Allemands de Roumanie






Régions jadis habitées par des minorités germanophones en Transylvanie.




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Inscription trilingue à Satu Mare.


Les Allemands de Roumanie[1] (Rumäniendeutsche) sont une minorité linguistique de Roumanie. Ils étaient 36 042 au recensement de 2011[2], mais ont été bien plus nombreux au cours de l'histoire. Le président roumain élu en 2014, Klaus Iohannis, est issu de cette communauté.




Sommaire






  • 1 Groupes


  • 2 Historique


  • 3 Démographie


    • 3.1 Évolution de la population allemande de Roumanie


    • 3.2 Émigration




  • 4 Personnalités


    • 4.1 Saxons de Transylvanie


    • 4.2 Allemands de Bucovine


    • 4.3 Souabes du Banat




  • 5 Notes et références


  • 6 Voir aussi


    • 6.1 Bibliographie


    • 6.2 Lien externe







Groupes |


Les Allemands sont arrivés sur l'actuel territoire de la Roumanie en plusieurs vagues, du XIIe siècle jusqu'au XIXe siècle. Par conséquent, ils ne forment pas une communauté homogène, mais plusieurs groupes diversifiés :



  • les Saxons de Transylvanie - le groupe le plus connu, souvent identifié à tort à l'ensemble des Allemands de Roumanie ;

  • les Souabes de Satu Mare et les Souabes du Banat, deux branches des Souabes du Danube qui, au XIXe siècle, ont émigré en Europe de l'Est ;

  • les Landlers de Transylvanie, protestants, qui se sont installés aux environs de Sibiu au cours de la première moitié du XVIIIe siècle ;

  • les Zipsiens du Maramureș, arrivés du comitat Szepes au XVIIIe siècle et au XIXe siècle ;

  • les Allemands de Bucovine, très nombreux jadis à Gura Humorului (où, en 1930, ils formaient la majorité de la population), à Suceava, Cernăuți, Rădăuți, Vatra Dornei ou Câmpulung Moldovenesc ;

  • les Allemands de Bessarabie dans le Bugeac ;

  • les Allemands du Vieux Royaume, dont
    • les Allemands de Dobrogée, arrivés entre 1840 et 1891.




Historique |


Tous les Allemands de Roumanie ont été, dans l'histoire, de libres-artisans, maçons, mineurs, cultivateurs ou marchands, bénéficiant de franchises, patentes et privilèges ; il n'y a pas eu de servage parmi eux. Le groupe le plus ancien est celui des Saxons de Transylvanie, qui géographiquement a débordé sur les principautés voisines de Moldavie et Valachie. Les « Saxons » (qui comprenaient en fait aussi des Allemands venus de Thuringe, de Franconie, de la vallée du Rhin, d'Alsace) sont venus dès le XIIIe siècle en tant que bûcherons, maçons, orpailleurs et mineurs au service des rois de Hongrie et de leurs vassaux, les voïvodes transylvains, moldaves et valaques. Lors de la Réforme, les deux tiers d'entre eux ont adopté le luthéranisme (alors que leurs voisins Sicules magyarophones adoptaient, pour moitié d'entre eux, le calvinisme). Tous les autres groupes d'Allemands sont plus récents et sont restés catholiques : ils ont été colonisés ici au XVIIIe siècle et au XIXe siècle par les Habsbourg dans le cadre de l'Empire d'Autriche, à l'exception des Allemands bessarabiens et dobrogéens, arrivés entre 1820 et 1891, initialement installés par les Tzars russes au nord de la mer Noire, et des Allemands du Vieux Royaume, pour la plupart commerçants, tailleurs, coiffeurs, confiseurs ou ingénieurs venus à diverses époques en Roumanie.


Lors de l'unification de la Roumanie, tous ces groupes ont reçu la nationalité roumaine, ont pu sauvegarder leurs biens, presse et écoles, et envoyer des représentants au Parlement. Mais le pacte Hitler-Staline de 1939 se traduit en 1940 par l'annexion à l'URSS d'une partie de la Roumanie : les Allemands de ces régions (Bucovine du nord et Bessarabie) ainsi que ceux de Dobrogée, sont alors expulsés et rapatriés de force vers le Troisième Reich, pour y être recolonisés dans le Reichsgau Wartheland arraché à la Pologne, d'où ils seront à nouveau expulsés par l'Armée rouge en 1944-45 : la plupart n'y survivent pas.


Les Allemands de Roumanie ont eu des attitudes divergentes pendant la Seconde Guerre mondiale. Une minorité menée par Andreas Schmidt[3] constitua une filiale locale du parti nazi, demanda et obtînt d'être considérés comme ressortissants du Reich et d'être enrôlés dans la Wehrmacht et non dans l'armée roumaine ; une autre minorité, surtout parmi les mineurs du Haut-Jiu et les bûcherons de Transylvanie et de Bucovine, de tradition socialiste, s'y refusa et rejoignit l'opposition au régime fasciste, mais la plupart se tînt dans une prudente expectative[4]. La fuite des premiers vers l'Allemagne commença à partir du 23 août 1944 lorsque la Roumanie déclara la guerre à l'Allemagne. Les décrets émis en septembre 1944 par le gouvernement allié Sanatescu considéraient les ressortissants du Reich comme des ennemis, civils ou militaires, à interner ou traiter en prisonniers de guerre, leur cas devant être éclairci ultérieurement, mais l'Armée rouge exigea que tous les Allemands de Roumanie sous uniforme allemand lui soient livrés, ce qui fut fait : la plupart (dont Andreas Schmidt) finirent leurs jours au Goulag[5]. Simultanément, les forces soviétiques commencèrent les expulsions de leurs familles, mais le gouvernement roumain protesta que ces expulsions handicapaient l'économie, sans pour autant s'y opposer[6]. De toute manière, après le coup d'état communiste du 6 mars 1945, le nouveau gouvernement roumain approuva toutes les exigences soviétiques et 213 000 Allemands de Roumanie furent expulsés sous divers prétextes, le plus fréquent étant celui de « collusion avec le fascisme »[7].


Après la guerre, au début de la période communiste, il restait dans le pays 384 708 Allemands sur les 786 000 d'avant-guerre, disposant d'écoles, journaux et théâtres dans leur langue[8], contrôlés bien sûr par le PC mais autorisés à tisser des liens culturels avec l'Allemagne de l'Est. Néanmoins, c'est vers l'Allemagne de l'Ouest que la plupart d'entre eux demandèrent à émigrer durant cette période, quitte à payer des taxes au gouvernement roumain au prorata des études effectuées. Le mouvement d'émigration connut un pic après la Libération de 1989 (chute de la dictature communiste) de sorte qu'au recensement de 2002, il restait 60 000 Allemands sur les 179 000 d'avant 1990.



Démographie |



Évolution de la population allemande de Roumanie |



  • 1930 : 745 421, soit 4,1 % de la population de la Roumanie[9], (23,7 % de la population du Banat[10], 8,9 % de la population de la Bucovine[11], 7,9 % de la population de la Transylvanie[10], 3 % de la population de la Bessarabie et 2,8 % de la population de la Dobroudja).

  • 1948 : 343 913, soit 2,2 % de la population de la Roumanie;

  • 1956 : 384 708, soit 2,2 % de la population;

  • 1977 : 359 109 ;

  • 1992 : 111 301 ;

  • 2002 : 60 008;

  • 2011 : 36 042[2].



Émigration |


Chiffres officiels des Allemands ayant émigré en Allemagne de l'Ouest pendant les dernières années du régime communiste :



  • 12 809 en 1985,

  • 11 034 en 1986,

  • 11 639 en 1987,

  • 10 738 en 1988,

  • 14 598 en 1989.


On estime qu'à la fin de 1989, il y avait quelque 250 000 - 260 000 Allemands en Roumanie.


Tous ces départs n'allaient pas qu'en Allemagne. les autres pays concernés par cette émigration sont : les États-Unis, l'Australie, l'Autriche, la Nouvelle-Zélande, et le Canada.


Juste après la chute du régime communiste à la fin 1989, l'émigration a connu une forte croissance pour décroître par la suite :



  • 60 072 en 1990,

  • 15 567 en 1991,

  • 8 852 en 1992,

  • 5 945 en 1993,

  • 4 065 en 1994,

  • 2 906 en 1995,

  • 2 315 en 1996,

  • 1 273 en 1997.


En 2002, il y avait 59 764 Allemands en Roumanie, soit 0,3 % de la population du pays.



Personnalités |



Saxons de Transylvanie |




  • Samuel von Brukenthal (26 juillet 1721, Nocrich – 1803, Sibiu), juriste transylvanien et gouverneur de Transylvanie


  • Johannes Honterus (1498, Brașov – 23 janvier 1549, Brașov), humaniste et théologien


  • Klaus Iohannis (né en 1959), maire de Sibiu de 2000 à 2014 et président de la Roumanie depuis 2014


  • Johannes Kelpius, (1673, Sighișoara – 1708, Germantown, Pennsylvanie)


  • Hermann Oberth, (25 juin 1894, Sibiu – 28 décembre 1989, Nuremberg), physicien


  • Jean Rounault, (14 mars 1910, Brașov) écrivain de langue française et frère de Walter Biemel, (19 février 1918, Topčider en Serbie) philosophe.


  • Mattis Teutsch (13 août 1884, Brașov – 17 mars 1960, Brașov), peintre


  • Pauline Schullerus, (5 avril 1858, Cincu - 29 décembre 1929, Sibiu), ethnologue, botaniste.



Allemands de Bucovine |




  • Elisabeth Axmann (19 juin 1926, Siret - 2015, Cologne), écrivaine, traductrice, critique et poétesse


  • Stefan Hantel (né en 1968), DJ


  • Alfred Eisenbeisser (7 avril 1908, Cernăuți - 1991, Berlin), joueur de football


  • Gregor von Rezzori (13 mai 1914, Cernăuți - 1998), écrivain et acteur



Souabes du Banat |




  • Otto Alscher (8 janvier 1880, Perlez - 29 décembre 1944, Târgu Jiu), écrivain


  • Robert Dornhelm, (17 décembre 1947, Timișoara), réalisateur


  • Nikolaus Lenau, (1802, Lenauheim – 1850, Vienne), écrivain


  • Herta Müller, (17 août 1953, Nițchidorf), écrivaine et prix Nobel de littérature en 2009


  • Johnny Weissmuller (2 juin 1904, Freidorf, Timișoara – 20 janvier 1984, Acapulco, Mexique), nageur olympique et acteur



Notes et références |





  1. Cet article est en bonne partie la traduction de l'article correspondant en roumain.


  2. a et bRezultatele finale ale Recensământului din 2011: (ro) « Tab8. Populația stabilă după etnie – județe, municipii, orașe, comune », sur Institutul Național de Statistică din România, juillet 2013(consulté le 11 novembre 2014).


  3. Andreas Schmidt, né le 24 mai 1912 à Manarade (Transylvanie, Autriche-Hongrie), mort en 1948, à Vorkouta (Goulag, URSS) leader nazi (Volksgruppenführer) et membre de la Waffen-SS.


  4. Grigore Gafencu, Préliminaires de la guerre à l’est : de l’accord de Moscou (21 août 1939) aux hostilités de Russie (22 juin 1941), Egloff, Fribourg/Suisse, 1944 et Nicolette Frank, La Roumanie dans l’engrenage, Elsevier-Sequoia, Paris 1977


  5. Duţu A., Dobre F., Loghin L., Armata română în al doilea război mondial, 1941-1945 (L'Armée roumaine dans la seconde guerre mondiale), Dicţionar enciclopedic, éd. Enciclopedică, Bucarest 1999.


  6. Theodor Schieder (ed.) : Documents on the Expulsion of the Germans from Eastern & Central Europe, Bonn : Federal Ministry for Expellees, Refugees, & War Victims, vol.2/3 : The Expulsion of the German Population from Hungary and Rumania (1961).


  7. Florin Constantiniu, Une histoire sincère du peuple roumain, éd. Univers Enciclopedic, Bucarest 2008.


  8. Constantin Daicoviciu, Alex. Graur (dir.), Republica populară Romînă, éd. Meridiane, Bucarest 1960, 870 pp., p. 94.


  9. Recensământul general al populației României din 29 Decemvrie 1930, vol. II, pag. XXIV.


  10. a et bIdem, pag. XXVII.


  11. Idem, pag. XXVI.




Voir aussi |



Bibliographie |



  • (de)Johann Böhm: Die Gleichschaltung der deutschen Volksgruppe in Rumänien und das Dritte Reich 1941-1944, Frankfurt am Main 2003, (ISBN 3-631-50647-3).


Lien externe |



  • (de)[PDF]Die Deutschen in Rumänien



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