Âge du cuivre
L’âge du cuivre correspond dans un sens plus restrictif et dans une acception culturelle au Chalcolithique des préhistoriens français (les préhistoriens italiens emploient quant à eux le terme Eneolitico). Il désigne une période intermédiaire de la protohistoire[1], étape de transition entre les industries lithiques et osseuses caractéristiques du Néolithique final et l'industrie métallurgique naissante qui leur succède à l'âge du bronze. En réalité, dans les cultures du Chalcolithique, des minéraux éléments natifs tels que l'or, l'argent natif, le cuivre natif, l'étain natif, le fer natif correspondant aux éléments chimiques or, argent, cuivre, étain, fer sont exploités dans le cadre d'un artisanat secondaire, l'essentiel de la production demeurant en pierre et en os. Le terme « chalcolithique » a été forgé par les préhistoriens à partir des racines grecques khalkos (cuivre) et lithos (pierre). Ainsi, le Chalcolithique est la « période où un outillage, principalement en pierre, peut être complété par des objets en cuivre travaillé », caractéristique, en archéologie, de certaines cultures de la fin de l'Europe néolithique[2].
Sommaire
1 Caractéristiques de l'artisanat chalcolithique
2 Repères chronologiques
3 Notes et références
4 Bibliographie
5 Articles connexes
Caractéristiques de l'artisanat chalcolithique |
À la différence du bronze et du fer, l'artisanat du cuivre semble avoir coexisté très longtemps avec celui de la pierre, sans amener de réels bouleversements socio-économiques dans les civilisations qui le connaissaient. Il est également attesté par l'archéologie que l'utilisation du cuivre concerne des civilisations contemporaines et voisines d'autres qui l'ignorent, ou d'autres qui possèdent déjà une métallurgie du bronze.
La faible incidence du cuivre sur les cultures préhistoriques peut principalement s'expliquer par les difficultés et les faibles bénéfices de son exploitation : recueilli en faibles quantités à l'état naturel, le cuivre natif est martelé avant d'être fondu et moulé à 1 000 °C environ. La production est anecdotique comparée à l'industrie lithique et concerne principalement des pièces de taille modeste. Poignards à soie et alênes en sont les plus représentatives. À la même époque, les productions lithiques sont aussi souvent plus fines.
Les cultures ou civilisations les plus représentatives du Chalcolithique sont surtout connues pour :
- la retouche par pression, technique permettant une grande finesse dans l'élaboration du mobilier lithique (notamment des pointes de flèches), par le détachement successif de petits éclats.
- la céramique dite « cordée », en raison du motif appliqué sur la pâte crue, puis la céramique campaniforme
- les mégalithes de Stonehenge, en Grande-Bretagne.
- les stèles anthropomorphes du nord de la Méditerranée (Languedoc-Roussillon, Gard, Vaucluse, Corse, Sardaigne).
- les catacombes, Vučedol et la fondation de la première ville en Europe, sur le site de Solnitsata, construite autour de la production de sel.
Repères chronologiques |
- le plus ancien artisanat du cuivre connu en Europe a été trouvé en Bulgarie et date de -4500 à -4000 ;
L'âge du cuivre n'étant pas une période, il est exclu d'en donner une chronologie. Néanmoins, quelques repères permettent d'évaluer la diffusion des métaux dans l'industrie préhistorique :
- en Égypte, le mobilier en cuivre se répand à la période caractérisée par le site de Nagada, vers -4000 à -3200 : haches plates, herminettes, ciseaux, couteaux à manche en os et épingles en témoignent ;
- dans la vallée de l'Indus, l'usage du métal est attesté vers -2500 : les sites d'Harappa et de Mohenjo-Darô y ont fourni du mobilier en plomb, argent, cuivre à forte teneur en arsenic (à l'état quasi-naturel) et même en bronze comme en témoignent scies, perles, fermoirs de colliers, ou encore anneaux de chevilles ;
- à Chypre, c'est sans doute sous l'influence anatolienne que se développe l'exploitation du minerai de cuivre. À Ambelikou, la présence de céramiques rouges permet de la dater d'environ -2300 à -2000 ;
- à Troie, les fouilles d'Heinrich Schliemann révèlent la présence de cuivre au niveau le plus ancien, mais c'est surtout aux niveaux II-III (-2300 à -2100) que le mobilier en cuivre se multiplie ;
- en Suisse, il est daté d'environ -3700 (civilisation de Pfyn) ;
- chez les civilisations précolombiennes, l'usage du cuivre natif remonte dans la région des Grands Lacs à -5000, les deux Amérique ont connu l'usage du cuivre il y a plus de 3000 ans.
En Europe occidentale, l'âge du cuivre s'étend approximativement de -2500 à -1800. Initialement, la diffusion d'un artisanat du cuivre dans ces régions pourrait s'être faite depuis la mer Égée grâce à une voie commerciale danubienne. Et encore, celui-ci paraît limité. Sur la façade atlantique, par exemple, la première production métallurgique dominante jusqu'à celle du bronze demeure celle de l'or. Entre -1800 et -1600, le mélange de l'étain et du cuivre donne naissance dans ces régions à la métallurgie du bronze, caractéristique du premier véritable âge des métaux et à l'origine de nombreux bouleversements.[réf. nécessaire]
Notes et références |
Marcel Otte, La Protohistoire, De Boeck / 2008, p. 8 à 11, (ISBN 978-2-8041-5923-8)
(de) Konrad Spindler, Der Mann im Eis, Munich, 1993, p. 217
Bibliographie |
Dictionnaire de la préhistoire, sous la direction d'André Leroi-Gourhan, Paris, 1994.
Marcel Otte, La Protohistoire, De-Boeck / 2008, (ISBN 978-2-8041-5923-8)
Articles connexes |
- Tableau synoptique des principales cultures préhistoriques du Vieux Monde
- Extraction du cuivre
- Histoire de la production du cuivre
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