Maurice (empereur romain d'Orient)





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Maurice
Empereur romain

Image illustrative de l’article Maurice (empereur romain d'Orient)
Monnaie de Maurice.
Règne
14 août 582 – 23 novembre 602
20 ans, 3 mois et 9 jours
Période

Dynastie justinienne
Précédé par

Tibère II Constantin
Suivi de

Phocas
Biographie
Nom de naissance
Flavius Mauricius Tiberius Augustus
Naissance

539

[1]
Arabissus, Cappadoce


Décès

27 novembre 602 (63 ans)
Constantinople (Empire byzantin)
Père
Paul
Épouse

Constantina
Descendance
Théodose (4 août 583 – 27 novembre 602)

Tibère (? – 27 novembre 602)

Pierre (? – 27 novembre 602)

Paul (? – 27 novembre 602)

Justin (? – 27 novembre 602)

Justinien (? – 27 novembre 602)

Anastasie (? – 605)

Théoctiste (? – v. 605)

Cléopâtre (? – v. 605)

Marie (Miriam) ?


Empereur romain

Maurice (latin : Flavius Mauricius Tiberius Augustus, grec : Φλάβιος Μαυρίκιος Τιβέριος Αὔγουστος) (539 – 27 novembre 602) est empereur romain de 582 à 602. Son règne est marqué par le rétablissement des finances de l'Empire et l'annexion de l'Arménie au détriment de l'Empire perse, mais aussi par la progression des envahisseurs slaves dans les Balkans et jusqu'en Grèce continentale. Maurice est également connu pour être l'auteur de l'un des classiques de la pensée militaire, le Strategikon. C'est lui aussi qui fixe la fête de la Dormition de la Vierge Marie à la date du 15 août, probablement pour commémorer la consécration de l'église de la Panagia (la Toute Sainte) à l'emplacement de sa tombe à Gethsémani.




Sommaire






  • 1 Faits marquants du règne


  • 2 Soulèvement de l'armée du Danube


  • 3 Union et postérité


  • 4 Personnage de légendes et de l’épique balkanique


  • 5 Notes et références


  • 6 Articles connexes


  • 7 Liens externes





Faits marquants du règne |


Son prédécesseur Tibère II Constantin lui dit, mourant : « Fais en sorte que ton règne soit ma plus belle épitaphe ».


Le règne de Maurice est troublé par des guerres incessantes sur toutes les frontières ; malgré ses très bonnes dispositions à gouverner, il ne peut que provisoirement prévenir la désintégration du grand empire de Justinien.


Juste après son accession au trône le 14 août 582, il réussit à interférer dans les guerres de succession perses et occupe l'Arménie. Il aide à placer sur le trône perse le plus grand de ses rois, Chosroès II, qui sera par la suite le farouche adversaire du futur basileus Héraclius.


Cette guerre est suivie d'une rupture entre les Byzantins et leurs alliés les Arabes Ghassanides: Maurice fait déporter en Sicile leur roi al-Mundhir III ibn al-Harith, décision peut-être liée au fait qu'al-Mundhir était le protecteur des monophysites.


Pendant la même période, ses provinces des Balkans sont ravagées par les Slaves : elles ne pourront jamais entièrement s'en remettre. Les Slaves pénètrent jusqu'au Péloponnèse et de nombreuses campagnes brillantes, quoique coûteuses, doivent être dirigées contre eux.


À l'ouest, Maurice organise les possessions byzantines, menacées en Afrique et en Italie, en exarchats dirigés par des gouverneurs militaires. Il conclut une alliance avec le roi franc Childebert II et le pousse à attaquer les Lombards qui menacent les possessions byzantines en Italie. Il entretient des rapports difficiles avec le pape Grégoire Ier, qui lui reproche son césaropapisme et est partisan d'une politique de conciliation avec les Lombards.



Soulèvement de l'armée du Danube |


Maurice succède à Tibère II Constantin qui en quatre années de règne avait diminué les impôts de 25 % et par prodigalité avait mis l'Empire dans une situation économique difficile. Maurice se montre, lui, parcimonieux à l'excès. Pour des raisons économiques, contrairement à la coutume, il ordonne à ses armées d'hiverner en territoire hostile par-delà le Danube. Celles-ci, épuisées par des mois de combat, refusent et choisissent comme représentant Phocas, un centurion qui aspire au pouvoir suprême (23 novembre 602). Maurice s'enfuit en Chalcédoine et envoie son fils aîné Théodose demander de l'aide chez le roi sassanide Chosroes II qui lui doit son trône. Rattrapé par les hommes de Phocas, proclamé auguste et roi de Rome, il assiste à l'assassinat de ses cinq derniers fils puis est exécuté (27 novembre 602). Les corps sont jetés dans le Bosphore.


Ses sujets, irrités par son austérité, son absence de faste et son dégoût pour les jeux, acclament le nouvel empereur, mais il ne leur faut que quelques semaines pour regretter cet empereur qui s'est sacrifié pour eux. Maurice laisse un empire incomparablement renforcé. Sa mort et l'extinction de sa dynastie provoque l'invasion perse et la mutinerie d'une partie de l'armée contre le tyrannique Phocas.


Maurice est connu pour être l'auteur de l'un des classiques de la pensée militaire, le Strategikon, qui offre la première théorie sophistiquée de l'utilisation des armes combinées jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. Des historiens pensent toutefois que le Strategikon est l'œuvre de son frère ou de l'un des généraux de sa cour.



Union et postérité |


Maurice a épousé Constantina, la fille de son prédécesseur Tibère II Constantin, petite-fille d'Anicia, épouse de Magnus, fils de Probus et d'Anastasia, fille d'Anastase Ier Dikoros et d'Aspidia.


De l'union de Maurice et Constantina sont issus :




  • Théodose (4 août 583 – après le 27 novembre 602) associé au trône le 26 mars 590 épouse la fille du patrice Germain ;

  • Tibère décapité le 27 novembre 602 ;

  • Pierre décapité le 27 novembre 602 ;

  • Paul décapité le 27 novembre 602 ;

  • Justin décapité le 27 novembre 602 ;

  • Justinien décapité le 27 novembre 602.


et cinq filles dont :



  • Anastasie (décédée vers 605) ;

  • Théoctiste (décédée vers 605) ;

  • Cléopâtre (décédée vers 605).

  • Marie (Miriam) épouse supposée de Khosro II, empereur sassanide, selon les Chroniques de Michel le Syrien.


Les têtes de Maurice et de ses fils sont présentées à Phocas qui les fit exposer à l'Heddomon. Quelques jours après, le corps de Maurice est déposé à Saint-Mamas ainsi que ceux de son épouse et de ses enfants et l'on grave sur leur tombeau une longue inscription.



Personnage de légendes et de l’épique balkanique |


Les premiers récits légendaires sur la vie de l’empereur Maurice sont constatés au IXe siècle dans l’œuvre de l’historien byzantin Théophane le Confesseur. Selon sa chronique (Chronographia), la mort de la famille impériale est décidée par une intervention divine ; le Christ a demandé a l’empereur de choisir entre un long règne sur son empire ou la mort et l’acceptation dans le royaume céleste. Maurice préférera le deuxième choix[2].


La même légende est rapportée par une courte hagiographie syriaque sur la vie de l’empereur, sanctifiée plus tard par l’église orthodoxe grecque[3]. Selon les auteurs syriaques, l’empereur demandait dans ses prières de recevoir un châtiment dans ce monde et une « récompense parfaite » dans le royaume des cieux. Le choix est proposé ici par un ange :



« (L'ange) le vit tandis qu'il faisait l'office et lui dit « Tu as fatigué Dieu par ta prière depuis longtemps. Tu demandes à Dieu et tu requiers de souffrir ici (bas) la punition du péché à cause duquel tu ne serais pas digne du degré parfait, et de ne pas être privé à cause de lui du bien parfait. Je puis te témoigner que tu as tel péché qui te prive du degré supérieur ; tu auras cependant part avec les saints. Si tu veux conserver ton royaume et la vie de tes enfants pendant longtemps, cesse d'adresser cette demande, et, à la résurrection, ta récompense sera celle des justes. Si tu veux la récompense la plus élevée et être puni ici-bas, voici quelle sera ta punition : « tu seras privé de ton royaume, tes enfants seront massacrés sous tes yeux et, à la fin, tes ennemis te brûleront. Choisis donc ce que tu veux[4]. »



Selon une autre légende du même texte, Maurice aurait aussi empêché une nourrice de substituer son propre fils à un de ses enfants et sauver ainsi du bourreau au moins un des héritiers de l’Empire[5].


Cette légende n’aura de cesse de s'amplifier dans les Balkans. Maurice est en fait le dernier empereur d’une dynastie illyrienne dont l’origine est dans le centre des Balkans, dans la ville de Justiniana Prima, et les peuples de la région se sont identifiés avec sa famille. Des auteurs roumains ont remarqué des parallèles entre les récits légendaires sur la mort du prince Constantin II Brâncoveanu, et les récits sur la mort de la famille impériale byzantine. Juste avant l’exécution, la nourrice tzigane du fils cadet de Brâncovan, remplace le jeune prince par son propre fils pour sauver au moins un héritier de la famille princière, et le souverain roumain refuse[6].


La proposition de l’ange à l’empereur pour choisir entre la vie en ce monde et la vie dans le royaume des cieux ainsi que le motif de la mort des neuf princes sont récurrents dans la tradition épique des montagnards albanais, monténégrins et bosniaques[7]. Le personnage central du Cycle des Kreshnik albanais, Gjeto Muji (Muji l’enfant trouvée), sa femme Ajkuna, ou Kuna, selon les chansons, reflètent pour les folkloristes albanais, les noms et l’histoire de l’empereur Maurice et sa femme Ælia Constantina. Les neuf Tibères sont remémorées dans les chansons albanais comme les neuf dibrans. De même, dans l’épopée monténégrine le prince légendaire Nahod Momir (Momir l’enfant trouvée) et sa sœur Grozdana se réfèrent a l’empereur et sa sœur Gordia. L’épithète épique « l’enfant trouvée » reflète l’épisode de l’adoption de Maurice par l’empereur Tibère, et par la dynastie impériale de Justin. Dans l’épopée bosniaque, l’empereur est appelé Mouio Tcarevitch (Mouio le fils de l’empereur)[7].



Notes et références |


  • Les détails de son règne nous sont connus au travers des « Histoires » de Théophylacte Simocatta.




  1. Edward Gibbon (trad. François Guizot), Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, t. 8, Paris, Lefèvre, 1819(lire en ligne), p. 342. Selon Gibbon, Maurice est monté sur le trône à l'âge de 43 ans et a commencé son règne le 13 août 582, d'où 539 = 582-43.


  2. (en) Theophanes (the Confessor) et Roger Scott, The chronicle of Theophanes Confessor: Byzantine and Near Eastern history, AD 284-813, Clarendon Press, 10 juillet 1997(lire en ligne) pp. 410.


  3. Commémoré le 28 novembre selon le Typikon de la Grande Église et le 28 août selon le Synaxaire palestino-géorgien, cf. Wortley J. « The legend of the Emperor Maurice », dans Actes du XVe Congrès International d’Études byzantines, (Athènes, 1976), tome IV, Athènes, 1980, pp. 382-391.


  4. F. Nau, Les légendes syriaques d'Aaron de Saroug, de Maxime et Domèce, d'Abraham, maitre de Barsoma et de l'empereur Maurice, Brepols, Turnhout, 1981(lire en ligne), p. 774-775.


  5. F. Nau, Les légendes syriaques d'Aaron de Saroug, de Maxime et Domèce, d'Abraham, maitre de Barsoma et de l'empereur Maurice, Brepols, Turnhout, 1981(lire en ligne), p. 776-778.


  6. A. Fochi, Cântecul epic …, pp. 104-105 ; Gh. Vrabie, Eposul popular românesc. Teme-motive, structuri poematice, Bucarest, 1983, pp. 227-229.


  7. a et b(sq) Gjergji Shuka, Tridhjetë Këngë Dhe Legjenda Ballkanike: Studim Mbi Origjinën Historike, Gjergji Shuka, 15 avril 2015(ISBN 9789928109866, lire en ligne), pp. 527-568.




Articles connexes |



  • Constantina

  • Phocas

  • Guerres byzantino-avares



Liens externes |



  • Les Huit livres de l'Histoire de l'Empereur Maurice


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