l'étranger. Ainsi en 1957, à l'occasion d'un débat devant la Chambre des représentants des États-Unis, le démocrate Thomas Abernethy (en) cite l'extrait d'un Programme racial pour le vingtième siècle, censé démontrer l'origine communiste du mouvement.
Le mouvement des droits civiques n'est pas apprécié de l'opinion publique et la marche sur Washington de 1963 est rejetée par les deux tiers des Américains. D'après les sondages effectués par The New York Times en 1964, les New-Yorkais voient en Martin Luther King un « extrémiste » et jugent « excessives » les revendications de droits civiques[1].
Notes et références |
Sylvie Laurent, « Le dernier combat de Martin Luther King », Le Monde diplomatique, no 769, avril 2018, p. 19 (lire en ligne).
Voir aussi |
- Nationalisme noir aux États-Unis
- Droits civiques
- Freedom Summer
- Mouvement afro-américain des droits civiques
- École noire
- Café Society (club)
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